La dernière sortie des Saltigué du Malango (Fatick) continue de faire des vagues. La prédiction faite sur le Président de la République Macky Sall (cf. «Il ne sera pas élu en 2019», n’est pas partagée par le Président de l’Association des Saltigués du Sine et du Saloum. Koromack Faye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, affiche une posture neutre. Entretien à bâtons rompus.
Koromack Faye, Président des Saltigué du Sine et du Saloum.
Oh !(Rires). Ça, ce n’est qu’un simple titre de gloire, d’honneur. On me considère comme tel, mais en réalité, je n’ai aucune emprise sur eux, aucune influence sur leurs décisions. Dans chaque localité, il y a des Saltigués membres de cette association qui ont un Président à qui ils obéissent au doigt et à l’ongle.
Le Sénégal est comme victime, aujourd’hui, de malédictions à cause de la survenue d’incendies, de noyades et autres calamités. Quelle explication vous donnez ?
La source fondamentale de tout cela est l’œuvre du diable, de Satan et des djinns qui ont réussi à faire irruption dans notre pays. Ces mauvais esprits ont quitté des pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali ou encore le Burkina Faso pour nous envahir.
Comment faire donc pour être à l’abri de ces «esprits» ?
Je dis qu’il faut opérer un retour aux valeurs traditionnelles qui nous sont propres.
Soyez plus explicite.
Je vous donne un exemple banal. Si vous habitez dans une maison avec de jeunes garçons valides et que vous ne leur vouez aucun respect ; si un jour, des bandits viennent dans votre chez-soi pour vous agresser, sûrement que vous n’aurez pas leur aide.
C’est-à-dire…
C’est que la vérité est que, au Sénégal, les gens ne respectent plus les esprits protecteurs, les «rabbs». Et c’est là où le bât blesse !
Quoi ?
Moi ? Je m’adresse à des gens pourvus de raison comme le Bon Dieu l’a même dit, je cite : «Je m’adresse à des personnes douées de raison». En vérité, la principale cause de ces calamités qui s’abattent sur nous, aujourd’hui, trouve son origine sur l’agression poussée et sauvage de nos forêts. La plupart des arbres qui, jadis, servaient de refuges aux esprits protecteurs, sont dévastés. Ils se révoltent alors contre nous. Ils n’ont plus où trouver asile. Ils ne nous protègent plus et envahissent nos routes, nos marchés, les lieux de rassemblement pour faire montre de leur courroux. C’est ça la vérité, la réalité. L’autre exemple que je donne pour vous faire comprendre, est que à ce jour, beaucoup de nos concitoyens n’ont aucun respect vis-à-vis de nos hommes de l’ordre. On n’a pas besoin d’eux en temps de paix, de stabilité. Mais, si un problème survient et dégénère, on fait appel à eux pour nous protéger contre l’ennemi. C’est exactement cela. Les esprits protecteurs, on leur doit révérence.
N’est-ce pas là les germes du paganisme dans un pays comme le Sénégal majoritairement musulman ?
Quoi ? Dans les pays arabes qui ont été islamisés depuis plus d’un millénaire, on reste sur ces réalités-là. Par exemple, dans mes voyages, il arrive qu’on fasse appel à moi pour exorciser les mauvais esprits sur les routes et autres endroits.
Dernièrement, certains de vos «collègues» ont annoncé la chute du Président de la République.
Cela n’entre pas dans mes attributions de dire qui restera au pouvoir ou qui sera (ré)élu. Ma mission consiste à aider les populations dans le sens de leur protection contre les mauvais esprits et autres. Ce qu’ils prédisent ne m’engage pas. Moi, je n’ai aucun problème particulier avec l’Etat. Je ne me mêle pas vraiment à ces histoires. J’adopte une posture neutre. Je veux toujours être à équidistance entre les différentes chapelles politiques. N’empêche, je compte des amis dans le gouvernement comme dans l’opposition. Ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais donné de pronostic, même sur les combats de lutte.
Quelle aumône vous prodiguez pour exorciser ces esprits ?
Pour l’hivernage à venir, j’invite tous les chefs de famille à préparer et donner en aumône (particulièrement aux personnes pauvres) du riz blanc, trois (3) jeudis durant ; à défaut, des plats de couscous. Une partie des Djinns va prendre sa part. Pour les pêcheurs, je leur recommande d’attacher sur leurs pirogues qui doivent les conduire en mer, une bouteille de couleur blanche et un morceau de tissu rouge avec un petit miroir à bord. Je termine par présenter mes condoléances les plus attristées aux familles des victimes des incendies du «Daaka» de Médina Gounass et dans les autres localités du Sénégal, mais aussi aux familles des naufragés de Bettenty et de Thialy.
Avec rewmi.com
