Macky Sall tacle les «Revueurs» de Presse

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Les «revueurs» de presse ont fait l’objet de critiques acerbes de la part du chef de l’état hier, lors de la cérémonie officielle d’ouverture de la 50e édition des assises de l’union internationale de la presse francophone (upf). Selon lui, ces journalistes théâtralisent l’information et dénaturent les faits.

Présidant hier la cérémonie officielle d’ouverture de la 50e édition des assises de l’Union internationale de la presse francophone (UPF), le Président Macky Sall a sévèrement taclé les journalistes qui font la revue de presse chaque matin dans les radios. «Au Sénégal, on a une catégorie. Je ne sais comment on la qualifie. C’est une sorte de revue de la presse parlée. En fait, quelqu’un prend les titres des journaux et les théâtralise. Alors rien que sa revue constitue l’évènement, l’actualité. Et vous en avez de toutes sortes. Et peutêtre que les enseignants du Cesti, ceux qui forment les journalistes doivent peut-être pouvoir théoriser ce nouvel apport. C’est tellement vrai que certains ont pu être élus. Ils sont devenus des députés et des maires. Je ne les citerai pas parce que j’en ai des amis, des jeunes frères. C’est une catégorie journalistique nouvelle, mais il n’y a aucun fait. On prend des titres, on théâtralise ; tôt le matin, on fait l’actualité. Et le public est agressé à longueur de journée. Des faits qui n’ont aucune réalité», a déclaré le locataire du Palais.

Ces propos du président de la République ont fait réagir le Directeur des Études du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI), Mouminy Camara. «Lors de la cérémonie d’ouverture des 50es Assises de l’Union internationale de la presse francophone (UPF), le président de la République a cloué au pilori la revue de presse ‘’théâtralisée’’ non pas par le contenu mais plutôt par le ton considérée comme une ‘’catégorie journalistique nouvelle’’ dont d’aucuns se seraient servis comme un promontoire politique. Il a fustigé cette revue de presse dévoyée qui semble avoir fini de faire le lit d’une certaine presse en convoquant une boutade : ‘’(…) peut-être que les enseignants du CESTI, ceux qui forment les journalistes doivent pouvoir théoriser ce nouvel apport…’’ Au-delà du constat avéré, le fait n’est pas nouveau et semble cristallisé par les mutations profondes du secteur des médias investi par des acteurs iconoclastes. Déjà en juin 2015, le CORED posait, dans le cadre de son deuxième Cas d’école, sur ‘’la revue de presse : un genre chahuté au Sénégal’’, les jalons d’un travail réflexif autour des normes et des pratiques journalistiques», a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Poursuivant, Mouminy Camara ajoute : «Cette invite à une introspection collective est poursuivie par le professeur Ndiaga LOUM (UQO) dans une ‘’Petite réflexion sur la théâtralisation des revues de presse ou culture de la facilité’ ’Il montre que le ver est dans le fruit en mettant à nu principalement deux erreurs à l’origine de cette forme de communication adossée à des ‘’facilités cumulées : le gain facile; le succès facile; le travail facile’’. Le premier est l’accaparement des supports médiatiques par des marchands faisant fortune ailleurs, et qui font de l’information un bien de consommation comme n’importe quelle marque de lessive ou un produit alimentaire accessible au plus grand nombre. Le deuxième est la perte d’autonomie des professionnels ‘’formés à bonne école’’ qui, réalistes, ont compris l’étroitesse de leur marge de manœuvre depuis que le vrai rédacteur en chef n’est pas le journaliste, mais le ‘’patron’’ actionnaire majoritaire ou exclusif qui ouvre les vannes du compte à sa guise. En dernier ressort, nous pensons que pour comprendre pourquoi elle (la presse) se tait, étouffe ou encense à satiété au point de verser vertigineusement dans le conflit d’intérêts, il faut juste savoir qu’ils ont acheté la presse. (Benjamin Dormann). A force d’être si proche du pouvoir, la presse finit par ne plus être un contre-pouvoir crédible».

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