«Maraboutée» avant son départ pour la France: Le courage de Grace, prostituée à 10 ans, qui a osé dénoncer ses exploiteurs

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Un voyage pour le sordide. Grace* a 9 ans quand elle perd ses parents. Une des clientes du salon de coiffure au Nigeria où cette fillette rend de menus services lui propose de rejoindre sa fille installée en France. Officiellement pour travailler dans le monde de la coiffure. Au prix d’un périple éprouvant au cours duquel elle explique avoir échappé à une tentative de viol en Libye, la petite orpheline arrive à Paris en 2014. La promesse de salon de coiffure est évidemment une illusion : âgée de 10 ans à peine, Grace est enrôlée dans un réseau de prostitution nigériane.

Six personnes soupçonnées d’avoir participé à deux réseaux parallèles actifs en Ile-de-France, à Rouen (Seine-Maritime) et à Lille (Nord) comparaissent à partir de lundi devant la cour d’assises de Paris. Parmi elles, trois femmes – dont « Angel », celle qui a fait venir Grace – seront jugées pour traite d’être humain en bande organisée, un crime passible de 20 ans de prison. Une dizaine de victimes ont été recensées.

«Maraboutée» avant son départ pour la France
Avant de partir, comme toutes les victimes de cette forme de proxénétisme dont les tribunaux français ont désormais l’habitude, Grace a été soumise à une séance de « juju ». C’est-à-dire une cérémonie « religieuse » de conditionnement : dénudée, recouverte d’une poudre noire, la fillette a été contrainte de manger le foie d’un poulain et de boire de l’alcool. Objectif d’une telle séance de maraboutage : menacer la victime des pires malheurs (mort ou maladie) si elle ne rembourse pas la dette de son voyage. Pour Grace, le prix a été fixé à 40 000 €, une somme évidemment très supérieure au coût de son trajet.

Selon ses dires, la fillette, dont le courage a permis le démantèlement de ces deux réseaux en dénonçant les faits à la police, effectuait une vingtaine de passes par nuit, au Bois de Vincennes ou rue St-Denis. Chaque jour elle devait remettre 600 euros à « Angel » et le dimanche 1 000 euros. Sans compter les 650 euros mensuels pour l’hébergement dans un pavillon de Goussainville (Val-d’Oise) où elle partageait une chambre avec trois autres filles dans la même situation qu’elle.

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