Election américaine : la fortune de Donald Trump surévaluée ?

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Donald Trump est riche, très riche. Tout le monde s’accorde sur ce point. En revanche, il est peu de dire que le montant de sa fortune fait débat. Durant la campagne américaine, le nouveau président des Etats-Unis n’a cessé de répéter qu’il était assis sur un magot de plus de 10 Mds$ (9,1 Mds€). Pas par simple vanité, non, mais davantage par stratégie électorale : à plusieurs reprises, dans ses discours et ses communiqués, Trump a mis en avant cet argument pour souligner ses qualités de négociateur et de gestionnaire. Seulement, il lui est bien difficile de le prouver.

 

Le seul document officiel disponible à l’heure actuelle est sa déclaration financière personnelle, déposée en mai auprès de la commission électorale financière : 92 pages dans lesquelles le magnat de l’immobilier présente l’ensemble de ses actifs financiers, sans jamais préciser leur valeur exacte. Nous n’avons seulement droit qu’à des — énormes — fourchettes. Illustration : ses golfs sont évalués « entre 5 et 25 M$ » ou « au-dessus de 50 M$ ».

 

Un manque de précision qui a poussé plusieurs médias spécialisés à s’intéresser de près à la question. Tous affirment que le montant de la fortune de Donald Trump est bien inférieur à ce qu’il prétend. En septembre dernier, « Forbes » l’a estimé à « seulement » 3,7 Mds$ (3,3 Mds€, voir infographie), précisant qu’il en avait perdu 800 millions (734 M€) depuis 2015. Le groupe financier Bloomberg estime quant à lui la fortune du nouveau locataire de la Maison-Blanche à 3 Mds$ (2,7 Mds€). Enfin, Donald Trump a également passé sous silence l’ampleur des dettes accumulées par ses compagnies, estimées à 650 M$ pas une investigation menée par le « New York Times ». Et qui dit dettes dit créanciers : le quotidien américain évoque notamment la Bank of China, pays que Trump qualifiait régulièrement d’ennemi commercial des Etats-Unis, ou encore la banque d’investissement Goldman Sachs, dont l’un des anciens employés — Steven Mnuchin — est favori pour le poste convoité de secrétaire du Trésor.

«On ne connaît pas l’ampleur et la nature de ses liens financiers»

KATHLEEN CLARK, PROFESSEUR DE DROIT À LA WASHINGTON UNIVERSITY

 

Qui va gérer cet empire pendant le mandat de Trump à la Maison-Blanche ? La famille du président. La Constitution ne prévoit aucune interdiction à condition de ne percevoir aucun émolument autre que ceux de la présidence. Mais cette situation pose d’autres questions. Car la Maison-Blanche n’a jamais été occupée par un businessman aussi fortuné, dont le nom est indissociablement attaché à son empire économique. D’autant plus que celui-ci n’est pas coté en Bourse, laissant par conséquent quelques zones d’ombre.

 

Une situation qui ne manque pas d’inquiéter les spécialistes sur de potentiels risques de conflit d’intérêts : « On ne connaît pas l’ampleur et la nature de ses liens financiers, affirme à l’AFP Kathleen Clark, professeur de droit à la Washington University. On ne sait pas à qui il doit de l’argent, et devoir de l’argent est un lien financier bien plus significatif qu’un investissement. »

 

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Quand Trump refuse de publier sa déclaration de revenus

Depuis 1976, tous les principaux candidats à la Maison-Blanche ont rendu publique leur déclaration de revenus. Une tradition américaine que Donald Trump a décidé de rompre. En mai dernier, alors qu’il n’était pas encore investi par le Parti républicain, le businessman a tout simplement refusé de publier sa feuille d’imposition, lui qui revendiquait avoir gagné 557 M$ en 2015. « Cela ne vous regarde pas », avait-il déclaré sur la chaîne ABC. Avant de reconnaître : « Je me bats très dur pour payer le moins d’impôts possible […] car ce pays gaspille notre argent. » Mais Trump a également précisé qu’un contrôle fiscal en cours — qui pourrait durer des années — l’empêchait de rendre sa déclaration publique.

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