La guerre par procuration de Khalifa contre Tanor

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Le « syndrome Afp » guette le Ps. Les derniers évènements survenus à Dakar entre les Maires socialistes Khalifa Sall, Alioune Ndoye et Barthélémy Dias sont symptomatiques de la crise interne qui couve au sein du Ps. Ces élus socialistes de Dakar opposent une résistance farouche à un projet du Gouvernement sous la houlette du ministre du Cadre de vie, Diène Farba Sarr. Ils pensent qu’il y a dans cette affaire, un forcing des autorités étatiques destiné à bafouer leur autorité.

Le Maire qui s’est fendu d’un communiqué, hier, soutient qu’il fera face avec ses alliés au projet et donne rendez-vous dans les prochains jours. Toutefois, ce qui peut inquiéter dans cette démarche, c’est que Khalifa Sall a voulu donner un autre visage de lui-même. Il a laissé entendre que les qualificatifs de légaliste ou de « ragal » (peureux), qui lui sont collés à la peau ne sont que des stéréotypes. Avec un discours guerrier souvent noté chez Barthelemy Dias, soncompagnon dans cette lutte,le maire de Dakar ouvre les hostilités avec le régime de Macky Sall mais aussi avec son mentor Tanor.

Car, est-il besoin de la rappeler, le Secrétairegénéral du Ps, au regard de ses dernièresdéclarations dans la presse, n`accorde pas, outre mesure, une oreille attentive aux exigences des frondeurs pour qui c`est Khalifa Sall, le Maire de Dakar qui doit être leur candidat à la prochaine présidentielle. Au demeurant, tout indique que cette question de la candidature du parti est souvent repoussée au cours des réunions du bureau politique.

Cet état de fait exaspère les socialistes dont bon nombre d`entre eux, les plus téméraires, s`épanchent dans la presse pour dire que le parti doit prendre position. D`autres, plus discrets s`interrogent en privé sur l`opportunité de ce mutisme. Les jeunes socialistes notamment de Dakar égratignent le régime sur des questions brulantes de l`heure comme la date du referendum et les réformes constitutionnelles.

C`est dire que tous les ingrédients d`une rupture avec le régime sont réunis. Mais la collaboration continue parce que le Socialiste en chef le veut. Ses relations avec Macky Sall qui, apparemment lui fait confiance et compte sur son soutien, pèsent lourd dans la balance. A l`image de ce qui c`est passé avec Moustapha Niass, Tanor tient à renvoyer l`ascenseur àun jeune président qui lui vous un respect et une considération qui rend tout projet de rupture particulièrementamère.

Pousser Tanor à choisir son camp Pourtant, il sait que le parti aura un candidat. Or, plus le temps passe, moins cette candidature sera cohérente et le discours de campagne acceptable. Il sait aussi que la déclaration officielle de candidature signifie le départ du gouvernement et une rupture des relations avec Macky Sall. Alors,en remettant aux calendes grecques cette déclaration de candidature Tanor contribue à diminuer les chances de succès du futur candidat, fut-il lui-même.

Toutefois, nous sommes en politique et il est important de souligner que les sentiments n`expliquent pas tout. Un calcul politique sous-tendnécessairement une telle démarche. Dès lors, on peut se demander ce qui, outre mesure,détermine le Secrétairegénéralà se comporter de la sorte. A cette question, il est le seul à pouvoir y répondre avec exactitude. Mais on peut cependant soupçonner qu`il accorde peut peu de crédit aux chances réelles de son parti de revenir au pouvoir au cours de cette prochaine présidentielle.

Des études de sondage de cabinets sérieux et d`autres paramètres d`évaluation peuvent lui permettre de ne pas nourrir un grand optimisme. Il s`y ajoute les fonds de campagne et la caution qui sont un vrai casse-tête pour les futurs candidats. La question qui se pose à ce niveau est de savoir si le parti est encore solvable. Certes, il est bien structuré et organisé, mais les cotisations de militants ne peuvent plus faire vivre un parti. Or, comme tout le monde le sait, l`argent est le nerf de la guerre.

Et que malheureusement, les mœurs politiques dans notre pays sont telles qu`il faut des centaines de millions pour battre campagne même si les hommes politiques rechignent souvent à en parler. Mais toutes ces réserves, bien fondées, ne sont pas forcément celles des autres cadres socialistes. Le parti est en train de se scinder en pro et anti-Tanor, en tout cas sur la question de la candidature de Khalifa Sall.

Alors, ce dernier et ses souteneurs, las d`attendre, veut en finir non pas avec Tanor en personne, mais avec sa méthode. Ils préparent la révolution en douce et l`un des actes forts posés et de s`attaquer directement au régime de Macky Sall. Les travaux de la place de l`indépendance sont un prétexte parmi d`autres. La Mairie de Dakar a subi beaucoup d`affronts de la part des autorités centrales.

Du vote du budget au blocage de certains projets, beaucoup de bâtons ont été mis dans les roues de Khalifa Sall. Aujourd`hui le Maire se rebiffe, attaque, menace. Il est entré pleinement en guerre non pas seulement contre Diene Farba Sarr et Macky Sall, mais aussi contre Ousmane Tanor Dieng. Nous avons là ce qui apparait comme une guerre par procuration qui risque de déboucher sur un affrontement frontal dans les rangs du parti.

Car, il sera difficile pour Tanor de ne pas réagir pour prendre position sur un conflit qui pourrait déboucher sur des arrestations et même un procès. Car,la Mairie de Dakar n`a pas les moyens de s`opposer àl`Etat. Or, toute déclaration de condamnation du chef socialiste de la démarche de Khalifa et de ses compagnons sonnera comme une trahison, à leurs yeux. Comme quoi, la stratégie, ici, c`est de pousser Tanor à choisir son camp…
Dakarmatin

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