Par un vent de plus en plus chargé de scandale, l’enquête sur les 125 milliards de francs CFA de transactions suspectes, révélées par un rapport explosif de la CENTIF, prend une tournure pour le moins troublante. Mandatée par le juge du premier cabinet du Pool judiciaire financier (PJF), la Division des investigations criminelles (DIC) a procédé à une série de perquisitions dans plusieurs sociétés rattachées à des figures bien connues de l’écosystème politico-économique sénégalais : Farba Ngom, député influent et proche du pouvoir, ainsi que Tahirou Sarr, homme d’affaires à la réputation sulfureuse.
Selon des informations exclusives , les enquêteurs ont entamé leurs investigations sur les sièges de SOFICO et du Groupe immobilier suisse, deux entités légalement liées à Tahirou Sarr. Ces premières visites ont ouvert la voie à une série de découvertes qui interrogent, déroutent, voire dérangent.
Mais c’est en se rendant à l’adresse supposée abriter SCP Haba et SCP Doworou, sociétés officiellement attribuées à Farba Ngom, que la surprise fut totale. Le bâtiment, situé dans un quartier stratégique de Dakar, logeait en réalité… des agents de l’ambassade des États-Unis. Aucun signe d’activité commerciale liée aux entités citées. Une coïncidence ? Ou un camouflage aussi audacieux qu’inattendu ?
Le parcours des enquêteurs les a ensuite conduits à Derklé, pour vérifier l’existence de Kantong Investment Sasu, entreprise enregistrée au nom d’Ismaïla Ngom, frère de Farba Ngom. Là encore, nouvelle anomalie : l’adresse était tout simplement introuvable.
Même constat d’opacité à la rue Félix Éboué, où devait se situer le siège de Méga Plus Suarl, également citée dans le rapport de la CENTIF. Le local, censé héberger la société, ne correspondait en rien à l’adresse inscrite au registre du commerce au moment de sa création.
Ces perquisitions, si elles n’ont pas encore livré toutes leurs conclusions, laissent entrevoir un système tentaculaire fait d’entités fantômes, d’adresses fictives et de stratégies d’opacification dignes des plus complexes montages financiers. Si la DIC n’a pas officiellement communiqué sur les pièces ou documents saisis, le simple fait que plusieurs des entreprises concernées semblent évoluer dans un brouillard administratif suffirait à alimenter les soupçons.
En toile de fond, l’affaire met au défi la capacité de l’État sénégalais à tracer les flux financiers suspects et à faire tomber les masques, même lorsqu’ils couvrent des visages proches du pouvoir.
Un dossier à suivre, entre révélations progressives et pressions silencieuses, dans un Sénégal où la transparence semble désormais vouloir prendre sa revanche.
Mariata beye pour sunugal 24