Moubarack Lô : «C’est une perte sèche pour BBY et la victoire de la jeunesse»

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La victoire de Bassirou Diomaye Faye est une «perte sèche» pour la coalition Benno Bokk Yaakar (Bby). Cela dit, aujourd’hui, la baisse du coût de la vie demeure la priorité pour les chefs de ménages. L’économiste Moubarack Lô pense qu’avec une volonté, des efforts et des politiques publiques efficaces, le prochain nouveau gouvernement peut faire baisser les prix.

«C’est une grande surprise, cette victoire au premier tour. Le scénario le plus probable était un deuxième tour. Le candidat de Benno était celui de Macky Sall. Quelle que soit la personne que Sonko aurait choisie, elle allait gagner cette élection. Les électeurs ont voté Sonko à travers Diomaye. Benno Bokk Yaakaar, victorieuse avec 58% à la présidentielle de 2019, puis 46% aux législatives, a aujourd’hui perdu 11 points. Les raisons de cet échec sont à chercher au-delà du rejet portant sur le choix du candidat. Amadou Bâ, avec un million de voix, est classé deuxième. C’est une lapalissade de dire qu’il n’a pas été totalement soutenu. Il faut dire qu’il a démarré sa campagne sans avoir les moyens. On n’a pas une seule fois vu le président avec le candidat. Pourtant, sa présence aurait galvanisé les citoyens. Le candidat de Benno avait besoin de tout le monde au moment d’aller en campagne » estime l’économiste Moubarak Lô sur la TFM. « Ce sont les jeunes qui ont gagné cette élection. C’est la victoire de la jeunesse. On a vu une forte participation de la jeunesse. La sortie de prison a été aussi un évènement fort qui a boosté la campagne de Diomaye avec Ousmane Sonko à ses côtés. Ça a été déterminant. Sans compter le soutien de Wade qui a éloigné les électeurs du PDS de Amadou Bâ. Le quart qui soutenait Amadou a dû aller vers Diomaye. Cette unité, cet engagement va forcément jouer. Si vous enlevez les indécis et ceux qui ne se prononcent pas, ils se tiennent à une fourchette très petite, entre 36 et 37 % de l’électorat. Le reste (indécis et ceux qui ne se sont pas prononcés), c’est entre 18 et 20 %. Au dernier moment, l’essentiel des indécis et de ceux qui ne se prononçaient pas se sont tournés vers le nouvel élu. En 2019, les Sénégalais avaient donné une seconde chance à Macky Sall pour terminer les grands chantiers entamés. Mais, pour le cas d’Amadou Bâ, c’était très difficile pour lui de gagner. Il fallait faire un bloc. Un rassemblement autour d’Amadou aurait permis d’aller au second tour. Ils ont préféré choisir Diomaye», a ajouté Moubarack Lô. Il espère que tout ce qui a été promis par le nouveau président sera mis en œuvre.

L’engagement déterminant des primo votants

Selon l’ingénieur statisticien, ce qui s’est passé ce dimanche est lié à une démographie galopante. «Normal. Ce qui est important, c’est le taux de participation. C’est une perte sèche pour Benno. Alors que les jeunes, primo votants et votants ont plus voté. 75% de la population à moins de 35 ans. Sur le fichier électoral, ceux qui ont entre 18 et 35 ans font 29%. Plus les gens sont âgés, plus ils votent Benno. Moins ils sont âgés plus ils votent Diomaye», explique l’économiste soulignant que les attentes sont fortes. Notamment celle liée au coût de la vie. «La baisse du coût de la vie, c’est une priorité. Il faut que le futur gouvernement précise sa pensée sur la réduction du rythme de l’inflation et sur la simple baisse des prix. Parce que la demande, c’est la baisse du coût de la vie. La demande des chefs des ménages c’est une baisse des prix des denrées et du loyer. Les Sénégalais s’attendent à une baisse comme c’était le cas en 2012. J’étais l’artisan de la stratégie de la baisse des prix» rappelle l’invité de la TFM. Selon Moubarack Lo, pour répondre à la demande populaire, il faudra baisser les prix du sucre, de l’huile, du riz, du logement… Toute la difficulté, soutient-il, «c’est comment y arriver ? L’ambition est là. Ils (Ndlr : Diomaye et Sonko) sont sincères. Mais quand ils vont prendre les rênes de l’Etat, c’est là où la réalité va venir. Les prix suivent l’inflation mondiale. On importe beaucoup de produits comme le riz, la farine… Pour le sucre, il y a un mécanisme qui fait qu’il ne peut pas trop baisser à cause des taxes». Audelà de la stratégie de baisse, il faudra procéder à la régulation des marchés. «Avec de la volonté, des efforts et des politiques publiques efficaces, on peut faire baisser les prix» se dit convaincu Moubarack Lô.

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