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Affaire des 91 milliards F CFA : les raisons stratégiques du report de la demande de liberté provisoire de Farba Ngom

Dans le feuilleton judiciaire à forts enjeux qu’est devenue l’affaire dite des 91 milliards de francs CFA, chaque geste procédural est minutieusement calculé. Contrairement aux apparences, le report par les avocats de Farba Ngom du dépôt de leur demande de liberté provisoire ne relève ni de l’improvisation ni d’un simple contretemps. Il s’agit plutôt d’un choix stratégique mûrement réfléchi, dicté par le tempo judiciaire et la nécessité de sécuriser leurs chances face à une procédure particulièrement sensible.

Selon Les informations , les conseils du maire des Agnams avaient initialement envisagé de déposer, dès la veille, une nouvelle requête aux fins de liberté provisoire. Mais les robes noires ont préféré temporiser, attendant d’abord l’issue de leur recours devant la Chambre d’accusation, saisis pour contester l’ordonnance du juge d’instruction du Pool judiciaire financier (PJF) ayant précédemment rejeté une première demande.

Ce choix procédural s’explique par une logique juridique implacable. Au moment même où Farba Ngom comparaissait dans le bureau du magistrat instructeur dans le cadre de l’information judiciaire liée à ce vaste dossier financier — dont Tahirou Sarr est présenté comme l’accusé principal — la Chambre d’accusation examinait la légalité et le bien-fondé du refus antérieur de liberté provisoire. Déposer une nouvelle requête avant cette décision aurait exposé la défense à un rejet quasi automatique, au motif que le recours était encore pendant.

Comme anticipé par les avocats, la juridiction d’appel a confirmé la décision du juge d’instruction, maintenant ainsi Farba Ngom sous le coup de la détention préventive. Une fois cette étape franchie, le terrain était alors juridiquement « nettoyé », permettant à la défense de revenir avec une nouvelle demande, affranchie de toute contradiction procédurale.

Dans le même temps, Farba Ngom a de nouveau été entendu. D’après Les Échos, l’audition s’est déroulée sans tension particulière du côté du juge d’instruction, qui ne l’aurait pas longuement retenu. C’est surtout le procureur financier, présent à l’audience, qui a multiplié les questions. Des interrogations auxquelles l’élu a répondu avec constance, maintenant une ligne de défense ferme.

Face aux soupçons de rétrocommissions qui irriguent ce dossier tentaculaire, Farba Ngom a catégoriquement nié toute pratique illicite. Il a juré qu’aucune rétrocommission n’a jamais été évoquée ni versée entre lui et Tahirou Sarr, précisant que leurs relations se limitent strictement à des transactions foncières régulières.

Une version corroborée par l’homme d’affaires lui-même, entendu plus tôt par les enquêteurs. Tahirou Sarr a affirmé n’avoir jamais eu besoin de consentir des avantages financiers occultes au maire des Agnams dans le cadre de ses relations avec l’État, rejetant ainsi l’idée d’un pacte corrupteur.

Dans ce dossier aux ramifications politiques, économiques et judiciaires sensibles, la prudence de la défense apparaît donc comme une nécessité plus qu’un luxe. En différant leur demande de liberté provisoire, les avocats de Farba Ngom ont choisi d’attendre le moment le plus opportun, conscients que, dans une affaire de cette envergure, la bataille se joue autant sur le fond que sur la maîtrise rigoureuse de la procédure.

Mariata Beye pour sunugal 24

 

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