Organes de presse : Moussa Bocar Thiam se perd dans ses chiffres

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Combien d’organes ou d’entreprises de presse dénombre-t-on au Sénégal ? A cette question, les regards sont naturellement tournés vers le ministère de la Communication, tutelle de la presse. Mais après le passage à l’Assemblée nationale, lundi 20 novembre, du ministre Moussa Bocar Thiam, pour le vote du budget 2024 de ce département, il y a lieu de se demander si on peut réellement se fier à l’autorité quant au nombre exact voire approximatif d’entreprises de presse au Sénégal.
 
Devant les députés en séance plénière, le ministre a voulu dénoncer l’anarchie qu’il y a dans ce secteur. Ainsi, il a regretté le foisonnement de supports.  « Nous avons 491 radios, plus de 400 sites en ligne dont 54 enregistrés. Chaque jour paraissent 54 quotidiens dont 15 qui sont récemment nés et je leur demande de respecter la loi », fulmine-t-il. 

Pour manifester son indignation, le ministre ajoute : « Il faut que les gens apprennent à encadrer le secteur qui, je le rappelle, nécessite une application rigoureuse des règles qui le régissent ».
 
Pourtant, c’est ce même ministre qui, en travaux de commission, a donné des chiffres bien différents. 
 
Dans le rapport  de la commission, il est mentionné ces propos attribués au ministre. « S’agissant de la Presse, elle est régie par la liberté de création. C’est ce qui fait qu’il existe au Sénégal 45 quotidiens, plus de 300 sites d’information en ligne et plus de 300 radios communautaires ».
 
Se posent alors les questions suivantes : Y a-t-il 45 ou 54 quotidiens au Sénégal ? Existe-t-il près de 500 (491) radios communautaires ou alors 300?Compte-t-on plus de 300 sites d’information ou plus de 400 ? Les Sénégalais sont en droit d’attendre plus de rigueur de la part du ministre pour au moins des chiffres stables, même approximatifs.
 
En outre, le ministre demande aux ‘’gens’’ d’apprendre à encadrer ce secteur. C’est peut-être le moment de lui rappeler, et c’est regrettable que la presse et les députés l’aient oublié, qu’il avait sorti une note en décembre dernier pour demander aux entreprises de presse de se conformer à la loi. 
 
« L’entreprise de presse doit effectuer auprès de la Direction de la communication au plus tard le mardi 31 janvier 2023 les procédures suivantes : déposer la copie des actes constitutifs et notifier toute modification dans ses statuts, justifier d’un siège social au Sénégal; indiquer l’adresse exacte et les coordonnées téléphoniques + adresse email; justifier les expériences professionnelles de dix (10) ans du Directeur de publication et de sept (07) ans du rédacteur en chef. Le directeur de publication et le rédacteur en chef sont obligatoirement des journalistes », détaille le communiqué. 
 
Cela fait bientôt un an. Il doit donc rendre des comptes à l’opinion sur la suite de cette initiative.
 
En plus, le ministre a annoncé que 189 entreprises de presse ont bénéficié de l’appui à la presse. Si on suit la logique du ministre, les 189 entreprises sont en règle. Or, on n’a pas besoin d’être dans le milieu pour savoir qu’il n’y a qu’une poignée d’entreprises ‘’en règle’’, et encore !
 
Qui sont donc ces ‘’gens’’ censés réguler le secteur, si le ministre, non seulement fait montre d’un défaut de maîtrise des chiffres, mais surtout est le premier à encourager la pagaille en distribuant l’argent public sur une base que ne maîtrise ni les bénéficiaires, ni les représentants du peuple. 
 
 
 

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