VIOLENCES DOMESTIQUES : LE NOMBRE DE VICTIMES AUGMENTE CONSIDÉRABLEMENT !

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Ça chauffe au sein des familles du fait de l’augmentation des cas de violences domestiques. “Beaucoup de femmes en état de détresse” se sont rapprochées ces six derniers mois de Solidarité active, une organisation communautaire de base, qui travaille particulièrement sur l’autonomisation économique des femmes, l’éducation des filles et la protection des femmes et des filles. La présidente madame Sobel née Mame Diarra Bousso Ndiaye, fait le point à emedia, de la campagne ’’Seuyan’’ menée dernièrement. Et à l’occasion de laquelle, belles-mères, brus et belles-sœurs ont été confrontées. Attention, il y a de l’électricité dans l’air tellement les relations sont tendues. Quid des époux ? Quelles conséquences chez les enfants ? Préciser que la période coïncide avec le confinement décrété en raison de la Covid-19 et ses nombreux dégâts économiques. Entretien !

 

Pourquoi ’’Seuyan’’ ?

“’’Seuyan’’, c’est une campagne de sensibilisation et d’alerte, qui fait partie de nos programmes de protection de la femme. Au niveau de solidarité active, nous recevons beaucoup de femmes en état de détresse. Particulièrement cette année, durant ces six derniers mois, on a vu le nombre de victimes qui venaient d’habitude au niveau de solidarité active pour demander de l’aide augmenter d’une façon vraiment considérable. Disons qu’il est pratiquement passé au double. Et la plupart des cas sont relatifs à des violences domestiques. Contrairement à ce qu’on pense quand on parle de violences faites aux femmes, on pense à un homme qui bat une femme ou un homme qui viole une femme ou une fille. Mais ces genres de violences-là, sont des violences psychologiques, et aussi mentales, verbales, qui peuvent mener à des états de dépression. Et à une certaine pression mentale. On en reçoit beaucoup. Et quand les cas ont commencé à augmenter, on s’est dit pourquoi ne pas lancer l’alerte parallèlement à l’appui psychologique qu’on donne aux femmes. Parce qu’on a des volontaires, des psychologues ou bien juste des coaches en développement personnel, qui sont là pour parler aux victimes. Mais là, on s’est dit que ce sont des problèmes sociaux que nous avons l’habitude de garder pour nous, et que pour une première, on devait mener cette campagne pour montrer ce qui se passe réellement au niveau des maisons. Au-delà des maris, ce qui se passe avec les belles familles.”

Est-ce que vous avez des chiffres ?

“Je n’ai pas de chiffres mais on en a beaucoup. Disons qu’on n’a pas la capacité technique de suivre des milliers de femmes. Actuellement, on ne suit pas cent femmes au niveau de Solidarité active. Parce qu’on n’a pas les moyens d’en suivre plus. Mais il y a aussi beaucoup de femmes que nous recevons mais qu’on ne prend pas en charge. On les oriente vers d’autres structures.”

Ces victimes, elles viennent de quelles localités du Sénégal ?

“Elles viennent de Dakar, de certaines régions aussi. Par exemple, il y a l’une de nos collègues, il y a quelques mois, qui a eu à héberger une femme qui venait de Dakar. Parce qu’elle a été orientée, et elle était vraiment en état de détresse. On a beaucoup de cas venant de la banlieue dakaroise, tout comme du centre-ville. Disons que c’est des catégories différentes : des femmes au foyer, d’autres qui travaillent. En tout cas, c’est des maux qui touchent beaucoup de femmes.”

Quelles sont les relations les plus tendues : Est-ce entre l’épouse et les sœurs du mari ou entre belles-mères et brus ?

“C’est des relations d’influence. Par exemple, entre la mère et sa fille, souvent, elles entretiennent des relations étroites. Les filles qui sont les belles-sœurs, elles ont une certaine influence envers leur maman. Ce que nous avons constaté, c’est que souvent même si la maman est de bonne foi, et qu’au début, elle veut bien faire, si la relation ne marche pas entre l’épouse et la belle-sœur, (cette dernière) a tendance à influencer sa maman. Du coup, la maman et sa fille ont tendance à se liguer, c’est un terme assez péjoratif, mais cela se passe comme ça entre l’épouse qui vient s’ajouter à la famille, d’où le terme ’’Seuyan’’. Ça, c’est des relations assez complices, et la relation est d’autant plus complexe entre l’épouse, la belle-sœur et la belle-mère, parce que la belle-mère est là, c’est l’autorité de la famille, c’est la maman du mari. En tant qu’africaine, sénégalaise, et je pense même que c’est une pensée universelle, on doit séduire notre belle-mère, être accepter par elle si on veut que notre relation avec notre mari soit des meilleures. Souvent, ce n’est pas toutes les belles-mères mais il y en a qui ne facilitent pas cela. Elles considèrent l’épouse comme une rivale. Parce qu’elles ont du mal à accepter qu’une autre femme vienne prendre leur place auprès de leur fils.

Entre belles-sœurs, c’est souvent la même génération. Et beaucoup de femmes (épouses du frère) ont du mal à se laisser maltraiter par leurs égales, souvent en âge ou en statut. Et ce qu’elles pardonnent aux belles-mères, elles ont du mal à pardonner ça aux belles-sœurs. Donc, c’est ce qui fait que là aussi, c’est souvent un peu complexe.”


Et les maris dans tout ça, sont-ils responsables ou au contraire doit-on les plaindre ?

Par rapport aux époux, c’est encore beaucoup plus complexe. Parce qu’on ne peut pas choisir entre sa maman et sa femme. Souvent, il est mal placé. Dans cette campagne-là, nous avons eu beaucoup de soutien des hommes, ceux qu’on appelle les ’’he for she’’, qui sont des hommes naturellement engagés pour la cause des hommes, mais aussi des hommes qui sont venus soutenir la cause de la campagne parce qu’ils s’y retrouvent. Ils sont vraiment dans cette situation-là. Par exemple, on a un témoignage d’un homme qui a dit que son premier mariage a été un échec à cause de la relation que sa femme entretenait avec sa mère et ses sœurs. Il croyait que c’était son épouse qui ne faisait pas l’effort, et il l’a répudiée. Maintenant qu’il est à son deuxième mariage, le scénario se reproduit, et es mêmes problèmes se reproduisent. Donc, il s’est rendu compte que c’était plus complexe que ça. Maintenant, il ouvre les yeux sur beaucoup de choses. C’est quelqu’un qui a été très actif dans la campagne. Souvent, les épouses en veulent à leur mari parce qu’elles se sentent délaissées face aux maltraitances psychologiques et verbales qu’elles subissent. Elles veulent être protégées, pas qu’il (le mari) se dresse contre sa maman et ses sœurs, mais leur faire savoir raison garder.”


Comment les enfants vivent cette situation ?

“Les enfants sont impactés à différents niveaux. Dans une famille où les adultes ne s’entendent pas et qu’il y ait des violences verbales et mêmes physiques, les enfants assistent à ces scènes néfastes à leur développement psychologique et émotionnel. L’autre fait, c’est souvent des relations qui mènent à des cas de divorce, et un enfant ne peut pas être stable dans une famille disloquée. C’est pourquoi, nous demandons aux différentes parties prenantes dans cette situation-là, qu’on considère que ce sont les belles-mères, les belles-sœurs, les époux et les belles-filles, de faire des efforts mutuels pour se préserver et préserver les enfants.”


Quelle sera la suite de la campagne ?

“Là, la campagne, c’était la première étape. Nous avons allons vers la publication d’un livre blanc qui sera produit par différents acteurs, et après, on continue la sensibilisation. On renforce l’appui des femmes. Et là, ce qu’on voudrait faire, c’est harmoniser les efforts des organisations de défense des droits des femmes pour pouvoir donner plus d’appui en plus de soutien concrets aux victimes. Nous allons aussi soumettre un livre de plaidoyer aux différentes structures compétentes pour l’ouverture de maisons d’accueil dans les régions. Parce qu’on s’est rendu compte que beaucoup de femmes souffrent parce qu’elles n’ont autre choix que de rester. Si on lui offre la possibilité de choisir entre son bien-être et l’oppression, aucune ne choisira l’oppression. On tend vers ces activités-là. Car on continue de recevoir beaucoup de femmes même après la campagne. On continue aussi à faire appel à des bénévoles pour leur offrir un accompagnement psychologique”.

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