Quelqu’un aurait-il trouvé le bouchon pour refermer la bouteille de ketchup ? Les adversaires de Cristiano Ronaldo en Ligue des champions le cherchent toujours cette saison. Il y a six ans, lorsqu’il avait dû s’expliquer sur une période de disette personnelle avec la sélection portugaise, l’attaquant du Real Madrid avait comparé l’efficacité en football à la fameuse sauce sucrée à base de tomate : « Les buts, c’est comme le ketchup : quand ils arrivent, ils viennent tous en même temps. » Illustrant insatiablement sa comparaison, voilà qu’il écœure les défenses adverses depuis septembre 2015 et le début de la plus prestigieuse des Coupes d’Europe.
16 buts
L’addition est salée et les chiffres donnent le tournis. Avant d’affronter, mardi 26 avril, Manchester City en demi-finale, Cristiano Ronaldo a déjà inscrit 16 buts en 10 matchs européens. Soit autant que tous les joueurs de City réunis durant la même période. Le meilleur buteur des Citizens, le Belge Kevin de Bruyne, en est, lui, à trois réalisations.
Sur la scène continentale, les statistiques dessinent une nette dépendance du Real vis-à-vis de son triple Ballon d’or. A lui seul, Ronaldo pèse presque deux tiers des buts de la « Casa Blanca » en Coupe d’Europe (61,5 % pour être précis). La performance se décompose ainsi : un quadruplé, deux triplés, deux doublés, deux matchs à un but chacun et trois matchs « vierges ». Si l’on ajoute ses quatre passes décisives, le Portugais est directement impliqué dans vingt des vingt-six réalisations de son équipe.
Cristiano Ronaldo pèse 61 % des buts de son équipe en Ligue des champions !
Parmi les quatre écuries encore en lice, aucune ne présente une attaque aussi dépendante d’un seul homme. Certes, le Français Antoine Griezmann a tout de même marqué 50 % des buts de l’Atlético Madrid (6 sur 12) mais son équipe est nettement moins prolifique. Les amateurs de ballon rond qui ne se contentent pas d’accumuler des données chiffrées auront beau jeu de souligner que le football ne se limite pas à aligner des statistiques individuelles. Ils ont raison. L’apport d’un Karim Benzema dans la fluidité collective du Real ne doit pas être sous-estimé, par exemple. Et pourtant.
En quart de finale, le 12 avril, lors du match retour face à Wolfsbourg, alors que les Madrilènes devaient remonter deux buts d’écart, c’est un triplé de l’inévitable Ronaldo et ses exploits individuels qui ont permis de renverser une situation bien compromise. Zinédine Zidane a eu beau vanter les mérites du collectif – « Cristiano a besoin de l’équipe. Il a besoin des autres pour faire ce qu’il fait. Je suis très content de ce que les joueurs ont fait ensemble », a déclaré le Français après la rencontre –, le buteur du soir venait d’offrir une démonstration de son importance décisive dans le jeu offensif de son équipe. Et peut-être, aussi, une preuve de plus que les résultats du Real sont souvent indexés sur les performances de sa star.
Ligue des champions : La folle « remontada » de Ronaldo et du Real Madrid :
Dès que Ronaldo inscrit un but en Ligue des champions cette saison, son Real s’impose (sept victoires en autant de matchs). Mais sur les trois rencontres durant lesquelles le Portugais est resté muet, le résultat final apparaît nettement plus incertain (une victoire, un nul, une défaite).
Trente-quatre matchs d’affilée en intégralité en championnat !
Ronaldo ne s’est pas économisé ces derniers mois. Sa contracture à la cuisse droite dans le temps additionnel d’un match plié face à Villareal (3-0), mercredi 20 avril, qui l’a empêché de jouer contre le Rayo Vallecano, samedi, a inquiété la presse espagnole. Et rappelé, au passage, une statistique hallucinante : en trente-quatre journées de championnat – pour 31 buts –, l’attaquant a joué 3 060 minutes. Sortez votre calculette, multipliez 34 par 90 et vous comprendrez : Ronaldo n’avait jusqu’alors pas raté une seule minute depuis le début de la saison de Liga (le temps additionnel n’est pas comptabilisé).
En Ligue des champions, les choses sont-elles différentes ? Pas vraiment. Le 17 février, lors du huitième de finale aller face à l’AS Rome, Zinédine Zidane l’a laissé souffler en lui demandant de rejoindre le banc pour se reposer, à la… 89e minute.
Hormis cet épisode, le Portugais a disputé l’intégralité des autres rencontres. En dix matchs européens, il a donc cumulé 899 minutes de jeu, plus que tout autre joueur de champ, devant Zlatan Ibrahimovic (880) et Antoine Griezmann (843). Il y a couru 92 637 mètres, soit plus de deux marathons.Ne faudrait-il pas le faire souffler un peu plus ? « Je ne sais pas pourquoi tout le monde veut l’économiser, a répondu Zidane aux journalistes, après l’annonce de la contracture à la cuisse de l’attaquant madrilèn (…) Il veut tout le temps jouer, tous les matchs. Il y a des joueurs qui ont besoin de souffler, c’était mon cas. Mais lui n’en a pas besoin. De temps en temps, d’accord, s’il en a besoin, mais lui n’en a pas besoin et c’est top comme ça. »
Mardi soir, Ronaldo devrait donc rechausser les crampons pour tenter d’affoler à nouveau les statistiques. Dans un coin de sa tête devrait trotter le record de buts (17) inscrits lors d’une seule édition de Ligue des champions et qu’il n’a pas encore battu. Un record qui appartient à un certain… Cristiano Ronaldo.