MOI AGENT, FILS DE, EX JOUEUR…

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La tournure prise par l’affaire Sadio Mané / Leroy Sané a surpris plus d’un. Et si aux yeux l’opinion publique, il se pose un problème de communication autour des footballeurs professionnels sénégalais, l’avis n’est pas du tout partagé par Seydou Bocar Seck, agent de Bamba Dieng, qui a lui aussi connu une tourmente médiatique il y a quelques mois. Dans cet entretien exclusif accordé à Emedia, l’agent qui est par ailleurs fils de Saer Seck, président de l’Institut Diambars, revient en large sur les embûches autour du projet Diambars.

Agent de joueurs en 2023, un métier facile ? Un métier de rêve ?

Je ne peux pas dire que ce soit un métier facile, je ne peux pas non plus dire que ce soit un métier de rêve. Aucun des 2, mais c’est un métier très intéressant, enrichissant et aussi surtout très excitant.

Vous avez été quelque peu mis sous le feu des projecteurs par l’affaire Bamba Dieng / Olympique de Marseille, opposant votre joueur à son ancien club. Avec le recul, pensez-vous que cette affaire avait été bien géré ou alors auriez-vous changé quelque chose dans l’approche ?

Il est difficile de changer quoi que ce soit. Bien entendu, il s’est passé beaucoup de choses que l’opinion publique ne connaît pas, ne maîtrise pas, ce qui est tout à fait normal. Ça fait partie du niveau de confidentialité qu’on doit avoir, mais je pense qu’on n’aurait pas pu changer grand-chose. Il y a juste deux points qui ont causé tous ces imbroglios. La première, c’est que le garçon a été poussé vers la sortie, ce qui n’était pas notre plan, parce que le plan de base était de rester à l’OM et de faire la saison tranquillement car la saison qui était écoulée s’était super bien passée avec le coach et donc on sentait qu’il y avait la possibilité pour lui d’éclore et de confirmer sur cette saison-là. Donc tu arrives et que tu te rends compte que les plans ne sont pas les mêmes du côté du club mais que ça n’a pas été expressément et clairement exprimé. Ce qu’on a fait, c’est qu’on a on a quand même anticipé, on a travaillé sur un départ potentiel pendant un mois. Sauf que bon, ça va sans dire que ce n’est pas parce que tu appelles un club aujourd’hui à 13h qu’à 14h il te dit « ok ben c’est bon, je vais te faire une offre  ». Ils étudient, ils explorent plusieurs choses. Sachant qu’on a quand même mis 2 ou 3 semaines à avoir une conversation avec l’OM pour comprendre vraiment qu’ils voulaient que le garçon s’en aille. Les autres clubs avaient déjà commencé à avancer sur d’autres profils parce qu’en début de mercato, quand on a été sondé par certains clubs, on leur avait expliqué que le garçon se sentait bien à l’OM et qu’un départ n’était pas à l’ordre du jour, donc il a fallu se réadapter, on l’a fait. On a eu le temps de travailler et sur le dernier jour, c’est une histoire de choix et c’est la réalité du marché. Je sais que plusieurs personnes ont entendu qu’il y avait un accord total entre Leeds et Bamba, ce qui n’est pas le cas. Il y avait juste un accord de principe. Et au moment où on se dirigeait vers l’aéroport pour rejoindre Leeds, il n’y avait pas encore d’accord définitif, donc il fallait prendre les devants parce que c’était le dernier jour. Il fallait voyager, changer de pays, donc ce qu’on s’est dit, c’est que si on est d’accord sur le principe et que le garçon préférait aller à Leeds que de rester à Marseille, sachant que la veille il avait décliné 2 offres de Ligue 1, il fallait anticiper et aller et faire une visite médicale qui aurait peut-être même ne pas pu passer, comme ça c’est fait à Nice. Ensuite, on a eu une opportunité avec Nice, avec lequel on a parlé pendant plus d’un mois et qui était la priorité absolue du joueur. Étant donné que la priorité absolue du joueur s’est présentée, il a décidé de partir là-bas ; malheureusement, il n’a pas réussi la visite médicale.


“CE QUI S’EST PASSÉ À PROPOS DU GENOU DE BAMBA DIENG”


Vous attendiez-vous à une telle tournure de ce dossier ?

Non, pas vraiment. Pour nous, c’était une surprise parce que tout se passait bien. À l’intersaison, j’ai reçu un appel du club pendant que le garçon était en vacances ici au Sénégal. C’était apparemment un appel qu’ils faisaient avec les représentants de tous les joueurs pour savoir quelle était l’idée pour la saison qui arrive. C’était un appel courtois, de cinq minutes. Je leur ai dit que Bamba allait bien, qu’il était concentré sur la saison à venir, avec la Ligue des Champions, il était excitée à l’idée de la jouer. Donc voilà… Maintenant, après deux jours, il y a eu changement d’entraineur. Jusqu’aujourd’hui, on n’a pas eu d’explication avec le club pour savoir les raisons pour lesquelles ils l’ont mis a l’écart. Peut-être qu’ils voulaient aller sur autre chose, c’est tout.

À un moment, il y a eu des craintes… Son genou posait problème et on parlait d’opération qui se serait mal passé…

Ah, c’est simple, c’est que le garçon avait un petit souci au genou. Mais il n’y avait pas d’opération qui se soit mal passée ou quoi que ce soit. Il avait pris un coup au genou, je pense en milieu de saison précédente et dans le protocole de soins, ça n’avait pas été top. Il fallait reprendre les choses et en fait la réalité c’est qu’il a fait une infiltration PRP avec du plasma, pour redonner de la consistance au genou et que ça s’est fait une semaine avant la fin du mercato. En ce moment-là, nous, on ne pensait pas qu’il allait partir parce qu’on n’avait pas trouvé la porte de sortie idéale. Donc on s’est dit autant en profiter vu qu’il ne s’entraine pas avec le groupe. Et quand tu le fais, il faut 15 jours pour que ça se résorbe. Et puisque la décision avait été prise au dernier moment de signer à Nice et que l’accord entre l’OM et Nice était à 20h, on est parti faire la visite médicale – à Monaco, pas à Nice, 30 minutes de trajet environ – le médecin a détecté du liquide autour du genou donc il s’est posé la question. Et le temps qu’il avertisse, parce que quand vous commencez sur une visite médicale, c’est un transfert, c’est un investissement, il ne peut pas donner le feu vert s’il a des doutes. Le temps qu’on puisse parler de ça, le mercato était clos. C’est la raison pour laquelle, le lendemain, après qu’ils ont fait des contrôles supplémentaires, ils étaient prêts à avancer sur le transfert avec le « joker médical ». Malheureusement il n’y a pas eu d’accord entre les deux clubs, à cause je pense d’un peu de méfiance et le fait que ce soit des clubs de haut niveau.

Les relations entre Diambars et Marseille ont également été au centre des débats. Est-ce que cela a pu vous porter préjudice dans ce dossier ?

La réalité, c’est qu’il n’y a jamais eu de relation tendue entre Diambars et Marseille. Le contrat courrait à la fin et devait finir en Septembre mais les échanges entre les deux présidents ont toujours été courtois et il n’y a jamais eu de problème. La réalité est qu’il fallait, en septembre après la fin du mercato, le président de Diambars etait à Marseille pour rediscuter avec celui de l’OM pour voir comment continuer le partenariat. L’idée était de ne pas complètement arrêter mais de restructurer la chose. Le président actuel de l’OM (Longoria) n’est pas celui qui avait ficelé le contrat (Eyraud). Il avait peut être des vues différentes mais il n’y a absolument jamais eu de problème entre les deux clubs. Peut-être qu’auparavant il y a eu des incompréhensions entre l’entourage de Bamba et l’OM. Beaucoup de choses ont été dites mais je pense que c’est dû au fait qu’on avait eu le mauvais interlocuteur pendant une bonne période, qui n’a pas bien véhiculé les informations au président Longoria. Mais tout a changé honnêtement, au moment où le nouveau directeur du football, Ribalta, a pris place. Il a très bien géré le dossier quand il l’a repris en milieu de mercato pendant que Bamba était à l’écart. Cela s’est bien passé jusqu’au transfert.

Aujourd’hui Bamba Dieng est bien à Lorient, après un début de saison compliqué à Marseille et deux mercato à rebondissements. À son âge, les bouleversements peuvent être compliqués à gérer. Comment il a absorbé tout cela ? Est-ce qu’il va enfin se stabiliser à Lorient ou avez vous des plans pour changer dans un court ou moyen terme ?

Oui les prochains mercatos vont être calmes pour lui (rire). C’est très difficile surtout pour un garçon, qui était encore au Sénégal il y a deux ans et demi, et qui soit sous le feu des projecteurs comme ça du jour au lendemain. D’abord avec beaucoup de succès et après des choses un peu moins joyeuses. C’est tout à fait normal que ce soit difficile pour lui. Il reste quand même un jeune joueur avec très peu d’expérience du haut niveau. Il entame seulement sa troisième saison pro, sa deuxième en tant que joueur plus ou moins confirmé. Après, on a mis en place toute une structure pour pouvoir l’aider à rebondir et faire le vide. Quand tu es un joueur de l’OM, ça suscite beaucoup d’intérêts et de commentaires. Qu’il apprenne à digérer. En ce moment il est dans cette phase. Il est dans le processus de digestion, de se retrouver avec lui-même, de retrouver la confiance, de la stabilité et de la sérénité surtout. Pour nous, c’est un bon choix qu’il soit parti à Lorient parce qu’il se met un peu en retrait de toute cette lumière et cette pression médiatique. Ce qui pourrait lui permettre de retrouver sa sérénité et lui permettre de se reconcentrer sur son football. Le projet sportif est intéressant. La politique sportive à Lorient est très intéressante. C’est ce qu’on met en avant parce que bien entendu ça reste un garçon qui est toujours en progression, qui découvre le haut niveau même si c’est allé vite de par ses qualités et ses performances. L’objectif c’est de se trouver une certaine stabilité, une certaine constance dans son temps de jeu, dans son projet sportif et dans sa progression.

On vous a reproché de n’avoir pas beaucoup communiqué à l’époque…

Oui, parce que la communication aussi a une limite. Aujourd’hui, on se concentre sur le travail. Il y a des choses à expliquer, à clarifier ou sur lesquelles il faut justifier. C’est vrai. Le garçon a eu un comportement irréprochable pendant toute la période difficile qu’il a vécue à l’OM. Aucun problème, aucun écart de conduite, donc il n’y avait pas lieu de dire quoi que ce soit. Si à chaque fois qu’on entend une rumeur on devrait répondre, ça va finir par faire de la sur communication parce qu’on sera obligé de sortir pour démentir à chaque fois. On l’a fait une fois en disant que le garçon n’a jamais reçu de proposition de prolongation pendant cette période-là. Et puis c’est tout. Après, chacun est libre de se faire l’avis qu’il a envie de se faire, mais on ne peut pas faire plus que ça. Et pour les détails de la dernière journée, on ne peut pas parler sur le coup parce que déjà il y a le fait que le garçon doit digérer ce qui s’est passé. Il faut aussi respecter la confidentialité des choses. On ne peut pas se permettre de tout étaler sur la place publique, que ce soit de notre côté ou du côté du club.


“ON NE PEUT COMPARER SADIO À BAMBA DIENG… L’ENVERGURE N’EST PAS LA MÊME, MAIS LA COMMUNICATION DÉPEND AUSSI DE LA PERSONNALITÉ DU JOUEUR”


On reproche une certaine passivité aux agents et entourages des joueurs sénégalais. Il y a eu le cas Bamba Dieng, mais il y a également récemment eu la situation de Sadio Mané et souvent le public a du mal a comprendre votre silence alors que quand il s’agit des agents les plus renommés en Europe, souvent tout est prétexte pour faire des sorties publiques, protéger leurs joueurs quitte à attaquer frontalement les clubs. Qu’est ce qui explique cette frilosité ?

Non je ne pense pas qu’il s’agisse de frilosité parce que le paradoxe c’est qu’on ne peut pas comparer un Bamba Dieng, un Pathé Ciss à un Sadio. Parce que l’envergure n’est pas la même et que je sache aux dernières nouvelles l’agent de Sadio est européen. Il n’est pas sénégalais donc, si jamais ils ont leur gestion, ils ont leur façon de voir les choses et dès fois aussi il faut comprendre une chose c’est que ça va avec la personnalité du joueur. Ce qu’il veut, ce qu’il ne veut pas. Ce qu’il souhaite, ce qu’il ne souhaite pas. Tu ne va pas à l’encontre de ce que le joueur veut, tu es obligé de prendre le taureau par les cornes et de faire les choses même s’il n’est pas trop d’accord. Après bon je pense que c’est du cas par cas. L’histoire de Pathé ce n’est pas celle de Bamba, celle de Bamba n’est pas celle de Sadio. Pour Bamba, quand il y a eu des soucis avec l’OM on ne peut pas dire qu’on n’a pas défendu le garçon comme il fallait. On a vu, à un moment donné, le président de l’OM parler de certains agents en conférence de presse et c’est parce qu’ils ont eu du fil à retordre. Au moment où on a senti qu’ils ont voulu marcher sur nos joueurs, ils ont eu une résistance.Ce n’est pas nécessairement de parler dans les médias à chaque fois que ça ne va pas et aller avec l’opinion publique, attaquer frontalement. Mais s’il faut aller au clash avec le club, il n’y a absolument aucun problème parce que ça a été le cas pour nous dans l’histoire de Bamba. On ne les a pas laissé marcher sur le joueur ou dicter son futur. Parce que ça ne les aurait pas dérangé qu’il aille à Leeds plutôt à Nice qui était la concurrence. Donc, tout ça se sont des choses qui échappent aux gens. Mais si jamais on a poussé l’OM a accepté l’offre de Nice c’est qu’il y’a eu quand même des échanges qui ne sont pas toujours cléments ou tranquilles. Après je pense que c’est une histoire de gestion. Tout dépend du cas. Donc, je ne pense pas qu’il y’a un problème de frilosité ni d’expérience.


“À UN MOMENT, DANS LA POLITIQUE SPORTIVE DE DIAMBARS, IL Y A EU UNE LASSITUDE, LA QUALITÉ DE FORMATION COMMENÇAIT À BAISSER…”


Ces dernières années, Diambars a été comme en retrait sur la qualité des joueurs sortis. Après la génération des Gana Gueye, Pape Alioune Ndiaye, il n’y a quasiment pas eu de joueurs en sélection À jusqu’à l’année dernière avec Pathé Ciss et Bamba. Qu’est ce qui explique ce creux ?

Pour être honnête, je ne peux pas trop te dire parce qu’à cette époque j’étais en train de jouer. Donc, je n’avais pas mon nez dans ce qui se faisait carrément à Diambars. Je pense que c’est un peu de tout. C’est la qualité de formation qui a commencé à baisser. C’est cyclique. Il faut être honnête, il y’a eu du succès et je pense le staff dans sa politique sportive, a connu un peut de lassitude peut-être, un peu de fatigue et aussi surtout un excès de confiance ou ils ont dû se reposer un peu sur leurs lauriers en se disant peut-être on fait du bon boulot donc ça va venir tout seul. On le sait c’est le même discours qu’on sert aux joueurs. C’est qu’arriver au top ce n’est pas le plus difficile mais d’y rester et d’avoir la consistance et la constance de pouvoir y rester. C’est là peut-être où on a raté le coche en se disant que les choses allaient venir tout seul et naturellement parce que maintenant il y a un label qui est là. C’est la raison pour laquelle on a mis en place cette structure et depuis il y a eu des joueurs qui arrivent notamment avec les U23 comme Ousseynou Niang, le jeune Alioune Baldé qui est parti aussi. Il a décidé de travailler avec un autre agent et on l’a laissé partir. Ibrahima Dramé idem. On a quand même des joueurs qui sont en train de partir et de monter. Pape Demba chez les U20… Il y’a également le problème d’agents qui n’étaient pas vraiment là pour pouvoir faire sortir les joueurs. Mais la réalité c’est quand tu as une académie on ne peut pas te reprocher de ne pas trouver une porter une porte de sortie. Parce que ton objectif c’est de former et de recruter des joueurs. Si on ne fait pas la promotion des joueurs ça ne le fera pas. Et, si on n’a pas mis en place des gens pour expressément le faire partir, les garçons partiront peut-être de moins en moins. C’est pourquoi on a mis en place cette structure là. Les gens vont critiquer en disant qu’on essaye de s’accaparer des jeunes. Mais quand il n’y avait personne pour s’accaparer des jeunes, ils ne partaient pas. Maintenant, il faut faire un choix.

En parlant de produits de Diambars, il y a le cas Saliou Ciss qui a surpris plus d’un avec la trajectoire prise par sa carrière, à l’arrêt après sa grande Can…

Pour Saliou Ciss, franchement je ne sais pas. Je me pose la question. Des fois, on en rigole. Je lui dis : “Franchement, la carrière que t’as, il y a problème”. Après, je ne sais pas si c’est dans l’accompagnement… Après la CAN, il y a eu cette proposition pour qu’il revienne se relancer à Diambars. Après, je ne sais pas pourquoi il a pris cette décision de ne pas nous rejoindre mais, je pense qu’en ce moment, il pensait qu’il y avait quelque chose de concret, qui était en train d’arriver. Malheureusement ça ne s’est pas fait…


LE POINT SUR SALIOU CISS, MIKAYIL NGOR FAYE, ALIOU BALDÉ…


À Diambars, il y a eu aussi les conflits avec les jeunes joueurs qui ont fini par se retrouver dans des situations complexes. Mikayil Ngor Faye, en 2e division croate, Aliou Baldé à Lausanne… C’est du gâchis, non ?

Pour Mika, je pense que c’est un problème personnel, enfin un problème de famille, qui a décidé de prendre en charge sa carrière. Donc, il est entré en conflit avec Diambars pour des raisons qu’on ignore. À Diambars, tout était prêt pour qu’il rejoigne Marseille. C’est même nous, les agents, qui avons tout initié pour que les choses se passent correctement avec Longoria. Du jour au lendemain, ils ont décidé de lever le voile et de partir alors qu’ils savaient que c’était fait. Maintenant, on va comprendre comme tu le dis que c’est peut être le cas épineux des familles qui s’immiscent dans les dossiers, qui des fois pensent connaître. Il a fait son choix. Il est encore jeune. Il a l’avenir devant lui. Peut-être qu’il a perdu un peu de temps. Même s’il est en D2 croate, je pense qu’il a le temps de gravir les échelons parce qu’il a énormément de qualité. J’espère pour lui qu’il y arrivera. J’ai une super relation avec lui. Il reste mon petit. On se parle toujours. Il n’y a pas de problème par rapport à ça parce que je sais que ce n’est pas sa décision. Pour Aliou Balde, on a fait le nécessaire. On lui a trouvé un super club avec un projet sportif. Derrière, il a décidé de travailler avec quelqu’un d’autre. Libre à lui.

On parlait de Dortmund pour lui il y a 2 ans…

Bien sûr. Après, je pense que sur le cas de Dortmund, avant de signer à Feyenoord, on avait décidé justement de travailler avec un autre agent parce qu’on pensait que c’était le meilleur projet sportif. La preuve, quand il est arrivé, il lui a fallu un mois et demi pour avoir sa première apparition en pro. Il avait fait six superbes premiers mois. Après, il a décidé de changer d’environnement, de changer d’entourage. Aujourd’hui, il se retrouve à Lausanne. Ça marche bien, je pense. Ce week-end, il a encore mis un doublé. On espère pour lui aussi parce qu’il reste un produit de la formation de Diambars. Donc, son succès reste le succès de Diambars.

En ce moment, quels sont les meilleurs prospects à Diambars, ceux dont vous vous dites qu’ils vont clairement monter très haut et faire comme Gana et compagnie ?

Il y en a beaucoup. Je pense que dans la dernière génération qui arrive, il y a un jeune défenseur central, qui s’appelle Faye aussi, qui est gaucher. Qui est né en 2004. C’est au départ de Mika qu’il a éclos. C’est un joueur qui est déjà super bien dans sa tête, qui est très bien formé et très bien éduqué. Son père est éducateur et aujourd’hui coach chez nous, Pape Faye. Après, il y a Aliou Thiare, défenseur central aussi, gaucher, 2003. Chez les plus jeunes, on a quand même pas mal de bons joueurs. Il y a un excentre né en 2005, Ousmane Diop. Il y a Yaya Dieme, un attaquant qui va faire la CAN U17. Il y a un autre attaquant, né en 2007, qui s’appelle El Hadi Djiby Diallo. Ce sont des joueurs qui, pour moi, ont le potentiel pour arriver très très haut. Il y a de quoi faire. C’est pour ça que le projet est, en tout cas pour moi, en tant qu’agent, excitant. Parce que les voir jeunes, les voir se développer, voir leurs potentiels, et avoir ce challenge très intéressant de pouvoir les placer dans des clubs intéressants pour pourvoir ensuite les accompagner et les voir arriver à un certain niveau, c’est très intéressant. Aujourd’hui, on a déjà commencé à avoir les bribes de ça quand on voit aujourd’hui Bamba marquer son penalty à la finale de la CAN et soulever le trophée. Penser qu’il y a un an et demi, on était en train de se gratter la tête pour savoir où est ce qu’on allait pouvoir le placer. Qu’on arrive à ça, la satisfaction, elle est énorme.


“MOI, FILS DE PRÉSIDENT, MON STATUT D’AGENT, MA CARRIÈRE DE JOUEUR”


Beaucoup ne connaissent pas votre parcours de footballeur que j’évoquais en début d’entretien. Mais vous avez été défenseur, formé à Diambars avant de faire un saut aux Girondins de Bordeaux, où vous n’avez pas percé. Qu’est-ce qui a fait que vous n’ayez pas connu une carrière plus brillante et en quoi cela vous sert-il aujourd’hui ?

Il y a toujours un peu le facteur chance. Mais, il y a aussi l’accompagnement. Quand un garçon quitte à 17 – 18 ans, parce que moi je suis parti à 17 ans, on ne se rend peut être pas compte que c’est très jeune. Tu pars, d’un coup tu passes d’un centre de formation où tout est pris en charge pour toi, tout est mis en place pour que tu puisses t’entraîner, progresser et atteindre un certain niveau. Le saut, il est énorme. Tu te retrouves tout seul, à vivre tout seul dans un appartement. Il faut apprendre à cuisiner, etc. Donc, c’est une chose sur laquelle on est actuellement en pleine réflexion, pour restructurer. Parce qu’on est sur un nouveau projet à Diambars. Tout ce qui est nutrition, sommeil, tout ce qui est extra sportif, et qui permet de maximiser la performance du joueur, ce ne sont pas des choses que les garçons, en pleine formation, ici au Sénégal, maîtrisent nécessairement. Donc, tu es plus ou moins livré à toi même, quand tu n’as pas la l’accompagnement nécessaire, quand tu n’as pas les agents ou la structure qui est mise en place pour continuer à t’aider à éviter toutes ces choses-là… Je pense que j’ai aussi été victime de ça un tout petit peu. Ça a entraîné surtout des blessures assez sérieuses à des moments charnières de ma carrière où j’aurai pu passer des étapes. Pour ça aussi, il y a le facteur chance. Parce que j’étais dans le même lot que certains comme Idrissa, Kara, qui n’ont pas eu à vivre des blessures. C’est grâce à cette expérience la qu’on essaie de mettre les choses en place et d’accompagner les jeunes comme il faut pour éviter tout ça.

Votre cas est quelque peu particulier faisant de vous un ancien produit de Diambars en tant que joueur d’abord mais aussi, on ne peut l’occulter, vous êtes le fils du président de l’Institut Diambars. Dans quelle mesure cette situation vous sert elle et dans quelle mesure vous dessert elle ?

Être un produit de Diambars en tant qu’ancien joueur ne peut que servir. Aujourd’hui j’ai l’identité, je connais la maison, je connais les joueurs… Tous ceux qui sont partis sont toujours autour à un degré ou à un autre. Quand tu vois des joueurs comme Kara Mbodji qui viennent régulièrement… Même cet été quand il était revenu du Qatar, il s’entrainait avec les garçons. Il y a aussi certains joueurs qui sont moins connus ou qui ont peut-être une carrière moins aboutie que ceux qui sont encore au haut niveau notamment Mignane Diouf qui est revenu et qui rejoue avec l’équipe. Simon Diedhiou l’a fait l’année dernière. Matar Fall aussi qui est aujourd’hui à Teungueth. Ça reste donc une grande famille. Pour nous, tous les garçons qui sont en train de sortir sont nos petits frères. Ça nous sert déjà de ce côté-là. Et au-delà de ça, ça nous sert parce qu’on a une ligne directrice à savoir tout ce qui nous a manqué et qu’on aurait souhaité avoir pour avoir de meilleures carrières que celles qu’on a eues en termes d’accompagnement, on peut plus ou moins le savoir. On travaille donc pour essayer de faire le maximum pour limiter les manquements, pouvoir permettre aux joueurs de partir le plus tôt possible et derrière en termes d’accompagnement et adaptation au haut niveau leur permettre de minimiser leur temps d’adaptation et de maximiser ou optimiser les possibilités par rapport à leur potentiel pour aller le plus haut possible. Cette expérience nous sert. Je ne pense pas qu’il y ait franchement quelque chose qui puisse desservir par rapport à ça parce que ce n’est que de l’expérience. Pour mon statut de fils de président, ça pourrait desservir quelqu’un qui mentalement n’est pas fort ou qui fait attention à tout ce qui se dit autour parce qu’il y a toujours des gens qui ont un avis négatif par rapport à ça sans vraiment savoir. Je ne prête pas vraiment attention à ça parce que je suis plus concentré sur le travail que j’ai à faire que de voir ce qui se dit d’une certaine partie de l’opinion ou pas. Pas de souci pour moi.

À un certain moment, il a été évoqué une possibilité de conflit d’intérêt… Comme quoi vous vous accaparez de tous les joueurs de l’institut et que les jeunes ont quasiment les mains liés pour être avec vous. Qu’en est il réellement ?

Cette question il faudrait la poser aux jeunes. Depuis que notre agence est venue, on a dû sortir environ dix joueurs en deux ans. Il y en a qui vont partir cet été inchaAllah. Je sais que pendant qu’on n’était pas là, d’autres agents étaient là et ont probablement essayé de travailler. Mais le résultat que j’ai constaté en arrivant c’est que les garçons ne partaient pas. Je ne sais pas si c’était un problème de qualité des joueurs à cette époque ou si c’était un problème de qualité du travail des agents qui étaient intéressés par le produit Diambars ou d’intensité de travail surtout parce que ça va sans dire qu’ils ne se concentraient pas nécessairement à 100% sur ces joueurs-là. Personnellement ce que je sais est que, nous dans notre structure, on est très ouvert parce qu’aujourd’hui sur certains dossiers et probablement les meilleurs qu’on a faits, on les a faits en collaboration avec d’autres agents. La porte a toujours été ouverte à des agents qui ont été corrects et qui ont bien travaillé. On a absolument aucun problème pour ça. Après quand on est de l’extérieur on voit des choses et on juge. Il y a forcément d’autres personnes, des agents qui n’y trouvent pas leurs comptes peut-être parce qu’ils ne travaillent pas suffisamment ou la façon dont ils voient la chose n’est pas celle qui est adaptée à notre structure ou à la direction de Diambars. Malheureusement je n’y peux pas grand-chose. Sur les quatre garçons qu’on a sortis avec d’autres agents, il y en a deux qui ont préféré continuer avec d’autres agences. Il n’y a absolument eu aucun problème. On n’a pas eu à aller en justice ou quoi que ce soit par rapport à cela en disant qu’il y avait un contrat etc. La réalité c’est qu’on ne signe même pas de contrat avec eux. On travaille sur la confiance. C’est tout. S’accaparer n’est pas possible. Les Joueurs dans l’institut sont libres de négocier avec qui ils veulent. On a essayé de mettre une structure en place pour avoir un peu plus d’organisation. Parce qu’on s’est rendu compte que par rapport à l’accompagnement des joueurs, il y en a beaucoup qui vont travailler avec d’autres agents et qui ont fini par revenir au centre parce qu’une fois qu’ils sont partis, à chaque fois qu’ils se sont retrouvés dans une situation compliquée et qu’ils sont en galère, sont abandonnés par leurs représentants et ils reviennent nous demander un coup de main. Ce que Diambars essaie de faire c’est de structurer cela. Notre agence est 100% concentré sur tous les joueurs. On travaille sur tous les joueurs. Soit directement avec le club auquel on propose les joueurs, soit avec des agents qu’on connait, avec qui on a une bonne relation et avec qui on a eu à faire d’autres transferts, à qui on soumet pour qu’ils puissent travailler. On a aussi d’autres structures qui nous contactent par rapport aux joueurs de Diambars parce qu’ils voient qu’on travaille exclusivement sur ces joueurs-là et avec qui on développe des relations. Ça fait peut-être un an et demi ou deux ans qu’on parle avec eux, on n’a jamais rien fait. Mais on est en train de travailler dessus. Je pense qu’aujourd’hui les garçons commencent à voir le travail qu’on fait et s’identifient naturellement à nous et on travaille ensemble. Ça vient naturellement des joueurs. Le reste, c’est indépendant de ma volonté.


“JE NE PEUX PAS M’ACCAPARER DES JOUEURS DE DIAMBARS, MAIS…”


Avez vous des joueurs provenant d’autres horizons ?

Non. Pour le moment on est concentré que sur les garçons de Diambars. Il y en a déjà beaucoup. Il faut leur donner la chance de pouvoir partir. On se concentre sur eux.

L’agent n’est pas membre de la famille du joueur mais souvent c’est tout comme. Quelle est la frontière entre sphère professionnelle et intrusion dans la vie privée de son client ? comment établir la frontière ?

Il y a une ligne de démarcation qui est claire et nette. Après ça peut être un proche avec qui on a d’excellentes relations rien ne l’empêche. Vous pouvez même être amis et c’est ce qui est d’ailleurs mieux parce qu’au moins tu vas te battre corps et âmes pour défendre les intérêts de ton joueur. C’est ce qu’on essaye de faire mais après maintenant dans l’intrusion de la vie de famille la seule chose que tu peux faire c’est de leur donner des conseils par rapport à ce que tu sais, à ce que tu sens et ce que tu vois. Et sa gestion avec sa famille directe personnellement nous on n’est pas impliquée. On peut donner un avis si tu viens vers nous nous poser des questions sur comment tu penses qu’il doit gérer sa carrière etc. Mais après ça reste des adultes et tu ne peux pas les empêcher de faire telle chose ou telle autre chose. Derrière tu développes naturellement un lien avec sa famille. Parce que quand ils ont des questions ou quand ils veulent être rassurés par rapport à certaines choses quand ça ne va pas trop tu le fais. Mais la démarcation elle est claire.

À votre image, une nouvelle génération d’agents de joueurs sénégalais fait son trou, dans l’ombre. Comment ça se passe entre vous, face à la nouvelle donne d’intrusion de plus en plus manifeste de parents/proches des joueurs et face aux pratiques de certains clubs européens et autres intermédiaires dans le circuit ?

On essaye de faire du mieux qu’on peut. Tant qu’on sait qu’on fait le travail sérieusement et honnêtement on ne se pose pas de problème. On ne se pose pas de problème dans le sens où aujourd’hui il faut savoir une chose. C’est que ce n’est pas grâce à ce métier que notre vie à nous (…) sera faite ou défaite. Ce n’est pas grâce à un joueur ou deux joueurs qu’on va réussir ou ne pas réussir. On a vu le cas avec l’un de nos joueurs qui était censé partir à l’OM justement qui a quitté le centre sans avertir ou quoi que ce soit. On n’a pas donné de suite juridique ou quoi que ce soit. Ce qu’on a fait c’est qu’on a parlé avec l’OM pour revenir aux relations entre Diambar et l’OM. On leur a expliqué clairement ce qui s’est passé et comment ça s’est passé en leur donnant toutes les preuves. Voilà donc vous avez toujours des cas dans lesquels il y’a la famille qui s’y immisce. Mais quand ça devient trop compliqué nous on laisse tomber. On laisse tomber on les laisse faire. Parce que je pense qu’on ne va pas se prendre la tête pour un joueur quand il y’en a dix autres qui sont en train de travailler sérieusement, qui s’entraînent et qui ont le même espoir, la même envie de pouvoir réussir. Donc, on ne va pas être pour concentrer notre énergie ou se bagarrer pour un joueur alors qu’il y’a le destin d’autres. Sachant que l’idée de base c’est de donner la même chance à tout le monde. Donc s’il y’en a un ou surtout la famille qui veut compliquer on les laisse gérer tout seul et on se concentre sur les autres. C’est aussi simple que ça.

Du point de vue de la concurrence, cela se passe comment ?

Non il n’y a pas de concurrence me concernant, parce que nous on se concentre que ce soit les joueurs de Diambar et notre objectif ce n’est pas d’être les plus heureux agents du continent ou du monde. Nous notre objectif c’est de pouvoir pousser les garçons qui sont dans notre structure au plus haut de leurs capacités sinon même plus. Et après si jamais ce travail est bien fait avec la qualité des joueurs, naturellement ça les propulse vers le sommet. C’est tant mieux les choses vont se faire naturellement. Derrière nous on est ouvert notamment avec les autres agents sénégalais. S’il y’a des opportunités qu’ils ont pour les joueurs on est totalement ouvert pour travailler avec eux. On préfère travailler avec eux que de travailler avec les agents d’une autre origine ou d’un continent. Donc il n’y a absolument aucune concurrence au contraire on peut donner un coup de main. Un exemple sans trop entrer dans les détails c’est qu’il y’a des agents sénégalais qui s’occupent de Pathé Ciss qui est un ex joueur de Diambar. Quand ils ont eu le problème de transfert avorté, j’ai de la peine pour eux parce que j’ai vécu ça le Mercato d’avant. J’ai tout de suite pris mon téléphone les appeler leur donner mes avis, mes conseils par rapport à l’expérience que j’ai eu de l’été précédent. Donc absolument aucune concurrence et donc nous comme je l’ai dit on a encore plus d’envie de travailler avec eux qui que ce soit.

 

Emediasn

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