Au Mali, la junte protège ses soldats à tout prix

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Alors que les soldats français de Barkhane quittent le Mali, la junte au pouvoir multiplie ces dernières semaines les déclarations sur les avancées militaires contre les groupes jihadistes. Dans le même temps, les accusations d’exactions à l’encontre de ses soldats se multiplient.

“La présence de Wagner au Mali c’est quoi ? Des exactions et la limitation des libertés publiques”. Interviewé sur France 24 mercredi 30 mars, le ministre français des Affaires étrangères Jean Yves le Drian a, de nouveau, fustigé la présence de miliciens russes du groupe Wagner au Mali auprès des forces nationales, et dont la junte au pouvoir est selon lui l’”otage”.

Ces derniers mois en effet, des témoignages relayés par plusieurs médias, dont RFI et France 24, ainsi que l’organisation humanitaire Human Rights Watch, accusent l’armée malienne, ainsi que des combattants blancs, soupçonnés d’appartenir au groupe russe Wagner, d’exactions commises contre des civils dans plusieurs régions du Mali. Ce serait actuellement le cas à Moura, village du centre du pays, dans la région de Mopti, assiégé par l’armée et des combattants russes. Des accusations en nombre, jugées “préoccupantes” par l’ONU mais rejetées par la junte, qui nie toute présence de miliciens russes et dénonce une tentative de déstabilisation des forces armées maliennes (FAMa).

Le 16 mars, dans un communiqué, la junte malienne annonce la suspension de France 24 et RFI, accusés de “fausses allégations” d’exactions commises par l’armée malienne. Une décision qui fait suite à la publication par RFI d’un reportage en deux parties contenant des témoignages de civils narrant des pillages et exécutions sommaires commises par les soldats maliens, parfois accompagnés de blancs, non francophones, suspectés d’appartenir à Wagner.

Dénonçant “la volonté criminelle de journalistes” visant à “semer la haine”, la junte oppose un rejet catégorique à “ces allégations contre les vaillantes FAMa”. Le communiqué précise qu’il est désormais interdit aux médias maliens de publier ou partager des contenus des deux médias français, qui appartiennent au même groupe.

Un mois plus tôt un autre media français avait été visé par la junte, Jeune Afrique, dont l’envoyé spécial Benjamin Roger avait été arrêté, le 6 février, puis expulsé moins de 24 h après son arrivée sur le sol malien. Lui aussi travaillait sur le rôle des miliciens de Wagner auprès des forces maliennes. Son enquête, publié le 18 février, se fait l’écho de leurs méthodes “brutales” et “expéditives” sur le terrain qui ont “tendance à désinhiber” les FAMa.

Pourtant, depuis les premières rumeurs de la signature d’un contrat entre la junte malienne et la milice Wagner, rapportées en septembre 2021 par Reuters, Bamako nie farouchement toute présence de mercenaires russes sur son sol. Seul des instructeurs russes sont présents au Mali et ces derniers ne participent aucunement aux combats, insiste Bamako.

Interviewé sur RFI le 17 février, Fousseynou Ouattara, le vice-président de la commission Défense du Conseil national de transition (CNT), fustige une “manipulation pure et simple” orchestrée de toute pièce pour décrédibiliser l’armée malienne. “Est-ce que vous avez le nom des Maliens qui témoignent de cela ? Vous savez dans certains villages, la situation est telle que si vous donnez de l’argent à un Malien, un pauvre qui souffre, il vous dira tout ce que vous voulez” assène-t-il au micro de David Baché

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