Présidentielle 2024: Déclaration de candidature du Professeur Amsatou Sow SIDIBE

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Mesdames, Messieurs les représentants de partis politiques et
mouvements,
Distingués invités,
Chers militantes et militants et sympathisants,

I – L’état du pays
Depuis plusieurs années, notre pays traverse des crises multiples et profondes qui l’ont peu à peu défiguré. Nombreux sont ceux qui déplorent les tensions de toutes natures qui déchirent notre tissu social, polluent la scène politique, ralentissent notre marche vers le progrès et hypothèquent l’avenir de notre jeunesse. Ainsi, des pirogues remplies de jeunes à la recherche d’un eldorado se perdent dans l’océan, nous faisant vivre un deuil quotidien. Combien d’entre eux sont réellement partis ? Combien de temps allons-nous encore assister à cette tragédie ? Les frustrations, dans un contexte de déperdition des valeurs et de dégradation de la dignité humaine, sont les marques d’un niveau jamais atteint de l’ancrage de la pauvreté dans la société sénégalaise. Parmi les institutions à l’agonie, la justice est décriée, laissant le sentiment d’une justice à géométrie variable. La promotion de la médiocrité et l’absence d’éthique dans la gestion des deniers publics et du foncier sont le nid de scandales documentés par des rapports périodiques foisonnants.
L’égoïsme et l’esprit partisan minent notre pays et risquent de le livrer, faute de transparence et de patriotisme, aux intérêts boulimiques qui pourraient entraîner le pillage de nos ressources naturelles. La violence, avec son cortège de morts, de blessés, de familles endeuillées, devient un phénomène social alimenté par le désespoir et l’absence de perspectives. La métaphore pour illustrer le phénomène que nous vivons est celle d’un corps humain aussi malade que le corps social dans un pays, le Sénégal, jadis vitrine de l’Afrique et modèle de stabilité. Où en sommes-nous avec la gouvernance “sobre et vertueuse” ? Sans avoir la prétention de guérir tous ces maux, j’ai l’humble obligation de vous soumettre ce projet articulé autour d’un contrat de performance dont l’ambition est d’éradiquer les causes profondes qui gangrènent notre corps social

II – Notre projet de société, notre vision : la 3ème voie politique

Les socialistes tout autant que les libéraux ont échoué en ne répondant pas aux questions de notre société. La gauche se cherche, tandis qu’une bonne frange de la société civile est au point mort depuis qu’elle a rompu avec son message originel. La troisième voie que nous prônons depuis près d’une
décennie est une réponse à l’échec des discours officiels depuis l’indépendance. Elle est une voie citoyenne, où le peuple n’est pas embrigadé dans des problématiques strictement politiciennes.

La troisième voie permet à chacun de participer à la gouvernance, de construire ensemble un citoyen nouveau armé de valeurs éthiques, sociales et républicaines. Elle ouvre une perspective citoyenne tant au plan national que pour le panafricanisme. Elle est le maillon qui manque à notre démocratie. Nous vivons dans une société en crise où l’humain est
dévalorisé. Nous devons construire une société où l’humain est véritablement au centre des préoccupations, où les travailleurs recouvrent les droits les plus fondamentaux, qu’ils soient économiques, sociaux et culturels. Les Sénégalaises et les Sénégalais doivent se sentir accompagnés et soutenus pour qu’ils puissent supporter le poids de la vie. L’État, plus que tout, est le principal responsable du retour au bien-être et à l’épanouissement de tous. La personne humaine doit être replacée au centre de nos préoccupations, de nos attentes et de nos priorités, en mettant tous les atouts possibles à sa disposition. C’est cela notre credo, et pour ce faire, nous proposons aux Sénégalais et aux Sénégalaises un programme qui peut les mobiliser et les motiver.

III – Développement et jeunesse
L’agriculture est le moteur de notre développement. Notre richesse hydraulique et nos terres inexploitées à l’intérieur du pays représentent un paradoxe, car elles pourraient être utilisées pour l’agriculture et l’élevage. Le développement rural insuffisant a un impact négatif sur les populations rurales qui dépendent de l’exploitation agricole. L’investissement étranger, bien qu’économiquement bénéfique, soulève des préoccupations de souveraineté et de répartition équitable des avantages. L’intensification de l’élevage pourrait être portée par l’agriculture en y associant la capacitation des éleveurs et leur accompagnement par des subventions et une modernisation du secteur.

Un soutien au monde rural et une gestion transparente sont essentiels pour préserver les intérêts à long terme du pays et de ses populations. Les entreprises, qu’elles soient des PME ou de grandes industries, fleurons de notre économie, vivent dans une précarité contraire aux ambitions d’émergence du Sénégal, pendant que l’entrepreneuriat populaire nourrit à peine son homme. L’accès aux soins médicaux est un véritable casse-tête pour un grand nombre de nos concitoyens, tandis que notre système éducatif produit chaque année un nombre inacceptable de chômeurs.
Devant la fuite des cerveaux et des bras valides, il se pose la question du retour au bercail de nos compatriotes de la diaspora d’une part, et de l’emploi des masses de chômeurs et de vendeurs à la sauvette d’autre part, ce qui suppose au préalable que le pays offre les solutions ci-après :

– La mise en place de mécanismes rapides et efficaces de soutien technique et financier à l’entrepreneuriat rural et industriel ainsi qu’à l’économie numérique, assortis de dispositifs institutionnels, légaux et réglementaires appropriés.
– La promotion de programmes de formation professionnelle destinés aux jeunes, dans les métiers qui couvrent toutes les chaînes de valeur de l’activité économique.
– L’adoption de mesures incitatives visant à favoriser le recrutement des jeunes par les entreprises.
– L’adoption de normes substantielles de préférence nationale, notamment dans les marchés publics, ainsi que des minima en matière de transfert de technologies (condition nécessaire pour une appropriation technologique nous permettant de voler de nos
propres ailes).

Concernant les femmes et les personnes en situation de vulnérabilité, il est nécessaire de leur assurer un accès équitable aux opportunités économiques et sociales, mais aussi lutter contre toutes les formes de discriminations.
– La redéfinition de l’économie maritime dans la perspective d’une préservation de nos ressources halieutiques pour un développement durable de ce secteur, avec un audit de tous les contrats de pêche signés avec les puissances étrangères.

IV – L’éducation et la santé

L’éducation et la santé doivent faire l’objet de services publics et privés conjugués, de bonne qualité, accessibles aux populations quel que soit leur statut social.
Un dialogue sectoriel sera organisé sur l’éducation, pour un retour à la sérénité dans les établissements scolaires et universitaires, impliquant l’ensemble des acteurs et le respect des différents accords signés. L’adaptation des curricula aux exigences de nos ambitions en matière d’émergence sera une priorité absolue.
En ce qui concerne la santé, notre pays connaît une dépendance extrême vis-à-vis de l’extérieur, en raison d’une industrie pharmaceutique quasi inexistante. L’essentiel des médicaments exposés dans les vitrines de nos officines est importé. Parallèlement, le plateau médical reste déficitaire du point de vue du nombre des infrastructures ainsi que des équipements en service dans les hôpitaux, poussant les plus nantis à se faire soigner hors du pays. Le Sénégal doit attirer ses enfants, tel une “terre promise”, et non les pousser à l’exil !

V – La sécurité
La réalisation de notre vision pour le Sénégal dépend en grande partie de la garantie de la sécurité, que ce soit sur le plan intérieur ou aux frontières. Pour cela, il est impératif de moderniser nos forces de défense et de sécurité. Cela inclut non seulement la mise à niveau de leur équipement, mais également le renforcement de leur capacité en matière de renseignement et d’information. Le renseignement revêt désormais une importance cruciale, en particulier compte tenu du contexte régional où des groupes terroristes opèrent à proximité de nos frontières, avec pour objectif stratégique d’atteindre la bande côtière ouest qui donne sur l’océan Atlantique. Pour assurer la sécurité de notre nation et de notre population, nous devons investir dans ces domaines pour mieux anticiper et contrer les menaces éventuelles à notre sécurité.

VI – La gouvernance
En ce qui concerne la gouvernance, nous avons décidé de prendre en compte les conclusions des assises nationales, en particulier en ce qui concerne le fonctionnement de la magistrature et les pouvoirs et prérogatives du Président de la République. Ces conclusions serviront de référence pour orienter les réformes des institutions, notamment dans ces domaines cruciaux. Nous avons également l’intention de renforcer les missions de contrôle dévolues à l’État en ce qui concerne la gestion des  ressources et des services publics. Pour ce faire, nous allons entreprendre rapidement un audit de tous les contrats miniers, pétroliers et gaziers conclus par l’État. De plus, nous allons procéder à un audit organisationnel, technique et financier des grandes entreprises publiques et parapubliques. Les recommandations qui émergeront de ces audits seront mises en œuvre, et ce, sans délai, afin d’assurer une gestion transparente et efficace de ces ressources et entreprises au bénéfice de notre nation.

NB : Je déclare solennellement que les rapports annuels des corps de contrôle seront transmis au chef de l’État uniquement à titre informatif et seront directement transmis au parquet financier dirigé par un magistrat spécial indépendant (MSI) choisi par ses pairs, qui aura pour charge de veiller à leur traitement.

VII – La diplomatie

Les relations internationales, organisées autour de la toute-puissance de l’Occident depuis la chute du mur de Berlin, ont connu au cours des dernières années des changements profonds, avec l’émergence de nouveaux pôles géopolitiques et économiques. Le monde unipolaire est bousculé dans le cadre d’un processus de rééquilibrage des relations
internationales. Notre conviction en la matière est qu’un monde unipolaire est un danger pour la paix et la sécurité, notamment en Afrique. Car en l’absence de contrepouvoirs, les plus faibles sont à la merci des plus forts et sont tout simplement soumis à leur leadership et à leurs volontés.

C’est pourquoi nous militons en faveur d’un monde multipolaire et soutenons les transformations en cours dans la géopolitique mondiale, aux plans diplomatiques, économiques et monétaires. Parallèlement, nous réaffirmons notre engagement envers les organisations sous-régionales et l’Union africaine (UA), suivant une orientation panafricaniste.
Enfin, je voudrais m’adresser encore une fois à cette jeunesse blessée qui hurle, mais aussi à cette masse dite silencieuse, ces Sénégalais pour qui chaque lendemain est incertain, déçus des politiciens et des politiques publiques. Ne perdez pas espoir, votre avenir vous appartient. Pour la première fois, vous avez la possibilité de choisir. Osez un choix qualitatif ! Portez une femme à la tête du Sénégal.
Ma présente déclaration de candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 est l’expression d’une volonté formulée par des partis politiques et mouvements, personnalités de la société civile, militants et sympathisants. J’ai aujourd’hui l’humble honneur de la soumettre à la nation sénégalaise.

Pr Amsatou Sow Sidibé

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