Poussé dans ses derniers retranchements par une situation économique désastreuse qu’il a lui-même provoquée, en augmentant de façon disproportionnée le prix de la traversée du fleuve Gambie, le Président gambien Yahya Jammeh compte sur ses multiples réseaux de soutien au Sénégal pour plaider sa cause. Et le moins que l’on puisse dire, çest que depuis quelque temps, il ne se passe plus un seul jour sans que l’un de ses lobbyistes en terre sénégalaise ne sorte de l’ombre pour plaider la levée du contournement.
Il y a eu la sortie du chanteur Ouza Diallo, le voyage de l’ancien international de football sénégalais El hadji Diouf, puis le voyage avorté du maire Abdoulaye Baldé, de la ville de Ziguinchor qui a récemment été éconduit de sa route pour la Gambie. Tous clament être animés d’une bonne volonté au nom de laquelle ils jouent les bons offices ou utilisent leur parole pour un retour à une situation normale aux frontières avec la Gambie.
Abdoulaye Baldé explique avoir voulu jouer les bons offices sur invitation de son collègue de la mairie de Kanifing en Gambie, même si sa position d’ancien ministre de la République lui rappelle que la solution du problème va au-delà de sa modeste personne, la Gambie ayant porté plainte auprès de la Commission de la CEDEAO. Mais ce que Baldé ne dit surtout pas, çest que le maire de Kanifing, en l’occurrence Yankuba Coley qui l’a invité, est le chargé de la propagande officielle du parti APRC de Yahya Jammeh. Mieux, le 05 avril dernier, Yankuba Coley avait convoqué tous les chauffeurs de la Gambie dans les locaux de sa mairie, en présence des ministres gambiens du Commerce et de l’Intérieur, pour leur demander d’adopter une posture nationaliste dans le contexte de la crise à la frontière avec le Sénégal. Une occasion sur laquelle le ministre de l’Intérieur Ousmane Sonko a sauté pour rappeler aux transporteurs d’oublier à jamais l’existence de leur syndicat (GNTC) qui était l’interlocuteur des routiers sénégalais et dont le leader est mort en détention.
En ce qui concerne le chanteur Ouza Diallo, çest un secret de Polichinelle en Gambie que lui et sa fille ont très souvent bénéficié des largesses du leader gambien. Jammeh sait aussi être généreux avec l’UCAS band de Sédhiou, mais aussi avec ses amis lutteurs, certains communicateurs traditionnels et des artistes au Sénégal.
Pour rappel, çest de la bouche de Sarata Conateh, une responsable de la Chambre gambienne de Commerce, qu’on a appris que les autorités gambiennes déploient des moyens pour mettre la pression sur les autorités du Sénégal. Jammeh a ainsi utilisé les enveloppes en direction de certains cadres de Casamance qui ont toujours été proches de son régime, des opérateurs économiques de la Casamance, des structures corporatives, mais aussi les syndicats de chauffeurs qui ont envoyé balader son émissaire et ses cinq millions de francs CFA, comme nous l’a confirmé, El hadji Mansour Ndir, le chargé des revendications du Syndicat des routiers du Sénégal.
Seydi Gassama, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, résume très bien la situation lorsqu’il affirme que « Ces lobbies ne sont pas préoccupés par les intérêts des peuples de la Gambie et du Sénégal. Les Gambiens et les Sénégalais veulent la construction du pont de Farafenni qui favorisera l’intégration économique entre les deux pays, dans la sous-région, entre le nord et le Sud du Sénégal. Mais ce pont, Yaya Jammeh n’en veut pas.
Enquête