COÛT REEL DE L’AIBD : Retour sur un carnage financier

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Bienvenue Blaise ! L’enfantement a été certes douloureux. Le nom du père toujours polémique, comme celui de l’homonyme. Mais enfin le bébé est là. EnQuête s’interroge sur son coût aussi controversé. Initialement prévu pour un coût De 227 milliards de F CFA, il aura fallu un investissement de   plus de 400 milliards de F CFA pour qu’AIBD puisse décoller enfin.

L’éléphant blanc dont parlait Ousmane Tanor Dieng, alors tout puissant ministre directeur de cabinet du président Abdou Diouf, est devenu une réalité concrète. Très controversé à l’origine, le nouvel aéroport du Sénégal sera inauguré aujourd’hui. Mais Blaise Diagne, flambant neuf, a coûté au contribuable les yeux de la tête. Déjà, des voix bien au fait du déroulé du projet réclament un audit financier pour élucider le coût réel de l’infrastructure. ‘’Elle a coûté beaucoup plus que 500 milliards F CFA. Dans un pays normal, les corps de contrôle s’en seraient automatiquement saisis pour faire la lumière. Je me demande quel est le rôle de la Cour des comptes, mais surtout de l’Inspection générale d’Etat. On a de plus en plus l’impression que ce sont des organes qui ne sont là que pour le règlement de comptes. Il est temps que ces fonctionnaires s’intéressent à la gestion des deniers des Sénégalais. Cet aéroport a coûté beaucoup plus que les montants avancés’’, fulmine ce cadre de l’aéronautique.

L’aéroport international Blaise Diagne de Diass est sans doute l’un des projets les plus ambitieux de l’histoire du Sénégal. Mais que le chemin de sa construction fut périlleux et jalonné d’embûches. L’Etat, dans sa ‘’folie de grandeur’’, n’a pas lésiné sur les moyens. Initialement prévu pour un coût de 227 161 782 250 F CFA, le projet, d’avenant en avenant, a largement dépassé le prix fixé dans le contrat signé avec Saudi Bin Laden Group. Abdoulaye Mbodj, directeur général de la société, récemment invité sur le plateau de la TFM, confirme : ‘’Le coût global de cet aéroport est fixé à 407 milliards F CFA. Les 303 milliards constituant le coût des installations proprement dites, le reste concerne d’autres frais dont les intérêts relatifs aux prêts et à la rémunération de certains intervenants0.’’

Ce chiffre sur la valeur financière des installations cache bien des vérités si l’on en croit nos sources. Un de  nos  interlocuteurs, documents à l’appui, soutient plutôt que, rien que sous la gestion de SBG, le coût des installations était de l’ordre de 299 437 515 000 F CFA minimum, soit une hausse de plus de 72 milliards par rapport au montant initial. Le contrat de ladite entreprise a été résilié en 2014, remplacé par les sociétés turques de Limak et Summa.

Le délai de construction  a été multiplié par 4

Mais avant de quitter les terres de Diass, la Saoudienne s’est bien sucrée sur le dos des Sénégalais. Six ans durant, elle s’est jouée des autorités et des deniers sénégalais. Pourtant son contrat, signé le 3 avril 2007, était initialement prévu pour une durée de 33 mois, le temps que devait prendre la construction de l’aéroport. Finalement, le délai a été multiplié par 4. L’infrastructure n’a pu être livrée que 128 mois après. Plusieurs raisons sont évoquées par les experts pour justifier ce grand retard. Parmi elles, un problème de management, des problèmes financiers, une mauvaise gestion des ressources, une planification défaillante, un manque de personnel technique clé et de moyens matériels… Des manquements chèrement payés par le Sénégal, alors que bien souvent, ils étaient imputables au maître d’œuvre, selon les spécialistes. Se basant sur la convention avec SBG, ils donnent les détails de ces avenants.

Nous sommes le 07 juillet 2010. Les Saoudiens demandent la signature d’un 2ème avenant, le premier n’avait pas entraîné une majoration du prix. Cet avenant N°2 était motivé par la présence dans le sous-sol de Diass de cavités pouvant compromettre la stabilité de la piste. Outre cet écueil, il y eut également le retard dans la libération de certaines entreprises, le retard dans la signature du FLT (financement à long terme), des modifications apportées au projet, ainsi que le rajout de certains ouvrages hors scope. Quoi qu’il en soit, cet avenant a entraîné une augmentation de l’ordre de 47 285 906 850 F CFA, portant ainsi le coût à 274 447 689 100 F CFA. Par la même occasion, le délai est passé de 33 à 47 mois.

Quelques mois plus tard, l’entreprise revient à la charge et réclame un autre avenant. C’était le 17 juin 2011. Cette fois-ci, Saoudi Bin Laden Group réclame plus de 41 milliards. C’est ainsi que le coût a été porté à 301 206 304 750 F CFA.

Le pistolet sur la tempe, la marge de manœuvre des autorités sénégalaises était très faible face aux Arabes. Ces derniers en usaient et abusaient. Ils se sont montrés sans pitié.

L’avenant de trop

2012 arrive. Me Abdoulaye Wade et son régime quittent le pouvoir, Macky Sall et son équipe s’installent. C’est dans ce contexte que les Saoudiens, boulimiques, ont réclamé, le 5 février 2013, la signature d’un autre avenant d’un montant de près de 45 milliards. C’en était trop ! Les nouvelles autorités se rebiffent et initient le processus de résiliation du contrat.

Des négociations sont entamées entre les parties et aboutissent à une rupture dont les tenants et les aboutissants restent méconnues du peuple sénégalais. Ils restent aussi flous que les modalités ayant conduit le choix des Turcs. Combien ont investi ces derniers depuis 2016 ? Combien a été dépensé pour l’indemnisation des personnes déguerpies ?… Autant de questions qui restent en suspens.

 

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