Le juge Mamadou Yakham Keïta est désormais rendu célèbre après le verdict rendu dans l’affaire du procès en diffamation opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko.
Le magistrat qui a présidé le procès en « diffamation, diffusion de fausses nouvelles et recel de documents administratifs » opposant le ministre Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko, est sorti de l’anonymat.
L’OBS dresse son portrait. Le juge Mamadou Y. Keita est décrit dans les groupes Whashapp de l’Apr, comme « un sympathisant encagoulé de Sonko en lui prêtant des posts-facebook qui datent de 2018 et 2019. »
Le Juge Mamadou Yakham Keita, ce descendant de roi Mandingue Soundjata Keita est crayonné par ses proches comme un « homme engagé, rigoureux, courageux et à cheval sur les principes. »
Ces vertus cardinales qui ont fait de lui un magistrat très respecté, lui ont été inculquées par son papa qui ne badinait pas avec l’éducation de ses enfants. Son père qui enseignait les Mathématiques (il était le professeur de l’ancien ministre Mary Teuw Niane), a finalement intégré l’administration territoriale, après qu’il a réussi au concours d’entrée à l’Ecole nationale de la magistrature (Enam).
Très proche de ses enfants qu’il surveillait comme du lait sur le feu, l’administrateur civil, qui a servi dans plusieurs localités du pays, bougeait beaucoup avec sa progéniture. C’est ainsi que Mamadou Yakham Keita a terminé ses études primaires à Fissel Mbadane.
Très brillant, le collégien a été, par la suite, orienté à Mbour. Quelques années plus tard, il dépose ses baluchons au Cem de Kaffrine où il obtient le Bfem. Le lycée Demba Diop de Mbour lui ouvre ses portes.
Seulement, le lycéen a été contraint de se déplacer à nouveau pour suivre son papa affecté encore à Kaolack. Transféré au lycée Valdiodio Ndiaye, le jeune Keita a finalement abandonné les études. Il est rentré à Thiès au domicile familial de ses parents.
Il avait abandonné l’école
Le jeune Mamadou Yakham Keita, a finalement mis une croix sur ses études à la surprise générale de ses professeurs qui peinaient à comprendre les motivations de leur brillant élève. Après avoir faussé compagnie à ses camarades de classe, le jeune homme, excellent aux jeux de Dame, avait désormais les coudées franches pour mieux vivre sa passion.
«Mo Keita (comme l’appellent ses proches) était sûr qu’il pouvait se faire un nom avec les jeux de dame. Il était un champion dans ce jeu de l’esprit. Mais, quand il a commencé à prendre de l’âge, il est devenu plus conscient et plus responsable. C’est pourquoi, il a décidé de se présenter au Baccalauréat comme candidat libre, 5 ans après qu’il a abandonné l’école. Très ambitieux, entreprenant et audacieux, il s’est réfugié dans les cahiers. Il a finalement relevé le défi à la proclamation du Baccalauréat. Il a réussi dès le premier tour, alors qu’il n’a pas terminé la classe de Première. Cette prouesse extraordinaire qu’il a réalisée prouve à suffisance qu’il a un mental de gagneur…», a témoigné un de ses proches.
Après avoir décroché le Baccalauréat, « Mo Keita » a été orienté à la Faculté des Sciences politiques et juridiques de l’Université Cheikh Anta Diop. Le jeune homme qui rechignait à apprendre ses leçons, quand il était au lycée, est curieusement devenu un étudiant modèle.
Très studieux, il a décroché sa maîtrise au bout de quatre ans. Nous sommes en 1998. L’année suivante, il réussit le très sélectif concours d’entrée à l’Ena, option magistrature. En 2001, il prête serment et intègre le prestigieux corps des magistrats. Affecté au tribunal d’instance de Gossas dès sa sortie, il sera muté plus tard à Kaolack, avant d’être bombardé président du tribunal de Nioro.
En 2015, il est retourné à Dakar. Très effacé et discret, il a vidé plusieurs dossiers, surtout au Tribunal commercial où il était affecté. Seulement, le procès opposant Barthélémy Diaz aux magistrats, l’a révélé au grand public. Bien que le souteneur de Khalifa Sall ait cloué au pilori son corps d’appartenance, il avait pris de la hauteur en prononçant un jugement sans haine ni vengeance.
ll est aussi Imam
Mamadou Yakham Keita qui alliait l’enseignement religieux et l’école française, maîtrise le Coran depuis le bas âge. Appliquant à la lettre les recommandations de Dieu, ce fervent disciple mouride a été d’ailleurs désigné Imam de la mosquée de son quartier dakarois. Seulement à cause de ses charges professionnelles, il a délégué un autre pour qu’il assume cette fonction, mais qu’il supplée quand il est empêché.