Report des législatives de 28 jours : l’opposition intelligemment piégée

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Le Président de la République, Président de l’APR et autorité politique de la majorité présidentielle Benno Bokk Yakaar, a eu la présence d’esprit de laisser les Cassandre du jeu politique et même certains analystes politiques se hasarder à un report entre novembre et décembre 2017 ou 2018 des Législatives.

Pour l’Opposition, la tenue de ces Législatives allait être improbable, même au mois de Juillet. Mais, initialement prévues le 02 Juillet 2017, le Président de la République les décale de moins d’un mois. Avec intelligence et ruse, il fait tomber l’opposition dans un terrible guet-apens, marquant un sagace coup politique avant le déroulement du combat.

L’opposition harponnée dans ses paradoxes

Jusqu’au lendemain de sa marche avortée en Octobre 2017, l’opposition s’est montrée incapable de s’unir. Macky Sall en est conscient. Non seulement cette opposition est un bloc bloqué, mais elle a tout d’une sauce gombo. Elle est bariolée, bigarrée, hétéroclite et confuse. Naturellement, Mack Sall la pousse à une totale dispersion de ses forces et leur impose une impossibilité de communion pour une liste unique.

La preuve est la nature même de cette opposition. Elle est composée d’un ancien Président du Sénat et de l’Assemblée nationale, d’anciens Premiers ministres, d’anciens Ministres d’Etat, d’anciens Ministres et d’anciens Députés, membres du Bureau de l’Assemblée nationale et d’anciens Maires défaits. Les ambitions personnelles des uns et l’égocentrisme des autres, en raison de leurs parcours institutionnels, en font l’antithèse de l’unité. Personne n’a confiance en en personne. Chaque chef de parti se définit en détenteur absolu de légitimité pour que tous se rangent derrière lui. Chacun contrôle chacun et surveille tout le monde. Voilà le problème de l’opposition !

Certains y brandissent la probabilité d’une liste unique. Mais la tenue des Législatives rend toute liste unique chimérique, étant impossible. Les mois qui séparent la prise de décision présidentielle et la tenue des Législatives ne donnent pas le temps d’un dialogue, d’une concertation et d’une élaboration diligente et équitable en vue d’aller ensemble aux Législatives.

Cette situation empresse l’opposition, surtout les partis qui disposent de structures communales, départementales et régionales. Ces partis doivent impérativement prendre en compte ceux qui les y incarnent en les associant à toute discussion. Mais Macky Sall disperse déjà les forces de toute l’opposition en émiettant ses chances d’entrer massivement à l’Assemblée nationale. Et l’enjeu est aussi grand pour la majorité présidentielle.

Benno Bokk Yakaar, survivre ou disparaitre

Devant une opposition en voie d’être affaiblie, la majorité présidentielle n’a pas seulement à assurer sa force parlementaire aux Législatives. Elle doit impérativement et amplement incliner la balance électorale en sa faveur. Une présence même dispersée de l’opposition peut lui être fatale. Plusieurs députés de partis différents, appartenant à l’opposition, peuvent aboutir à des alliances contextuelles qui ne feraient aucun cadeau à Macky Sall et à ceux qui se réclament de lui.

Les Législatives sont une question de survie politique. Chaque chef de parti devrait, avant toute investiture, prouver son poids électoral. Déjà des partis puce composent largement Benno Bokk Yakaar, avec des chefs de formation politique qui ont vite déserté le champ politique dès leur accès à des sinécures de PCA ou Ministres Conseillers.
Si une dynamique unitaire et lourde ne constitue pas un avant-goût pour les Législatives, Macky Sall sera obligé de nettoyer sa majorité politique, advienne que pourra. La liste nationale ne devrait pas être l’asile de certains chefs de partis politiques. Chacun doit avoir une base départementale ou régionale et la prouver.

La non consolidation de la majorité présidentielle aura pour conséquence la disparition de Benno Bokk Yakaar et l’avènement d’une autre coalition qui pourrait même intégrer des inattendus. Les Législatives du 30 Juillet 2017 sont donc un enjeu politique aussi bien pour Macky Sall que pour l’opposition dont certains leaders sont dans l’obligation de faire triompher amplement leur parti ou de prendre une retraite.

Une liste unique lui est impossible d’ici le 30 Juillet. Elle est tombée dans l’encolure du Macky avec un blocage de ses chances de faire la différence aux Législatives par une entrée triomphale, pesante et compacte à l’Assemblée nationale. Mais pour Macky Sall, ce sera un présage de ce que sera la Présidentielle de 2019.
Mais l’enjeu est plus grande pour l’opposition exsangue de leader charismatique et unitaire animé d’une témérité politique qui ne le fait jamais détaler face à des forces de l’ordre qui interdit, sur instruction, une marche ou manifestation publique.

Le Piroguier

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