Gendarme amputé du bras : les confidences et poignants témoignages du père de Mohamed Ka dit Tony

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Mohamed Ka

Gravement blessé au cours des violentes manifestations du 5 mars dernier à Dakar, Mohamed Tony kâ dit Lamine, élément du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie nationale (Gign), a été amputé du bras. Même s’il est sorti de l’hôpital, c’est toujours la tristesse dans sa famille. En attestent les confidences faites par son père Kéba kâ.

Malgré la gravité de sa blessure qui a nécessité l’amputation de son bras, Mohamed Tony Kâ dit Lamine, membre du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (Gign), est sorti de l’hôpital. En effet, il a retrouvé les siens. Et sa famille, notamment son père Kéba Kâ, ne parvient toujours pas à oublier le drame survenu le 5 mars dernier, lors des violentes manifestations contre l’arrestation de Ousmane Sonko.

Tony est né d’un père originaire de Mbirkelane et d’une mère Thiessoise qui habite au quartier Nguinth. Son père Kéba Kâ le décrit comme un fils modèle, qui voue un respect immense à ses parents et une grande considération à ses frères. C’est fort de cela d’ailleurs qu’il leur a acheté une maison au quartier Arafat de Rufisque. Alors que sa mère vivait à Thiès et son père à Dakar, il tenu à les regrouper dans la maison de Rufisque où vivent également tous ses frères. Et c’est lui qui entretient cette grande famille.

«Si la mort s’était présentée, j’aurais sans hésiter préféré partir à sa place et le laisser avec la famille», déclare le père. Revenant sur l’accident, il révèle qu’il a eu l’information tardivement. Malgré la violence des manifestations, il n’avait jamais pensé que son fils allait y subir une aussi grave blessure. Bien qu’ayant eu écho qu’un gendarme était gravement blessé, il ne pensait pas que c’était son fils.

«C’est vers 22 heures qu’on m’a appelé au téléphone pour m’informer. Ce fut la plus longue nuit de ma vie. Je n’ai pas fermé l’oeil une seule fois jusqu’à l’aube. La famille était désorientée. C’est comme si la terre se dérobait sous nos pieds», raconte Kéba Kâ. Ainsi, le matin de très bonne heure, il s’est rendu à l’hôpital, mais n’a pas pu voir son fils qui était en réanimation.

«Cette situation était pesante et extrêmement difficile à supporter», dit-il. Ce n’est que plus tard qu’il a pu rencontrer son fils, qui était hors de danger. «Quand il m’a raconté les circonstances de l’accident, j’étais très fier de lui. Cela a fortement adouci ma douleur», dit-il.

A l’en croire, Mohamed Kâ était dans un blindé avec d’autres gendarmes. «A un moment donné, le véhicule était assailli par des jeunes usant de jets de pierres. Le chauffeur a freiné brusquement et ce fut le désordre dans le véhicule. C’est dans ces circonstances qu’une grenade s’est dégoupillée. Pour éviter qu’elle n’explose dans le véhicule, Mohamed s’en est emparé. Aujourd’hui, il s’est retrouvé avec un bras amputé, mais il a sauvé tous les occupants du véhicule d’une mort certaine. Si la grenade avait explosé dans le véhicule, on aurait assisté à une catastrophe», explique le père du jeune pandore qui, aujourd’hui, s’en remet à Dieu.

Toutefois, il révèle que son fils faisait partie du contingent qui devait rallier le Mali en janvier, dans le cadre du maintien de la paix initié par les Nations unies. Il n’a pas effectué le voyage pour des raisons de santé.

Un tournoi annuel porte son nom à Guinguineo

Mohamed Kâ a fait ses premières humanités à Thiès jusqu’au CM2. Cette année-là, avec l’accord de ses parents, il est allé passer les grandes vacances à Guinguinéo, chez Amadou Kogna Ndiaye, alors conducteur de train et chef de ligne au chemin de fer, ami inséparable de son père. Après les vacances, Amadou Kogna Ndiaye a décidé, à sa demande, de le maintenir à Guinguinéo.

Cela a coïncidé avec l’ouverture de la première école privée de la localité. C’est ainsi qu’il l’a inscrit dans cet établissement où il a fait la sixième. Mais c’est à Thiès qu’il a finalement décroché le Brevet de Fin d’Etudes Moyennes (BFEM). Inspiré et encouragé par son oncle maternel le Colonel Cheikh Tidjane Ndiaye, il est allé se faire recruter dans l’armée, avant de faire le concours d’entrée à l’Ecole de Formation de la Gendarmerie.
Mohamed Ka, renseigne son père, avait d’abord porté son choix sur la police, arguant que tous ses amis y étaient, mais c’est lui qui l’a convaincu de faire la gendarmerie.

Kéba Ka a été fortement touché par la grande mobilisation des populations de Guinguinéo dès l’annonce de la nouvelle. En effet, l’élément du Gign est très apprécié dans cette ville où il a passé sa jeunesse et où il jouait aux navétanes.

D’ailleurs, un tournoi qui porte son nom y est organisé chaque année par les jeunes. Et il tient chaque fois à présider personnellement la finale. Pourtant, il n’est pas de Guinguinéo. Il est né à Yeumbeul à Dakar à l’époque où son père travaillait à la Société Sénégalaise de Plastiques Africaines (SSPA). C’est sa générosité légendaire qui lui vaut le surnom de Tony, du nom d’un acteur de cinéma.

En effet, Mohamed Kâ, témoigne son père adoptif, est un homme prompt à s’endetter pour satisfaire quelqu’un qui lui a posé un problème. C’est son ami Mody Birame Ndiaye qui lui a collé ce surnom. A l’époque Mohamed Ka faisait dans la débrouillardise, pour avoir de quoi acheter le thé. Il était toujours le seul à accomplir cette tâche.
L’As

Source Leral

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