Modou Diagne Fada sur la situation du pays « Le bilan de Macky est extrêmement mitigé »

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Président de LDR (les démocrates réformateurs Yessal), a été, ce samedi, l’invité du Grand Oral. Modou Diagne Fada a, sur la 97.5 Rewmi FM, fait le tour d’horizon de l’actualité nationale. Faisant le bilan du régime actuel, il a soutenu que le Président Sall doit mieux faire pour espérer un second mandat en 2019.(Morceaux choisis).

Pacte populaire de l’opposition proposé par Habib Sy ?

« On ne peut pas répondre du tic au tac si nous sommes partants ou pas. C’est une proposition qui est sur la table et qui dit l’unité de l’opposition. Au moment où nous parlons, il n’y a pas une autre proposition de l’opposition. Donc, nous pouvons en discuter. Mais en ce qui nous concerne, je voudrais me limiter aujourd’hui pour dire que c’est une bonne idée. Mais une idée à creuser. Une idée dont les contours doivent être définis et les détails aussi discutés entre les acteurs de l’opposition. Pour aller ensemble à la présidentielle, les avis sont partagés. Il y a des gens qui pensent qu’une seule candidature de l’opposition ne serait pas efficace. Parce qu’elle sera une candidature qui ne va pas mobiliser toutes les énergies. Par contre, trois à quatre candidats de l’opposition devraient pouvoir être plus conformes au contexte politique sénégalais, et peut-être s’engager éventuellement en ce qui concerne un deuxième tour. Mais comme je dis, toute idée qui va dans le sens de regrouper l’opposition dans le sens de l’unité de l’opposition est toujours une idée utile, mais c’est une idée à étudier par les partis de l’opposition ».

Avoir un candidat qui sort des primaires ?

« On ne s’est pas préparé techniquement, compte tenu des délais qui nous séparent de la présidentielle, à organiser des primaires démocratiques et transparentes. Je crois que dans certains pays comme la France qui ont cette habitude, il est souvent organisé des primaires pour désigner les candidats. Mais je crois que le fait de parler de primaires est déjà une idée assez novatrice, une idée assez révolutionnaire (…). Même si ce n’est pas pour cette fois-ci qu’on l’intègre dans notre culture politique. En tout cas, en ce qui concerne le parti que nous dirigeons, les démocrates réformateurs Yessal, nous avons inscrit dans nos textes la possibilité offerte à nos militants de choisir le candidat à l’élection présidentielle à travers des primaires ».

Les atouts de Macky pour espérer un second mandat ?

« Je ne veux pas être prophète et je ne le suis pas. Je ne peux pas me lancer dans des appréciations divinatoires. Mais, il faut analyser correctement les résultats des dernières élections législatives. Là au moins, c’est des constats, des faits. Il avait été élu avec 65% en 2012. Ne regardez pas le nombre de députés qu’il a obtenu parce que le système électoral étant ce qu’il est. Le mode de scrutin étant ce qu’il est dans notre pays et d’ailleurs comme je le dis souvent, c’est un mode de scrutin archaïque. On peut avoir 125 députés sur 165, mais se retrouver avec 49,47%. Ça a une signification et aujourd’hui, toute sa coalition réunie et formellement n’a que 49,47%. Cela veut dire que si nous étions à une élection présidentielle, il serait au deuxième tour. Mathématiquement, Macky Sall ne peut pas dire qu’il est à l’abri d’une défaite pour 2019. Et c’est ça qui est vraiment objectif. La vérité en politique peut avoir un sens. Mais en politique, il faut tenir compte de deux choses. D’abord la perception. Quelle est la perception que l’écrasante majorité que les 50,53% officiellement ont de son bilan ? Ce, malgré toutes les difficultés dans l’organisation pratique des élections. Deuxième éléments, c’est le contexte, c’est-à-dire est-ce que le contexte de 2012 et de 2017 sera le contexte de 2019 ? Et pour être objectif, le Président Sall a un bilan extrêmement mitigé. Je suis dans l’opposition et je ne veux pas être dans l’irréel, dans le subjectivisme, dans les critiques crypto personnelles. Je veux être un homme politique sérieux. Et il ne lui reste pas un grand temps pour corriger les errements, les erreurs, les imperfections, les manquements çà et là. Toutefois, je ne dis pas que son bilan est totalement négatif».

Financement des alliés du pouvoir ?

« Je suis un homme d’Etat et je ne révèle pas les secrets d’Etat. Donc, ne comptez pas sur moi pour vous dire ce que Wade faisait. Par contre, ce qui est clair, c’est que le financement des partis politiques est un problème politique et c’est un problème qui n’est pas encore réglé par notre démocratie et qui date de très longtemps. C’est un problème sur lequel le Sénégal est en retard par rapport à des pays comme le Burkina Faso, le Mali, la Cote d’ivoire. A tous ces pays qui ont commencé à voter dans la transparence et dans la démocratie après les conférences nationale. Au Sénégal, nous n’avons jamais connu de conférence nationale. Donc, aujourd’hui, on devrait rester en tête de peloton dans l’évaluation des systèmes démocratiques en Afrique de l’Ouest au moins. Mais, tout le monde sait que le Sénégal régresse parce que nous avons trop dormi sur nos lauriers. Ce qui fait que sur ces problèmes de financement des partis politiques, nous sommes en retard. En Côte d’ivoire, on donne de l’argent aux partis politiques sur des bases claires. On finance selon les résultats et les poids électoraux (…)».

L’affaire dite Mamadou Ndoye ?

« Moi, je suis pour un encadrement des fonds politiques. Je ne suis pas un démagogue. Je ne dis pas aussi que le Président de la République ne doit pas disposer de fonds politiques. Mais, ces fonds politiques-là ne doivent pas dépasser un certain montant et l’utilisation des fonds politiques doit être réglementée. On doit savoir quelles sont les activités, même si ça appartient au Chef de l’Etat. Même si un Chef de l’Etat en dispose de manière discrétionnaire, on doit l’encadrer. Non seulement on ne connaît pas le montant exact, mais aussi l’utilisation de ces fonds. On doit encadrer ces fonds qui sont des fonds publics qui appartiennent aux contribuables sénégalais. Il faut limiter aussi les fonds spéciaux ».

Vos rapports avec Macky?

« Je me rappelle, en 2015, on me reprochait d’être instrumentalisé par le Président Sall pour déstabiliser le Pds. Nous sommes en 2017 et 2 ans après, est-ce que Modou Diagne a bougé de là où il était ? Est-ce que ce ne sont pas ceux qui m’accusaient à haut et intelligible voix qui ont bougé de façon très claire ? La vérité finira toujours par jaillir. Ce qui pose problème à mes adversaires libéraux, c’est notre nouvelle forme de nous opposé. Nous appartenons à une certaine génération politique. Nous sommes des intellectuels, nous sommes cadres bien formés politiquement. Nous savons ce qui se passe en France, aux USA, en Allemagne et dans les pays les plus démocratiques du monde. Et nous nous inspirons de quelques-unes de leurs expériences positives pour essayer de voir comment remodeler l’échiquier politique au Sénégal. Le débat politique au Sénégal est très pauvre. Je n’ai aucun problème personnel avec Macky Sall. Nous nous connaissons très bien pour avoir fréquenté la même école politique ».

L’appel au dialogue est-il sincère ?

« Sincère, je ne sais pas. Mais en tous cas, le premier appel n’était pas sincère. Pour le premier appel, nous venions de former notre parti, nous avions reçu notre invitation tardivement et nous ne sommes pas partis. Car, nous savions que ce n’était pas sincère. Et ceux qui étaient partis, notamment mes cousins du Pds, quelle a été la suite ? Peut-être la libération de Karim Wade. Moi je ne parle pas de dialogue pour dépasser une situation politique ou un dialogue circonstanciel ou un dialogue qui a un intérêt politicien ou électoral. Moi, le dialogue qui m’intéresse est un dialogue franc, inclusif, qui évoque des questions d’intérêt national, pas nécessairement un dialogue qui va aboutir à un gouvernement d’union nationale. Ça ne doit pas être le seul objectif à rechercher dans le cadre d’un dialogue. Un dialogue, c’est pour parler de la santé, de la Casamance, de l’éducation, des financements des partis, etc. Et chaque parti vient avec ses propositions et au finish, qu’on ait un document consensuel ».

Sunugal 24.NET

 

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