Mimi casse tout (Par Mamadou Mouth BANE)

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Une première dans l’histoire du Sénégal : une ancienne Ministre de la Justice se prononce sur des chiffres dans le cadre du recouvrement des avoirs de l’Etat du Sénégal en lieu et place de l’Agent Judiciaire de l’Etat et du Ministre de l’Economie et des Finances.

La réaction du Ministre de la Justice en exercice laisse pantois.

Monsieur le Professeur Ismaïla Madior FALL, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux a servi une réponse sèche aux journalistes qui l’interrogeaient en marge du Colloque des Magistrats : « Je n’ai pas de commentaire à faire sur la question».

Mais le Ministre ne semble pas avoir compris qu’il ne lui a pas été demandé de commenter, mais de confirmer ou d’infirmer.

Sans doute, a-t-il  compris que le rôle du Ministre de la Justice doit se limiter à donner des instructions écrites au Parquet pour poursuivre, et seulement poursuivre en dehors de toute considération politique, d’améliorer les conditions de Dame Justice et des prisonniers, et d’œuvrer pour une justice indépendante et impartiale.

Le silence dans lequel s’est emmuré le Ministre de l’Economie et des Finances, Monsieur Amadou BA, combiné au démenti sans appel du Président de l’Assemblée Nationale Moustapha NIASSE qui déclare n’être au courant d’aucune Loi de finance rectificative relative aux avoirs recouvrés d’un montant de 254 Milliards affirmé par Mimi TOURE laisse apparaitre que le Gouvernement sénégalais ne semble pas maitriser ses dossiers.

Et le plus cocasse dans tout ça, est que la sortie du Porte-Parole du Gouvernement qui s’est fendu d’un communiqué laconique ne fait que jeter de l’huile sur le feu car, les chiffres avancés par Mimi TOURE, SidikiKABA et Amadou BA ne cadrent pas avec ceux avancés par le Gouvernement qui n’a pas pris soin de déterminer qui a versé combien et pourquoi ?

Dans cette quête de recouvrement, il faut souligner qu’une entorse a été faite aux règles de procédure pénale car la médiation pénale relève exclusivement, mais aussi légalement du Procureur et non du Ministre de la Justice qui n’est aucunement le représentant de l’Etat devant les juridictions, mais bien l’Agent Judiciaire de l’Etat.

Le Procureur non plus, ne s’est pas prononcé alors que sa compétence a été violemment entamée : comme qui dirait, on lui a fait un enfant dans le dos.

L’on assiste à la répétition de l’histoire si l’on se souvient du protocole de Rebeuss.

Mimi TOURE n’avait aucun soutien de la part de ses camarades de parti, à l’exception du Vice-Président de l’Assemblée Nationale Abdou MBOW et du Directeur de Cabinet du Président de la République Omar YOUM, qui ont tenu chacun un discours mesuré.

Les affidés de Mimi TOURE qui ont certes été les premiers à assurer sa protection ont plutôt fait dans la provocation en attaquant Abdoulaye BALDE et Maître El hadji DIOUF.

C’est seulement à la suite de l’article de nos Confrères de « l’OBS » titré « Mimi seule contre tous » que certains membres de l’APR jusque-là aphones se sont offerts une tribune toujours pour régler des comptes occultes et ce fut le baptême de feu de la nouvelle Task Force du Ministre Mame Mbaye NIANG.

Ils n’ont convaincu personne et restent suspendus aux répliques attendues de l’opposition.

Dans un Etat qui se respecte, aucun homme politique ne saurait avaliser les déclarations d’un ancien ministre qui s’immisce dans l’action de son successeur sans coup férir et ici, Mimi TOURE met mal à l’aise le Ministre de la Justice Ismaïla Madior FALL à qui les sénégalais demanderont toujours de s’exprimer sur la question.

Aujourd’hui, personne ne sait où se situe la vérité.

Une lecture attentive du communiqué du Porte-Parole du Gouvernement révèle que l’Etat aurait même comptabilisé des sommes litigieuses dans le cadre de procédures pendantes devant les juridictions d’instruction : absurde non ?

Le montant de 5 000 000 000 Francs dont le versement est imputé à Abas JABER n’apparait nulle part dans la Loi de finance rectificative alléguée dont on ne sait pas à quelle date elle a été effectivement débattue en plénière puisqu’une telle Loi ne pouvait échapper à l’opinion et surtout à l’opposition.

C’est pourquoi il n’est pas incohérent de dire que Mimi casse tout, car ses déclarations ne laissent personne indifférent face au mutisme du Garde des Sceaux, de l’Agent Judicaire de l’Etat, du Ministre de l’Economie et des Finances et aux déclarations non équivoques du Président de l’Assemblée Nationale.

Où est l’os ?

A vrai dire, Mimi ne semble pas avoir tout dit et nous serions tentés de réfléchir sur les remarques de certains qui voient dans ses soties une manière de se faire entendre suite à sa trajectoire inédite : Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, 1er Ministre puis simple Envoyée Spéciale à l’image de cette émission de télé d’une grande chaine française.

Le Président de la République qui doit se prononcer le 31 Décembre au soir est attendu sur la question des 254 Milliards, pactole issu de la traque des biens mal acquis qui a particulièrement marqué les premières années qui ont suivi son élection.

Et il est hors de question qu’il fasse une impasse sur le sujet car il doit donner des chiffres exacts tout en apportant tous les éléments de nature à emporter la conviction des sénégalais sinon, chacune et chacun de nous se posera toujours la même question :

Mais où est l’os ?

Dans toutes les grandes démocraties, et le Sénégal s’en vante, le Chef de l’Etat doit se prononcer sans langue de bois sur des sujets qui occupent les devants de la scène médiatique tel lorsque le Président reçoit nos lions du football après leur qualification à la prochaine coupe du monde en leur conseillant de s’abstenir des rendez-vous galants derrière les filaos.

Est-ce que les sénégalais accepteront que leurs milliards se retrouvent derrière les filaos ?

Vivement l’année 2018.

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