Une nouvelle étape vient d’être franchie dans l’escalade des tensions entre les États-Unis et l’Iran. Dans la nuit de dimanche à lundi, Téhéran affirme avoir lancé six missiles contre la base militaire américaine d’Al-Udeid, située au Qatar, en réponse aux frappes américaines contre des installations nucléaires iraniennes.
Une « réplique mesurée », selon l’Iran
L’information a été rendue publique par l’agence de presse officielle IRNA, qui cite un communiqué des Gardiens de la Révolution, le bras armé et idéologique de la République islamique. Le texte indique que « six missiles ont touché la base américaine d’Al-Udeid au Qatar », qualifiant l’opération de « riposte proportionnée » aux bombardements américains.
Le Conseil de sécurité nationale iranien a confirmé l’attaque dans un communiqué distinct, soulignant que le nombre de missiles tirés correspondait à celui des bombes utilisées par Washington lors des frappes menées quelques heures plus tôt contre des installations nucléaires sensibles en territoire iranien.
Doha dément toute atteinte : « attaque interceptée »
Dans un développement contradictoire, le ministère qatari de la Défense a rapidement réagi, déclarant avoir intercepté tous les missiles iraniens grâce à ses défenses aériennes, et assuré qu’aucune victime ni dégât majeur n’étaient à déplorer.
« Les défenses aériennes du Qatar ont intercepté avec succès une attaque de missiles visant la base aérienne d’Al-Udeid. L’incident n’a fait ni morts ni blessés », a précisé le ministère dans un bref communiqué.
La base d’Al-Udeid, située à proximité de Doha, héberge des milliers de militaires américains et est considérée comme un centre névralgique des opérations de l’US Air Force au Moyen-Orient.
Cet épisode marque une détérioration spectaculaire de la situation sécuritaire dans le Golfe. Si l’attaque est confirmée, ce serait l’une des rares fois qu’un État cible directement une base américaine sur le territoire d’un allié stratégique des États-Unis, en l’occurrence le Qatar, pilier du dispositif militaire occidental dans la région.
Les États-Unis n’ont, pour l’heure, pas encore réagi officiellement à l’annonce iranienne ni au communiqué qatari. Mais l’escalade semble bien amorcée, et les risques de confrontation ouverte montent dangereusement.
Ce regain de tension survient dans un contexte de blocage diplomatique total sur le dossier nucléaire iranien, à l’arrêt depuis la rupture de l’accord de Vienne par les États-Unis en 2018. Les récentes frappes américaines visaient selon Washington à freiner l’enrichissement d’uranium par Téhéran, jugé « à un niveau inacceptable ».
Du côté iranien, cette attaque est perçue comme un acte de guerre direct, justifiant une riposte sur le terrain militaire.
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Pour le Qatar, la situation est délicate. Alliée militaire des États-Unis tout en entretenant des relations diplomatiques relativement ouvertes avec l’Iran, Doha se retrouve au cœur de la tempête.
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Pour la région, le risque d’un conflit élargi devient plus que jamais réel, avec des répercussions possibles sur le marché pétrolier, la sécurité maritime dans le Golfe Persique, et les relations entre puissances régionales.
Ce qu’il faut surveiller dans les prochaines heures :
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La réaction officielle de Washington
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La vérification indépendante des dégâts (ou de leur absence) à Al-Udeid
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L’attitude des pays du Golfe face à une attaque sur leur sol, même déjouée
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Les prises de position du Conseil de sécurité de l’ONU
Une chose est certaine : cette nouvelle escalade ne laisse plus place à l’ambiguïté. L’axe Washington-Téhéran entre dans une zone de turbulences intenses, et la stabilité du Golfe pourrait, une fois de plus, basculer sous le poids de la logique de représailles.