Rétro 2019 : des joies et des larmes, du bonheur, de la tristesse…

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L’année qui s’écoule a été riche en évènements, sur le plan social. ‘’EnQuête’’ vous fait revivre les points les plus saillants qui ont marqué l’actualité de ces douze derniers mois.

Les routes de l’hécatombe. Hier jeudi, la chaussée a fait 3 morts sous la passerelle, en face du stade Lss. Qu’elles soient terrestres, maritimes ou aériennes, les routes ont encore fait parler leur létalité. Et les accidents sur les routes et autoroutes sénégalaises consolident chaque jour un peu plus leur caractère d’urgence sociale. A un trimestre de la fin d’année, les statistiques font s’hérisser les poils.

De janvier à octobre 2019, la Brigade nationale des sapeurs-pompiers a enregistré 517 morts, 23 146 victimes dont 22 629 assistées sur un total de 13 778 accidents de la route sur l’ensemble du territoire national.

La mer a aussi tué. Le 17 septembre, le chavirement d’une pirogue a endeuillé le Sénégal, avec la disparition de 4 personnes dans le Parc national des îles de la Madeleine (Pnim). Voulant rejoindre la côte dakaroise après une journée d’excursion, les vacanciers, mais surtout les piroguiers du Pnim ont bravé un orage imminent avant que l’embarcation ne chavire après quelques mètres en mer. Les conditions d’organisation des secours seront encore plus déplorables, puisque les 35 rescapés ont été obligés de passer la nuit sur l’ilot Sarpan pour n’être acheminés que le lendemain à l’hôpital Principal de Dakar.

Une dizaine de jours plus tard, c’est l’armée sénégalaise qui est durement touchée après un crash aérien. L’accident a eu lieu à Bangui (République centrafricaine). Quatre militaires sénégalais faisant partie de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Centrafrique (Minusca) ont trouvé la mort dans le crash d’un hélicoptère de l’armée sénégalaise.

Par ailleurs, les pêcheurs ont aussi payé un lourd tribut à la mer, dont 3 sont morts après un coup de foudre en pleine mer, en début septembre. Pendant l’hivernage, la foudre a justement rappelé aux autorités centrales que ses victimes ne sont pas uniquement dans l’intérieur du pays, en frappant Dakar en plein cœur et y faisant une quinzaine de victimes.

Femmes, silence on vous tue !  Les Unes de la presse écrite ont rivalisé d’imagination, ce lundi 20 mai, à l’annonce des conditions du meurtre de Bineta Camara à Tambacounda, tuée deux jours plus tôt. Dans un premier temps, le gardien de la maison, M. Diop, aimante les soupçons et la vindicte populaire avant que l’opinion ne découvre, abasourdie, le véritable auteur de ce féminicide crapuleux survenu en plein ramadan. P. A. Fall, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est ami proche de la famille et a même aidé à ériger les tentes pour la cérémonie de deuil et lancé des messages vocaux sur WhatsApp en signe de compassion, après la tuerie. D’après les éléments de l’enquête, il a vraisemblablement tenté d’abuser sexuellement de sa victime qui lui a opposé une farouche résistance avant que ses pulsions meurtrières ne prennent le dessus. Il a été perdu par son téléphone et les derniers appels qu’il a passés à sa victime, et qui ont permis aux enquêteurs de vite remonter sa trace.

Une deuxième quinzaine de mai 2019 extrêmement fatale aux femmes, puisque le même weekend, le cadavre d’une femme non-identifiée est retrouvée dans un entrepôt abandonné du marché de Ouakam. Dans le même temps, Coumba Yade, 18 ans, décède sous les coups de son compagnon M. S. Baldé au quartier Hersent (Thiès) après un abus sexuel. Trois cas emblématiques de plusieurs autres féminicides. Le 28 mai, les organisations féminines organisent une marche au cri de ralliement ‘‘Dafa doy !’’. Une pression qui paie apparemment, puisqu’en novembre, en Conseil des ministres, le président sénégalais prend l’initiative de criminaliser le viol, et la pédophilie, dont la peine maximale est actuellement de 10 ans. Si le projet de loi aboutit, la réclusion criminelle à perpétuité sera le plafond.

Aida Diallo, la femme qui voulait devenir khalife à la place du khalife. Le khalife général des mourides en colère qui fait une sortie vidéo pour lancer ce qu’on peut qualifier de ‘‘fatwa’’. C’est extrêmement rare dans une confrérie mouride connue pour l’extrême soumission des disciples aux consignes (‘’ndiguel’’) du guide. La veuve de Cheikh Béthio Thioune, Aida Diallo, aura réussi à faire sortir Serigne Mountakha Mbacké de ses gonds. Au cœur de cette affaire, l’héritage laissé par feu Cheikh Béthio Thioune, décédé le 7 mai 2019 : le khalifat du mouvement thiantacoune. Le fils de ce dernier, Serigne Saliou Thioune, est pressenti pour l’occuper, quand une ‘‘dissidence’’ est menée par la 3e épouse du défunt, Sokhna Aida Diallo, qui en réclame le leadership.  Reçue entre quatre murs par le khalife général des mourides qui l’en dissuade, le 20 octobre, elle a manifestement passé outre, puisque Serigne Mountakha fera sa fameuse sortie vidéo le jour suivant, menaçant d’excommunier la veuve du cheikh. Cette dernière sera exfiltrée dans la foulée de Ngabou, par peur de représailles. A ce jour, elle n’a pas expressément renoncé au khalifat dans une confrérie (et dans la religion musulmane) où l’orthodoxie prohibe tout leadership féminin.

Massalikoul Jinaan, œuvre utile.  Heureusement pour la communauté mouride et pour la Oumma islamique toute entière, il y a eu ‘‘Les voies du Paradis’’, traduction française de ‘‘Massalikoul Jinaan’’. Si on en parle, c’est qu’elle a été nommée après la plus grande mosquée de l’Afrique de l’Ouest, le 27 septembre. Une réalisation grandeur nature en plein cœur de Colobane, ouverte en grande pompe devant plusieurs milliers de fidèles, donnant à Dakar des airs de Magal avant l’heure. L’œuvre a été réceptionné par le khalife général des mourides qui a également réussi l’exploit de réconcilier le président Macky Sall à son prédécesseur Abdoulaye Wade.

Le commissaire Sangharé et l’outrage à pharmacien. A la mi-août, le chef du commissariat d’arrondissement des Parcelles-Assainies a voulu se procurer une injection dans une pharmacie (Tetavax) vendue uniquement sur prescription médicale. Devant le refus du pharmacien Cheikhouna Gaye, une altercation puis des empoignades opposent les deux hommes. Le policier appelle alors ses éléments en renfort pour s’occuper de cet effronté qui lui a tenu tête. Par chance, la vidéosurveillance de la pharmacie a tout filmé. La presse et les réseaux sociaux s’en emparent et ‘‘sauvent’’ le pharmacien. Bara Sangharé s’en tire avec une vive polémique avant d’atterrir, quelques semaines plus tard, à la tête de la Sûreté urbaine.

Il a été plus chanceux que le gendarme Tamsir Sané, le commandant de la brigade de Koumpentoum, dans la région de Tamba (Est) tué dans la matinée du vendredi 26 juillet par des malfaiteurs lourdement armés et qui voulaient attaquer une agence de Postefinances de la localité.

Le Sénégal à la croisée des trafics. L’invasion de la poudre blanche. C’est la douane qui annonce des saisies importantes de l’ordre de 238 kg de cocaïne, mercredi 26 juin 2019, au môle 1 du Port autonome de Dakar, dissimulés dans quatre véhicules. Trois jours plus tard, une saisie d’anthologie s’ajoute à leur palmarès, avec 798 kg de la même substance, saisis au même endroit et suivant le même procédé de dissimulation, dans quinze véhicules cette fois-ci. Ceci sans compter les nombreuses saisies dans d’autres subdivisions des douanes à Fatick ou à l’est du pays.

En novembre, c’est au tour de la marine nationale d’annoncer 1 260 kg de drogue saisie avant que le chiffre ne soit considérablement revu à la baisse (700 kg), escamotant une quantité de 500 kg, selon le journal ‘‘La Tribune’’. ‘‘Je peux vous assurer que la drogue, on l’incinère. A chaque fois que nous procédons à des saisies de drogue, on l’incinère en présence de la presse nationale’’, déclare le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye à la plénière de l’Assemblée nationale en décembre.

Jeudi dernier, alors qu’il a annoncé l’organisation du combat de lutte Modou Lô-Ama Baldé, le promoteur Luc Nicolai est rattrapé par les démons de l’affaire de la drogue au Lamantin Beach et a rejoint la prison depuis, pour tirer ce qu’il lui reste des 5 ans de peine. Pour ne rien arranger, une autre ‘‘célébrité’’, le député de la majorité Seydina Fall ‘‘Boughazelli’’, tombe pour une histoire de faux billets. Interpellé le jeudi 14 novembre, il a été relâché malgré la flagrance du délit, qui a rendu inopérante son immunité parlementaire, et devait revenir le lendemain. Il ne se présentera que cinq jours plus tard, le mardi 19 novembre. Une garde à vue lui sera notifiée le jour suivant.

Ça décoiffe à Jeanne d’Arc ! L’institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) de Dakar démet partiellement le voile ce printemps. Une controverse qui (re) nait sur les feux mal éteints d’une polémique qui a surgi l’année d’avant. La direction de cette école privée catholique, appartenant à la Congrégation des sœurs de Saint-Joseph de Cluny qui opère dans 57 pays, s’est faite plus ferme qu’en 2018 : interdiction totale du port du voile (islamique) à ses pensionnaires. Le tollé est général, et le clivage des positions entrainent des déclarations radicales. Le khalife général des tidianes demandera même la fermeture de l’école. Finalement, le jeudi 12 septembre, après moult entrevues entre direction d’Isja, parents d’élèves et ministère de l’Education nationale, tout est bien qui finit un peu bien. Les 22 élèves concernées rejoignent les salles de cours avec la tenue de l’établissement ‘‘assortie d’un foulard de dimensions convenables, fourni par l’établissement et qui n’obstrue pas la tenue’’, selon les termes de l’accord. Un accord qui ne satisfait personne et laisse une question en suspens : l’interdiction du port du voile sera-t-elle totale, en septembre 2020 ?

Talibés Ndiagne, la République maltraite ses enfants. On est au XIXe siècle et des enfants sont encore mis aux fers au Sénégal, à Ndiagne exactement (Louga). Deux petits apprenants d’une école coranique ont été victimes de maltraitances physiques, enchainés par leur maitre Cheikhouna Guèye, les soupçonnant de vouloir fuguer. Malgré la gravité de l’acte, le juge a rendu, en début décembre, un verdict d’apaisement, suivant partiellement la requête du procureur : 2 ans de prison dont 3 mois avec sursis. Ceci, au vu des vives tensions qui ont suivi l’emprisonnement du marabout provoquant le saccage des locaux du tribunal de grande instance de Louga, lors d’une audience précédente, le 28 novembre. Une affaire qui aura exposé au grand jour les divergences nettes dans l’opinion sénégalaise sur un fait de société qui s’est révélé plus fréquent et plus sensible qu’on ne le pense.

 ‘‘Aliou Sall, sunu 400 mille !’’. Le maire de Guédiawaye doit maudire en secret l’auteur de cette boutade désormais devenue slogan populaire en juin. Il doit également maudire sous cape la journaliste de la Bbc Mayeni Jones, autrice de l’enquête ‘‘Un scandale à 10 milliards de dollars’’. Un document qui a révélé les secrets inavoués des détails du contrat sur le gisement gazier de Saint-Louis. Si le document a confirmé des soupçons de conflits d’intérêts entre le frère du président et Frank Timis, il a éventé les détails plus intimes du contrat d’Aliou Sall à Pétro-Tim : 25 mille dollars mensuels pendant 5 ans et la promesse des actions d’une valeur de 3 millions de dollars dans les sociétés de son employeur Frank Timis. Les détails du contrat de redevances avancent que Bp, qui a racheté les parts de Timis Corp., versera entre 9 et 12 milliards de dollars à Frank Timis. Une montant qui, converti en francs Cfa, équivaut à environ 6 000 milliards. La protestation populaire a vite fait le calcul, où chaque Sénégalais percevrait 400 mille F Cfa de cette manne, d’où ‘‘Aliou Sall, sunu 400 mille’’.

L’affaire connaitra d’autres développements ultérieurs, comme la démission de M. Sall de la Caisse des dépôts et consignations, la renaissance de la contestation civile et le renvoi d’El Hadj Hamidou Kassé de la communication de la présidence de la République.

Ndiaye, patronyme de l’année ; Guédiawaye, ville première. Ils ont pour sobriquets ‘’Ndiaye Dragon’’, ‘’Ndiaye Dibi’’, ‘’Ndiaye Illimix’’, ‘’Ndiaye Mater’’. Leur point commun est assez évident. Ils ont tous Ndiaye comme patronyme. Enfin, sauf le premier qui s’appelle en réalité Seydi Diallo et qui est celui par lequel les railleries sont arrivées. Témoignant avec un aplomb déconcertant, suite aux inondations à Hlm Las Palmas, en septembre, il soutient avoir ‘‘entendu un dragon’’ dans un ravin. Les réseaux sociaux s’en emparent et Ndiaye en devient presque iconique. Dans la foulée, le tradi-praticien Serigne Bassirou Ndiaye avouera réaliser le miracle d’avoir présenté un plateau de dibiterie à son épouse qui en a fait l’exigence à une heure tardive, d’un claquement de doigt. Ce qui lui a valu le quolibet de ‘’Ndiaye Dibi’’.

Quant à ‘’Ndiaye Illimix’’ et ‘’Ndiaye Mater’’, Serigne Mbacké Ndiaye et Souleymane Ndiaye respectivement, leur dévotion toute nouvelle et extrême au président Macky Sall leur vaudra cette moquerie des internautes. Le premier a osé théoriser un mandat illimité en faveur de Macky, en pleine polémique sur un éventuel troisième mandat ; le second a exigé des pouvoirs publics qu’ils matent les organisateurs des rassemblements populaires contre la cherté de l’électricité. Quant au département de Guédiawaye, il a abrité trois des grands pensionnaires qui ont fait parler d’eux cette année : Aliou Sall, Seydina Fall ‘’Boughazelli’’ et… Ndiaye Dragon.

Ousmane Laye Diop

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