Législatives : l’abstention, grande gagnante du premier tour

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Comme annoncé par les instituts de sondage, le taux d’abstention de 52,49 % enregistré au premier tour des élections législatives, dimanche, marque un record, dépassant d’un point le précédent de 2017. Un enjeu majeur pour les candidats en lice au second tour, qui vont tenter de remobiliser les électeurs pour se déplacer aux urnes une quatrième fois en deux mois.

Alors que les deux forces arrivées en tête du premier tour des élections législatives, l’alliance présidentielle Ensemble! (25,75 %) et la coalition de gauche Nupes (25,66 % des voix) se jettent déjà dans la campagne du second tour, elles auront pour gageure de remobiliser l’électorat. Dimanche 12 juin, en effet, 52,49 % des électeurs ne se sont pas déplacés pour aller voter, un record pour des législatives.

“Nous sommes dans un système où l’élection présidentielle a pris une telle place que les électeurs considèrent que les jeux sont faits lorsque le président est élu”, explique sur France 24 Martial Foucault, directeur du Cevipof et politologue à Sciences Po. Moins personnalisées et moins lisibles que la présidentielle, les élections législatives pâtissent depuis 30 ans du désintérêt des électeurs, tout comme l’Assemblée nationale voit son rôle souvent éclipsé par celui du gouvernement.

Des facteurs encore renforcés depuis 2002 quand un changement de calendrier électoral a fait s’aligner les législatives juste après la présidentielle, ne laissant que très peu de temps entre les deux scrutins. “L’enchaînement de quatre élections, les deux tours de l’élection présidentielle, et maintenant ceux des élections législatives, a écrasé la participation”, analyse ainsi Martial Foucault.

Un tel taux d’abstention pose des questions en termes démocratiques, s’inquiètent le spécialiste, qui considère ces élections législatives comme “fondamentales”, puisqu’elles “permettent d’élire les représentants qui vont fabriquer la loi”. Selon Martial Foucault, “il y a quelque chose de paradoxal, parce qu’une partie des Français qui ne votent pas reprochent au président Macron une forme d’exercice solitaire, voire autoritaire du pouvoir. Or, l’Assemblée nationale est le lieu d’expression des contre-pouvoirs. On se demande si les Français sont encore politisés, car l’occasion qui leur est donnée d’envoyer leurs représentants à l’Assemblée nationale ne les incite pas à participer.”

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