« Un jour nous ne tuerons plus de mouton de Tabaski », (Par Mary Teuw Niane)

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À Singapour au Huber’s Butchery and Bistro, on sert un succulent plat de poulet aux pâtes à 8000 Fcfa. C’est un des rares endroits au monde où il est possible de manger de la viande artificielle.
On parle ici de viande cultivée.

La viande cultivée est une des avancées de la biotechnologie.
Il n’est plus besoin d’élever un animal puis de le tuer pour jouir de sa viande.
Grâce à des cellules recueillies, multipliées dans des cuves puis démultipliées dans des bio-réacteurs, on obtient toutes les viandes désirées et en quantités suffisantes.

Tous ceux qui se plaignent de la souffrance des animaux dans les élevages industriels sont satisfaits ainsi que ceux qui sont atterrés par la manière dont ils sont tués.
Le premier hamburger artificiel produit à Londres revenait à 280 000 euros soit 183 millions de francs CFA. Aujourd’hui ces coûts sont de l’ordre de 13 euros 8500 FCFA.

Bientôt, dans quelques décennies, la viande cultivée deviendra moins chère et plus abondante que la viande animale.
Se posera alors les questions : que vont faire les éleveurs familiaux? Que vont devenir les employés des entreprises de la chaîne de valeur de l’élevage ?

En effet, la possibilité de cultiver de la viande s’étend aussi à la possibilité de cultiver toutes les dérivées de l’élevage comme le lait, le beurre, etc.
C’est donc une grande révolution culturelle et des usages qui se prépare.
Les obstacles des autorisations de production et de vente ne sont pas encore levées aux USA et en Europe. Ils le seront sans aucun doute bientôt.

Ce pose alors la question essentielle: cette capacité technologique sera-t-elle la propriété exclusive des multinationales propriétaires des brevets comme c’est le cas des OGM, des médicaments, etc.?
Dans ce cas une partie essentielle de l’alimentation humaine mondiale sera entre les mains de quelques multinationales des pays riches, de quelques milliardaires qui pourront utiliser la nourriture comme la pire des moyens de chantage que l’humanité a connu.

Nos pays ont un besoin vital de s’approprier ces sciences et technologies nouvelles qui bouleversent le monde jusqu’à notre nourriture.
Notre souveraineté alimentaire passera aussi dans les décennies à venir dans l’utilisation de ces avancées scientifiques et technologiques pour assurer une bonne alimentation à chaque Sénégalaise et à chaque Sénégalais.
Un jour, dans plusieurs décennies, lorsque l’élevage aura disparu, il n’y aura plus de moutons d’élevage.
Les fêtes de Tabaski seront à réinventer car il n’y aura plus de bélier à tuer.

Heureusement, l’Islam dispense celui qui n’a pas de mouton d’en tuer un lors de la Tabaski.
Je vous souhaite un excellent week-end sous la protection divine.

Prof Mary Teuw Niane*

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