Procès Khalifa Sall : Les mots volent très bas

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Le procès de Khalifa Sall et Cie a pris une tournure inattendue. Les avocats de l’État et ceux de la défense ne se font plus cadeaux. Le maître des poursuites n’a pas été épargné par des piques en provenance notamment du camp des avocats de la ville de Dakar. Serigne Bassirou Guèye va ainsi monter ce vendredi au créneau pour apporter la réplique qui sied à ces pourfendeurs.  

Le procès de la Caisse d’avance se poursuit toujours à la salle 4 du Palais de justice de Dakar. La 21ème journée de ce marathon judiciaire a été marqué par la sortie au vitriol de Me Ousseynou Gaye. Ce dernier qui a été constitué pour défendre les intérêts de la ville de Dakar n’a pas du tout raté le Procureur de la République Serigne Bassirou Guèye.
A l’en croire, le maitre des poursuites ne s’est pas illustré lors de son réquisitoire de feu de vendredi dernier par son impartialité.
« Je dis et je ne ments pas, vous êtes assis sur beaucoup de dossiers », a-t-il martelé. Et le Procureur s’est levé comme pour prendre le contrepied de l’avocat de la ville de Dakar. Mais ce dernier a poursuivi de plus belle sa plaidoirie en campant sur sa position. « Je ne fais pas confiance au procureur. J’ai l’intime conviction qu’il reste le bras armé des adversaires du Maire », a-t-il ajouté. Dans la foulée, il a en outre déclaré que l’État du Sénégal ne peut pas se constituer partie civile dans cette affaire. « Les avocats de l’État du Sénégal ne peuvent pas être présent ici. A moins qu’ils soient des touristes judiciaires », a-t-il dit. La robe noire, s’est même permis de dispenser un cour magistral sur certains aspects de la nomenclature budgétaire.
« La Caisse d’avance est uniquement alimentée par les recettes municipales. Les fonds de dotation qui proviennent de l’État ne peuvent pas faire l’objet de détournement », a-t-il expliqué. Très en verve, il a notamment décerné un satisfecit aux deux percepteurs qui comparaissent libre dans cette affaire. « La Cour des comptes n’a vu aucune faute disciplinaire dans le compte de gestion », a-t-il conclu. Prenant le relais mais pour le compte de l’État du Sénégal, l’autre partie civile par la voix de l’ancien Bâtonnier Félix Moussa Sow a indiqué, citant l’article 79 de la Cour des comptes que les comptables publics peuvent bel et bien faire l’objet de poursuites judiciaires. « La loi interdit à l’ordonnateur  (Maire) de manipuler des deniers publics.
Les comptables publics sont les seuls qui sont habilités à le faire. Cela découle de la séparation des rôles entre ordonnateur et comptable », a-t-il précisé.  Pour Me Félix Moussa Sow, la culpabilité du Maire de Dakar et Cie ne souffre d’aucune ambiguïté. « Dans cette affaire, l’ordonnateur était en parfaite collusion avec ses cinq principaux collaborateurs pour le décaissement des fonds », a-t-il soutenu. Me Sow a même révélé dans le cadre de cette bataille judiciaire, que Khalifa Sall et Cie avaient réclamé la bagatelle de 50 milliards Cfa à l’État du Sénégal auprès de la Cour de justice de la Cedeao. « Ils ont été débouté. C’est la preuve par neuf du bien fondé de nos plaidoiries depuis le début de ce procès », a-t-il affirmé.
A sa suite Me Baboucar Cissé a rappelé à qui voulait l’entendre que le procès de Khalifa Sall et Cie, n’est pas un procès politique. « Ce n’est pas un procès politique. Nous sommes devant une juridiction de droit commun », a-t-il déclaré. Lançant des pierres dans le jardin de la partie adverse, Me Cissé a poussé le bouchon un peu trop loin dans ses effets de manche en déclarant: « On passe tout son temps à prier comme des lézards alors qu’on ne croit en rien du tout ». Il faisait allusion à certains avocats de la défense qui ont usé de beaucoup de versets coraniques  et bibliques au 20ème jour de ce procès. Et ce, pour tenter d’amadouer à ses yeux, leurs clients qui risquent de lourdes peines d’emprisonnement pour les faits d’association de malfaiteurs et de détournement de deniers publics entre autres.
Le juge Malick Lamotte qui n’a pas du tout apprécié cette sortie « regrettable » l’a recadré avec fermeté. Ce dernier a aussitôt retiré ses propos. Auparavant, les avocats de l’État du Sénégal se sont défoulés dès leur prise de parole sur Me Antoine Kamga de la défense. Unis comme un seul homme, ils ont tous fustigé les propos « désobligeants » qui défraie toujours la chronique que le Bâtonnier du Cameroun avait tenu la veille

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