Alioune Tine sur la situation au Mali : «La violence s’est répandue si rapidement qu’elle met en péril la survie même de l’Etat»

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Alioune Tine sur la situation au Mali : «La violence s’est répandue si rapidement qu’elle met en péril la survie même de l’Etat»
Présent à la 49ème session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, l’expert indépendant Alioune Tine, est préoccupé par le niveau de violence et juge “préoccupante” la situation des droits humains au Mali. Dans un rapport, il s’inquiète des exactions imputées aux djihadistes mais aussi aux forces régulières, ainsi que des restrictions des libertés sous la junte au pouvoir.
 
“La situation des droits de l’Homme est restée préoccupante”, a dit devant le Conseil de droits de l’Homme des Nations unies, Alioune Tine, expert de l’Onu sur la situation au Mali.
 
Les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique et d’autres groupes extrémistes “ont continué à procéder à des assassinats ciblés, des enlèvements, des actes d’intimidation, des menaces de mort, l’imposition de taxes illégales (la Zakat), des activités criminelles liées à l’orpaillage illégal” a détaillé l’expert cité par le Quotidien.
 
“Le Mali est en situation de survie”
 
Ces groupes sont responsables de 57,20% des atteintes aux droits humains, a-t-il précisé en présentant un rapport portant sur une période allant de mars à fin décembre 2021.
 
Mais il s’est aussi déclaré “gravement préoccupé par les allégations faisant état des violations sérieuses” des droits humains et des droits humanitaires imputés aux forces régulières maliennes. Il a fait état d’accusations d’exécutions sommaires, de disparitions forcées ou d’actes de torture.
 
Il est “également préoccupé par les arrestations et détentions arbitraires continues” dans les services du Renseignement, “où des personnes auraient été torturées”.
 
L’État islamique dans le grand Sahara multiplie les attaques dans la région de Gao
 
Alioune Tine a exprimé ses “profondes préoccupations par rapport au rétrécissement de l’espace civique” dont se plaignent la société civile et une partie de l’opposition. Il a spécifiquement cité la décision de la junte mi-mars de suspendre la diffusion au Mali des médias publics français RFI et France 24. Les autorités leur reprochent la diffusion d’informations selon lesquelles l’armée malienne est impliquée dans des exactions contre des civils.
Dans la foulée , Il a souligné que “réfuter en bloc” les mises en cause avant d’avoir mené des enquêtes “risque de faire peser le doute sur l’engagement international des autorités maliennes en matière de droits de l’Homme et leur volonté politique de lutter contre le cancer de l’impunité”.
 
Il a admis “des lenteurs” dans les enquêtes, mais “cette situation n’est pas le fait d’un manque de volonté politique mais plutôt le résultat de contraintes d’ordre sécuritaire et matériel”. Il conclut  sur la  disparition des services de l’État et de l’insécurité sévissant dans des régions comme le centre, un des principaux foyers de la violence.

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