Le procès du peuple. (Par Amadou Siga Faye)

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Il arrive dans la vie de chaque peuple des moments cruciaux qui expose ses forces ou étale ses faiblesses. Le plus souvent, c’est pendant les moments de crise. La crise actuelle du coronavirus est une épreuve pertinente, judicieuse et opportune dans la mesure où ce si petit virus est parvenu à mettre en exergue les grandes tares et les innombrables défis du peuple sénégalais, mais pas seulement.

A cet effet, le constat d’un pays à reconstruire est plus que jamais évident et doit se comprendre comme une nécessité vigoureuse qui interpelle notre vivre ensemble et notre avenir.

Le discrédit déjà âgé sur la politique n’est malheureusement pas en articulation avec une prise de conscience nécessaire, avérée des défis à relever. Car, comme s’y plait l’homo “senegalensis”, on rejette toujours la faute sur l’autre.

Tenant les seuls politiciens pour responsables de notre situation, nous ignorons notre grande part d’implication dans notre échec collectif, dans la construction de cette nation qui non seulement a raté son envol mais semble encore incapable de le trouver. Et donc sommes assez loin pour ne jamais satisfaire notre idéal de changement.

Senghor, Diouf, Wade, Sall et tous leurs gouvernements peuvent, tous, faire l’objet de reproches mais le plus grand reproche doit porter sur nos séculaires comportements qui traversent encore toutes ces mandatures réunies et qui font que nous méritons toutes les peines qu’ils nous ont infligées et peuvent encore nous infliger et dont la plus visible est la dilapidation de nos ressources et de nos pas encore ressources.

Si nous sommes un peuple de  fainéants, de menteurs, de corrupteurs, de corrompus, de tricheurs, d’opportunistes, de profiteurs, de colporteurs de potins (comme l’aurait très sagement dit le juge feu Kéba Mbaye) ; devons-nous espérer, on ne sait par quel supposé miracle, arriver au changement, à l’émergence et à une transformation positive du pays ?

Si nous ne connaissons que très mal nos marabouts pour lesquels nous sommes prêts à nous battre, physiquement quand l’occasion n’en manque pas et verbalement surtout en période de Ramadan où certains de nos médias ne manquent pas d’attiser cette haine réciproque, cette jalousie viscérale mutuelle, ce fanatisme humain qui tarit, sans même le savoir, la source de notre salut et déplume les ailes qui couvent la cohésion et la paix sociales ; sommes-nous un peuple qui mérite le salut ?

Nous avons toujours misé sur l’aptitude de nos dirigeants politiques à nous mener au développement. Hélas !

Aujourd’hui, nous devons faire le choix de nous y mener par nous-mêmes en changeant d’abord nos comportements. Et ce changement est possible.

Car comme Il est dit dans le Saint Coran: « En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les (individus qui le composent) ne modifient pas ce qu’est en eux-mêmes ».

Ce changement  nécessite d’abord une part d’abandon de nos habitudes, de nos envies, de certains sinon des plus grands de nos vices.

Ce changement ne dépend que de nous.

Aimons-nous les uns, les autres.

Mettons l’intérêt du plus grand nombre au-dessus des nôtres.

Disons du bien de nos voisins, de nos amis, de nos connaissances.

Arrêtons de les espionner pour savoir ce qu’ils amènent au marché, ce qu’ils mangent, ce qu’ils ont, ce qu’ils font, ce qu’ils… pour en faire des objets de discussions et de stigmates.

Cessons les infamies qui ornent notre quotidien, tolérons ceux que nous rencontrons dans les transports, au marché, dans la rue…

Et, nous n’aurons même plus à nous plaindre de nos politiques qui sont des prototypes réussis de l’échoué Sénégalais. Ainsi, nous serions, nous-mêmes, ce changement et de ce seul fait, il sera possible.

Restons ce que nous sommes et nous resterons ceux que Machiavel n’a pas manqué de prévenir en disant : « « les hommes changent volontiers de maître, pensant rencontrer mieux ».

D’ ailleurs les évènements en cours au Mali voisin montrent la force et une certaine détermination du peuple malien mais ses faiblesses n’en demeurent pas moins présentes.

Il veut changer de maître mais le soulagement du peuple n’en est pas plus garanti. Du moins, tant que les querelles identitaires internes et les vices populaires restent inchangés et sans solution.

Que la grande paix revienne au Mali ! Que le Sénégal (et par-délà l’Afrique) reprenne ses esprits et se donne les moyens de son salut en suivant les voies tracées par Axelle Kabou!

Mais, pour cela : « Soyons le changement que nous désirons ».

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