Trafic présumé de passeports diplomatiques: Un an de prison requis contre Limamoulaye Seck et ses coprévenus

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L’affaire du trafic de faux passeports diplomatiques débusqué au ministère des Affaires étrangères a été appelée à la barre du Tribunal militaire de Dakar. Le parquet a requis un an de prison ferme contre les six prévenus, dont deux gendarmes et quatre civils.

Mais devant le juge, certains d’entre eux avaient nié les faits d’association de malfaiteurs, trafic de migrants, complicité de faux et usage de faux en écriture privée et faux dans un document administratif pour lesquels ils sont poursuivis. Ainsi, désigné comme le cerveau, Limamoulaye Seck a confié qu’il gagnait 500.000 F Cfa pour chaque passeport. Son rôle se limitait à recevoir les cartes d’identité des concernés et ensuite il récupérait le passeport auprès de l’adjudant-chef Bâ. « On n’a pas une relation particulière. On me demandait souvent de lui remettre de l’argent », s’est-il notamment défendu, à la barre, soulignant, que même l’ancien international sénégalais Kara Mbodj a bénéficié de ces passeports.

Pour sa part, Badara Samb, qui se proclame volontaire au ministère des Affaires étrangères, a déclaré s’être rapproché de Limamoulaye Seck lorsque des individus l’ont sollicité. « Je lui ai soufflé qu’il y avait la possibilité de se faire de l’argent en délivrant des passeports diplomatiques à des citoyens qui donnaient 3, 4 jusqu’à 5 millions F Cfa », a-t-il déclaré. Non sans confirmer les propos de Cheikh Ibn Samb. Cet agent aux Affaires étrangères a, de son côté, indiqué que son co-prévenu l’a intégré dans le réseau. « Il m’a dit qu’il avait la possibilité de sortir des passeports diplomatiques. Il m’avait demandé de l’informer si j’avais des clients. Comme il était mon devancier, je l’ai cru. On n’a pas fixé de montant. Il m’a juste dit que j’aurais quelque chose sur chaque passeport », a-t-il admis.

Quant à Ali Ndao, il a fait savoir qu’il a reçu 500.000 FCfa sur les 4,5 millions F Cfa. Un montant que la dame Marème Bà déclare lui avoir payé pour un passeport qui était à son nom et non à celui de la femme du directeur de Dubai port word.

Entendus, les deux gendarmes ont, eux aussi, clamé leur innocence. L’adjudant-chef Mamadou Lamine Bà a déclaré qu’il n’intervient qu’à la fin du processus.

« J’appelle les gens à qui on doit délivrer les passeports après avoir reçu l’ordre. C’est après validation que mon travail commence. J’envoie les documents aux affaires étrangères et j’appelle les intéressés pour leur dire de se présenter aux affaires étrangères. J’interviens en dernier ressort. Je ne reconnais pas avoir reçu de l’argent. Dans le cadre de mes activités professionnelles, si quelqu’un est content parfois il me donne 50.000 FCfa ou 100.000 FCfa », se défend celui qui était assistant de l’aide de camp du chef de l’Etat. Il poursuit : « depuis 2016, je ne fais que mon travail. Je n’ai jamais appelé quelqu’un pour lui proposer un passeport. Je pensais que l’argent provenait des autorités. Je ne pouvais pas imaginer qu’il provenait de mes co-détenus. Limamoulaye se faisait passer pour une autorité et je ne saurai vous dire combien de fois il m’a envoyé de l’argent ».

Le gendarme Assane Ndione a également confirmé avoir reçu des sommes d’argent « pour service rendu. »

L’agent judiciaire de l’Etat (Aje) a demandé que les intérêts civils de l’Etat soient réservés. « Nous ne savons pas le nombre de passeports qui ont été confectionnés et le préjudice subi », a-t-il regretté.

A l’issue des débats d’audience, le parquet a requis une peine d’un an ferme contre tous les prévenus, notamment deux gendarmes et quatre civils.

Ils seront édifiés sur leur sort le 25 novembre prochain, date retenue pour le délibéré. En attendant, ils restent en prison. La demande de liberté provisoire introduite par l’avocat d’Assane Ndione a été rejetée.

Avec Le Soleil 

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