Face aux injures et aux contrevaleurs : quel legs pour nos enfants ? (Thierno Bocoum)

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La peur d’être critiqué, d’être insulté, de voir sa vie privée exposée au grand public, son image ternie par des contrevérités savamment orchestrées…, toutes ces peurs ont finalement beaucoup transformé notre société.

En face du danger, la peur pousse à la résignation, aux compromissions, à la fuite en avant…

L’injure est aujourd’hui devenu une arme que chaque belligérant cherche à utiliser contre son adversaire. Soit directement soit par le biais d’un professionnel attitré. Elle est devenue une épée de Damoclès supendue au-dessus des têtes, un instrument de chantage pour susciter la crainte et imposer l’omerta.

Le landerneau politique, le milieu du showbiz, celui des religieux…presque aucun secteur n’est épargné.

Pourtant il ne s’agit ni plus ni moins que d’un mal qui tombe sous le coup de la loi. Un mal dont le sort a été déjà scellé par le peuple qui en a fait, à travers ses représentants, un délit.

À la place d’une sainte-alliance pour trouver les moyens de faire payer leurs forfaitures, ceux qui les propagent, nous assistons à des démarches visant plutôt à la légitimation d’une telle pratique.

Finalement la question des vendeurs d’insultes et des maîtres-chanteurs est beaucoup plus préoccupante qu’on voudrait nous faire croire. C’est une question sociétale profonde dont il faudra mesurer la portée sur les générations à venir.

La jeunesse ne se sent pas heurtée par des refrains du genre « Baba Ndiaye ya d… digue ndakarou ».

Insulter son ami de père et de mère sans que cela ne soit source de conflit, abreuver d’injures sa progéniture pour des peccadilles devant toute une famille … , sont devenus monnaie courante.

Une société où l’insolence, l’indiscipline, le manque de respect…, sont tolérés et à la limite promus, il y a de quoi s’inquiéter.

Quand un président de la République qui devait faire la promotion des valeurs a la manie de recevoir ou de se photographier avec des professionnels de l’injure cela choque au plus haut point. Qu’il ait été au courant ou pas, en plus d’être un acte incompréhensible au regard de son rang, cela légitime davantage le fait délictuel.

Il est temps de remettre à leurs proportions de telles pratiques qui doivent être condamnées et sanctionnées conformément aux dispositions de la loi.

À l’intérieur du pays, le traitement deux poids deux mesures consacré aux insulteurs selon qu’ils appartiennent à un camp ou à un autre doit s’arrêter.

À l’extérieur du pays, des accords bilatéraux devraient permettre de sanctionner au niveau du territoire d’accueil, ceux qui s’attaquent à l’intégrité d’un pays d’origine ou à celle de ses ressortissants.

En outre, des accords avec les GAFAM doivent pouvoir consacrer le principe selon lequel « Ce qui est illégal hors ligne doit également être illégal en ligne » tel que consacré par le Digital Services Act ou règlement sur les services numériques qui est entré en vigueur le 25 août dernier. Un règlement qui vise à apporter une meilleure protection des internautes européens contre les contenus illicites, dangereux et préjudiciables.

Le Sénégal doit prendre les devants pour imposer un accord à l’échelle africaine afin de mieux maitriser les dérives sur les réseaux sociaux qui sont aujourd’hui préjudiciables à l’intégrité et à la dignité humaine.

Les parents que nous sommes, devons surveiller le legs ancestral. Nous devons veiller à ce que l’indiscipline, le manque de respect et l’injure publique demeurent des contrevaleurs et qu’ils quittent leurs rangs d’ascenseurs sociaux.

Thierno Bocoum
Président Agir

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