Lettre au Conseil Constitutionnel (Par Fadel Barro)

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Je vous présente mes compliments ainsi que la déférence particulière de tous les membres du Mouvement citoyen Jammi gox yi, que j’ai l’insigne honneur de représenter ici.

Nous aurions souhaité ne pas avoir à le faire mais les circonstances nous obligent à adopter une forme communicationnelle qui, cette fois-ci et pour l’histoire de l’institution judiciaire que vous représentez, vous rappellera l’attente et la soif de Justice de simples citoyens qui osent encore placer en vous un brin d’espoir.

Avec les membres de Jammi gox yi, nous avons choisi de ne pas polémiquer avec le Conseil Constitutionnel ; notre prétention n’est pas à ce point démesurée. Nous optons plutôt pour une série de questions à vous exposer afin que le Conseil Constitutionnel mesure pleinement à quel point ces interrogations dépassent nos personnes. Elles reflètent surtout des enjeux cruciaux pour la démocratie sénégalaise, pour la stabilité politique de notre nation et, suivant le niveau de conscience qu’a l’institution judiciaire par rapport à son rôle et sa place, pour la paix sociale et l’espérance qui doit habiter chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais.

Ces questions les voici, Monsieur le président :

Dans le Considérant 3 de votre Décision n°3/E/2022, le Conseil Constitutionnel (CC) reconnaît bien que M. Diémé a été désigné comme mandataire national. Mais, dans le Considérant 4, le CC évoque une erreur du ministre de l’Intérieur, pensant que c’est M. Corréa qui a déposé notre dossier. S’agit-il d’un manque de rigueur de la part de notre administration ou y a-t-il, comme le pensent certains compatriotes, un acharnement pour jouer le jeu de certains politiques gênés par la présence de notre liste de candidatures dans certains départements, notamment à Kaolack, ou encore à Goudomp ?

Saviez-vous que Jammi gox yi n’a pas eu l’opportunité d’être reçu par la Dge afin de confronter les observations de la Commission de réception des listes de parrainages (étape 1) et avant la Décision de rejet prise par le ministre de l’intérieur ? Pourtant, bien d’autres coalitions ont eu cette possibilité de remplacer les doublons relevés et de s’enquérir de la fameuse formule «Autres motifs». Lorsque notre mandataire national a enfin pu accéder à la Dge, quelques explications lui ont été fournies mais, ceci, après qu’il lui ait été remis la Décision du Ministre portant rejet de notre candidature. Question, cher CC, comment qualifiez-vous ce traitement inéquitable et anti-démocratique ?

Cela fait partie des griefs que nous aurions souhaité porter à votre attention, pensant que vous, Conseil Constitutionnel, sauveriez l’honneur du pilier démocratique que constitue votre institution. Au moment où nous vous adressons cette lettre, la justice de notre pays est en lambeaux à plusieurs égards. Les affaires Khalifa Sall, Karim Wade, Frank Timis et Aliou Sall ont fini de saper durablement la confiance que nous, Sénégalaises et Sénégalais, avons vis-à-vis de notre pouvoir judiciaire. De plus en plus, nos concitoyens préfèrent se faire justice eux-mêmes plutôt que de s’adresser à la Justice, engageant ainsi le pays dans une spirale de violence qui ne préservera guère «Dame Justice», non plus.

Concernant toujours ces “Autres motifs”, qui justifieraient que la Dge ait rejeté certains de nos parrains, invalidés car n’étant soi-disant pas sur le fichier électoral. Cher CC, comment un citoyen sénégalais peut-il disposer d’un numéro d’identification nationale (Nin), d’un numéro de carte d’électeur et des autres informations contenues dans la carte nationale d’identité, avoir bel et bien participé aux élections locales de Janvier 2022 – certains ont même été élus dans leurs communes respectives – et, en Mai 2022, être déclaré «non électeur» ou absent du fichier électoral ?

Faut-il évoquer les Sénégalais.e.s de la Diaspora qu’on nous a “offerts” comme parrains sans que nous les ayons produits dans nos listes de parrainage ?

Plus largement, une telle situation nous inquiète fortement, en tant que citoyennes et citoyens. Combien de «fichier général» existe(nt) réellement pour constituer la référence ? Des citoyens ne risquent-ils pas de ne pouvoir exercer leur droit de vote le jour du scrutin si, par surprise, ils apprenaient qu’ils ne figurent pas/plus sur le « fichier général » ? Qui les en a retirés, sans fondement légal et à leur insu ?

Souhaiteriez-vous que Jammi gox yi publie à la face du monde les limites ubuesques que notre mandataire, ingénieur informaticien, a relevé dans le système utilisé pour les parrainages ? En citoyen épris de Jàmm et qui ne souhaite que le meilleur pour leur nation, nous nous sommes jusqu’ici gardés de ternir l’image de notre Administration électorale ; parce que nous comptions sur le CC pour dire le droit et rétablir la justice et l’équité. Mais, si cela est votre souhait, nos «Observations internes» seront publiées très largement. Les Sénégalais ainsi que les partenaires du Sénégal désenchanteront au quart de tour.

A votre décharge, Jammi gox yi a essayé de faire l’hypothèse selon laquelle votre décision a été biaisée de bonne foi. Peut-être que l’autorité électorale ne vous a pas fourni un fond de dossier complet ; ce qui vous aurait permis de relever que, dans la lettre de désignation du mandataire que j’ai moi-même signée et mise à la disposition de la Dge, il a clairement été mentionné que notre mandataire national est bien monsieur M. Diémé, M. Corréa étant son suppléant. Il n’y avait pas autre chose ! Fort heureusement, vous vous êtes bien rattrapé en acceptant notre re-saisine.

Ramenez-nous dans le droit, svp ! Les Sénégalaises et les Sénégalais ont soif de justice. Vous avez de quoi étancher leur manque pour rétablir la confiance entre les citoyens et vous : Le pouvoir judiciaire.

Arrêtez ce massacre de notre État de droit et Décidez. Pas pour vous, mais pour vos enfants et les enfants de vos enfants qui héritent et qui hériteront de la décision que vous allez rendre. Décidez de la situation de leur pays, ce Sénégal qui, il y a naguère, affichait si fièrement l’exceptionnalité de sa démocratie et de ses institutions. Est-ce que vous allez laisser les générations montantes hériter d’un pays où le droit est piégé par ses élites qui s’accrochent exceptionnellement aux avoirs et aux pouvoirs ?

Le Sénégal est un leg, aidez-nous à préserver sa stabilité qui fait son charme et sa seule vraie richesse. Il vous suffira, honorables juges, de rester dans l’esprit de la loi constitutionnelle qui protège le droit pour chaque sénégalais de concourir aux suffrages.

Cet honneur que vous avez de servir le Sénégal, de grâce témoignez-en, aujourd’hui et pour la postérité.

Dans cet espoir, Jammi gox yi vous présente, par ma voix, sa plus parfaite considération.
Ba Baneen.

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