Le gouvernement sénégalais a décidé de suspendre provisoirement l’exploitation de plusieurs carrières de sable situées dans la région de Dakar, notamment sur la bande des filaos. Une mesure qui, bien que motivée par des impératifs environnementaux et réglementaires, a déclenché une flambée des prix du sable et suscité de vives réactions dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP).
La décision, annoncée conjointement par les ministres de l’Environnement et des Mines, vise à répondre à plusieurs préoccupations :
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Protection de l’environnement : Deux carrières de sable marin, localisées sur la bande des filaos — une zone forestière classée — ont été fermées pour prévenir la dégradation de l’écosystème côtier.
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Lutte contre les exploitations frauduleuses : De nombreuses carrières fonctionnaient sans autorisation ou en dehors des normes établies, causant un manque à gagner estimé à 500 millions FCFA par an pour l’État.
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Régulation du secteur : Le ministère des Mines a signalé un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande de sable, alimenté par les grands chantiers d’infrastructure du pays.
La conséquence directe de cette suspension s’est fait sentir sur le marché : le prix du sable a quasiment triplé en quelques semaines. Un camion de 16 m³, autrefois vendu à 60 000 FCFA, s’échange aujourd’hui entre 120 000 et 150 000 FCFA. Les fournisseurs doivent désormais se rendre jusqu’à Tivaouane ou d’autres zones éloignées pour se réapprovisionner, ce qui alourdit les coûts logistiques.
Les acteurs du bâtiment dénoncent une mesure brutale, prise sans consultation préalable. De nombreux chantiers sont ralentis, voire à l’arrêt, faute de matière première. Les entreprises appellent à un dialogue rapide avec les autorités afin de trouver un compromis entre protection de l’environnement et continuité des activités économiques.
La suspension devrait ouvrir la voie à une refonte globale de la gouvernance des carrières au Sénégal. Le gouvernement envisage la mise en place d’une commission d’audit pour passer en revue les autorisations en cours, tout en travaillant à un nouveau cadre réglementaire. Le président de la République a récemment insisté sur la nécessité d’un système plus transparent, équitable et durable.
La suspension est présentée comme une mesure conservatoire. Aucun calendrier n’a pour l’instant été annoncé quant à une éventuelle reprise des activités dans les carrières concernées. Les professionnels du secteur, tout comme les consommateurs finaux, restent donc dans l’incertitude.
L’évolution de cette décision pourrait redéfinir durablement les politiques d’exploitation des ressources naturelles au Sénégal. Elle pourrait également servir de modèle pour d’autres secteurs confrontés à la même tension entre développement économique et impératifs écologiques.