Renée Mendy, (BBC Londres) « il y a encore des efforts à faire concernant le leadership féminin »

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Amoureuse des médias depuis sa tendre enfance, Claire Renée Mendy embrasse son rêve avec passion. Journaliste à la BBC Londres, Claire Mendy pour les intimes porte une attention particulière à l’existence et aux conditions de vie des femmes sans distinction de couleur de la peau. Une idée qu’elle matérialise avec son magazine en ligne Femmes au Pluriel ou FP. En tant que défenseure de la cause féminine, elle pense que l’émancipation de la femme connait des avancées à l’exception des contrées en proie à des conflits.

Interview

Comment avez-vous fait pour rejoindre l’équipe de BBC Londres

Je suis arrivée à BBC, il y a un an et demi.  J’avais envie d’intégrer ce média qui me fascine. Je regardais avec mon père les émissions de la bbc. J’ai su par le biais d’un ami qu’ils cherchaient des journalistes qui avaient mon profil, qui connaissent très bien l’Afrique et comme c’était une période où j’avais envie de revenir sur Londres. J’ai envoyé mon CV et on m’a répondu, puis on m’a proposé de passer deux jours en compagnie d’une des équipes qui recrutaient. La semaine d’après, je me suis retrouvée à Londres, au siège pour travailler avec une équipe sur BBC infos et puis de fil en aiguille, quelques jours après, ils m’ont proposé de faire le BBC académie puisqu’il y a plein de manières d’être journaliste, moi j’avais fait la radio et la télé, mais en tant que présentatrice et beaucoup de presse écrite.  Donc il fallait réapprendre le montage, apposer sa voix… J’ai appris un nouveau métier de journaliste c’est à dire, ce qui est de la production d’un journal télé de 15min et c’était passionnant.

Comment faites-vous pour gérer votre carrière professionnelle et votre vie de famille

C’était difficile au début, quand j’avais de tout-petits enfants, parce que ça demandait une organisation. Aujourd’hui mes enfants ont grandi. J’ai une fille qui est au lycée et un garçon qui est en deuxième année dans une grande école: il est étudiant. Du coup, ils se gèrent. Evidemment, ils ont toujours besoin de maman, surtout la plus jeune. Mais la priorité sera toujours ma famille, mes enfants. Pour moi, le journalisme est un métier passion, j’aime beaucoup mon métier, mais cela ne me définit pas. Je préfère être définie comme une femme, une mère plutôt qu’en me disant que je ne suis qu’un métier!

Vous êtes la fondatrice du magazine en ligne Femmes au Pluriel, comment est née l’idée ?

L’idée m’est venue il y a un peu plus six ans. ça faisait déjà plus d’une vingtaine d’années que je travaille dans la presse et je me disais qu’il manquait un magazine. je pensais directement au webzine et pas au magazine papier, parce que je pensais déjà à l’époque que l’internet est l’avenir. je connaissais très bien la presse écrite et je n’avais pas les moyens d’imprimer un papier, de payer les journalistes et surtout de me faire diffuser… Je savais que c’était beaucoup plus exorbitant et je trouvais que tous ces magazines étaient très monochromes. Les magazines de femmes noires ne parlaient que des femmes noires, les magazines européens ne parlaient que des femmes blanches etc. On ne pouvait pas passer de l’un à l’autre sans que cela soit bizarre. Je me disais qu’on avait en tant que femme, en tant que mère, en tant qu’épouse plus de points d’ancrage et de ressemblance. Du coup j’ai voulu faire un magazine assez ouvert qui parle d’actu, de mode, de culture, du sports etc. FP a évolué maintenant on l’appelle women of influence, c’est un magazine qui parle des femmes d’influence dans leurs domaines. L’essentielle pour moi est qu’elles soient des femmes de talent et des femmes inspirantes et qui peuvent susciter l’émulation chez les plus jeunes.

Quels sont les objectifs de FP

Dans quelques mois on arrive à notre sixième année d’existence. L’objectif au départ c’était pas d’en vivre financièrement, d’ailleurs ça nous a coûté de l’agent et ça ne nous a vraiment pas rapporté. On a commencé à voir des personnes, des partenaires, qui croient en nous et qui ont commencé à nous aider. On est content d’avoir pu permettre à de nombreuses femmes de s’exprimer, de faire en sorte que FP soit une plateforme d’échange d’idées, de connaissances, de savoir-faire et on aimerait continuer à aller plus loin avec un modèle économique un peu plus viable, en mettant des publicités comme le font tous les grands webzine, en mettant des articles sponsorisés parce qu’on a une plateforme que les gens connaissent, même si à une période, on  a moins publié, actuellement on redémarre avec un nouvel élan avec de nouveaux partenaires et de nouvelles idées

Quels sont vos défis

Je n’ai pas envie de dépendre d’un groupe, ni d’une personne, j’ai envie de rester indépendante. Les défis c’est vraiment d’avoir des partenaires commerciaux, des gens qui ont la même vision que nous, qui mettraient des publicités sponsorisées, qui feraient des partenariats gagnant-gagnant pour nous permettre de faire travailler plus de journalistes et avoir plus de reportages et plus de contenus de qualité…

Est-ce que vous exercez une autre activité en dehors du journalisme

Il m’arrive d’avoir des pauses en journalisme et faire de la communication, notamment la communication digitale: écrire des recommandations social média, écrire des documents de stratégie de communication et accompagner certaines personnalités dans ce qu’on peut appeler le média training et être attachée de presse de certaines personnalités et cela m’arrive par intermittence. Donner des conseils en communication et permettre aux personnes de mieux se faire connaitre auprès des médias… Ce n’est pas du social mais des activités que j’exerce en tant que communicante

Quelle lecture avez-vous de la situation actuelle des femme par rapport à leurs droits ?

Il y a des avancées parce que les hommes et les femmes sont de plus en plus sensibilisés du fait qu’il faut dénoncer l’inacceptable. Je pense par exemple à la violence conjugale. Aujourd’hui, la parole s’est libérée, donc à ce niveau, il y a forcément des avancées. Quand les femmes savent qu’elles ont des lieux, des groupements ou elles peuvent aller, s’exprimer sans qu’on les accuse, il y a aussi tous ces mouvements comme Me too, qui ont permis la parole de se libérer. Ce 8 mars va être encore une fois l’occasion non seulement de célébrer les femmes, mais aussi de se souvenir de toutes celles qui ont combattu pour que nous soyons des femmes plus libres.

Avez-vous noté des reculs notamment en Afrique

Des reculs? non! je ne dirai pas ça, sauf dans les pays ou évidemment, il y a la guerre. Je pense notamment à la RDC. Si vous demandez aux femmes si elles ont eu des avancées, elles vont vous dire qu’il y a des reculs. Dans toutes ces zones en Guerre, le Burkina Faso, le Mali etc. Oui ! forcement

Comment voyez-vous le leadership féminin en Afrique

Concernant le leadership féminin, pour moi, il reste des choses à accomplir mais on voit beaucoup de domaines ou les femmes sont en force. Même dans les pays africains. Certaines femmes dirigent des entreprises qui sont dans le CAC 40. Évidemment, il y a encore des choses qui restent à faire mais les progrès sont certains.

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