Marine Le Pen rate encore son pari

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Hénin-Beaumont, le 24 avril 2022. Élection présidentielle 2022 : vote de la candidate Marine Le Pen, au jour du deuxième tour du scrutin, dans le Nord.

Malgré un score inégalé pour l’extrême droite, la candidate du RN, qui a récolté 41,8% des voix, n’a pas réussi l’exploit face à Emmanuel Macron, à cause d’une fin de campagne sans dynamique.

L’extrême droite est à nouveau refusée aux portes de l’Elysée. Avec 41,8 % des voix, Marine Le Pen rate sa troisième tentative à l’élection présidentielle, distancée par Emmanuel Macron qui totalise, lui, 58,2 % des suffrages. Si le front républicain a tenu cette fois encore, la candidate améliore sensiblement son score par rapport à 2017, où elle avait déjà récolté 33,9 %. Soit presque le double des 17,8 % engrangés par son père, Jean-Marie Le Pen, en 2002, première fois que le parti à la flamme néofasciste accédait au second tour du scrutin suprême.

Marine Le Pen, rate également de beaucoup la consolation d’une défaite honorable. Ayant, pour sa troisième campagne, poussé jusqu’à l’extrême la stratégie de respectabilisation-banalisation, la cheffe de file du RN aura finalement échoué à perdre comme une candidate normale. Son rêve – perdre à la façon d’un Jacques Chirac, défait en 1988 avec 46 % des suffrages, ou d’une Ségolène Royalbattue avec 47 % des voix en 2007 – n’aura pas été réalisé.

L’abstention à 28,2%, en hausse par rapport à 2017, n’aura pas suffisamment bénéficié à la candidate d’extrême droite, qui a pourtant passé la campagne de l’entre-deux-tours à jouer du rejet inspiré par Emmanuel Macron chez une large partie de l’électorat. Mettant sous le boisseau les aspects les plus xénophobes de son programme, jouant de l’euphémisme et de la dépolitisation de son image, Marine Le Pen a autant cherché à séduire une partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon qu’elle s’est efforcée à décourager ceux tentés de faire barrage. Ses atermoiements sur l’interdiction du voile dans l’espace public – ou en tout cas la tentative de faire croire qu’il ne s’agissait plus d’une priorité pour elle – auront été le symbole de cette stratégie en trompe-l’œil. De main tendue vers les partisans d’Eric Zemmour, il n’y a pas eu. Marine Le Pen a également tourné le dos aux (maigres) troupes de Valérie Pécresse, campant sur sa dénonciation de la retraite à 65 ans promise par Emmanuel Macron. Un épouvantail bien plus sûr, pour la droite, que la mise en place de la préférence nationale. Au fil des deux semaines, la candidate aura perdu 10 points chez les fans du polémiste (passant de 85 à 75 % de report), sans pour autant en gagner du côté de l’insoumis (autour de 19 % d’entre eux confiaient leur intention de voter pour l’extrême droite). Pour le reste, une campagne sans dynamique ni ralliement n’aura pas permis à Le Pen de transformer l’essai. Ou au moins, de sauver l’honneur.

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