L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’en 2020, le tabac est la principale cause de décès et d’incapacité, avec plus de 10 millions de victimes par an. Le tabagisme entraîne plus de décès à travers le monde que le Sida, la tuberculose, la mortalité maternelle, les accidents de voiture, les suicides et les homicides combinés. C’est pourquoi, la Journée mondiale sans Tabac vise à mettre l’accent sur le rôle décisif joué par les professionnels de la santé dans la lutte anti-tabac. Ces derniers, à l’instar de la Ligue Sénégalaise contre le Tabac (Listab), sont en effet en contact avec un pourcentage élevé de la population pour lutter contre le tabagisme au Sénégal.
Dans un entretien accordé à Dakaractu, le secrétaire général de la Listab, Djibril Wélé a apporté des éléments de réponses par rapport à l’évolution du fléau et aux questions relatives aux conséquences du tabagisme sur le plan social et économique au Sénégal.
Où en est le Sénégal par rapport à l’application de la loi sur l’interdiction de fumer en public?
Djibril Wélé: « En 2014, le Sénégal avait voté une loi qui interdisait de fumer sur les lieux publics. Mais l’application n’est pas effective. Donc, il y a des récalcitrants même dans certains établissements qui respectent la loi ».
Y-a-t-il des mesures contre les nouvelles formes de tabac utilisées par les jeunes et les femmes ?
Djibril Wélé: « Des mesures ont été prises dans la nouvelle loi qui a été révisée récemment à savoir la cigarette électronique tel les chichas et autres. La loi révisée a pris en compte ces nouvelles cigarettes afin d’interdire leur vente et leur consommation ».
« La dernière enquête révèle que chez les jeunes âgés entre 10 et 13 ans qui fument, on a un pourcentage de 11% chez les garçons et 6% chez les filles. Cette tendance est liée aux nouveaux produits du tabac émergents tels les cigarettes électroniques. 67% de ces produits sont achetés via les réseaux sociaux. Ils sont très accessibles pour les jeunes ».
Y a-t-il des études par rapport à l’usage du Tabac et leurs conséquences sur les femmes au Sénégal ?
Djibril Wélé : « Il n’ y a pas assez d’études sur le tabagisme. Les seules études qui existent, c’est par rapport à la prévalence. Le tabagisme chez les adultes c’est un demi million de sénégalais fumeurs soit 0,6% de la population adulte.
Selon l’enquête de 2022, les enfants commencent à fumer à l’âge de 7 ans.
Sur le plan économique le Sénégal perd chaque année 122 milliards en retour les industriels du tabac rapportent 24 milliards (salaires et taxes). Si on fait la différence, le Sénégal est le grand perdant. Le tabagisme cause de nombreux décès. On enregistre 4000 décès liés au tabac».
Qu’est-ce que vous proposez pour éradiquer ce phénomène, surtout la cigarette électronique ?
Djibril Wélé: « La seule façon de lutter contre ce fléau est de voter la loi révisée qui est déjà dans le circuit. Et prendre des mesures visant à réglementer ses produits. Mais ça sera très difficile car tous les jours les industriels sortent de nouveaux produits. Il faut aller vers de nouvelles dispositions pour protéger la jeunesse. Dans la loi, il sera très difficile pour nous de combattre ce fléau qui gangrène la société. L’Assemblée Nationale a été sensibilisée dans ce sens et les parlementaires attendent que la loi arrive pour faire le nécessaire.
Qu’attendez vous des nouvelles autorités par rapport aux taxes sur l’industrie du Tabac ?
Djibril Wélé: « Nous avons mis deux projets sur la table du nouveau gouvernement. Nous attendons que cette loi révisée qui prend en compte les cigarettes électroniques puisse être validée en conseil des ministres et votée à l’Assemblée nationale.
Aussi l’effectivité du projet de taxe parafiscales dans la santé comme dans de nombreux domaines. Nous avons préparé tous les documents à l’appui pour que le président de la République puisse signer un décret instituant une taxe parafiscale afin de créer un fond dédié à la lutte des maladies non transmissibles et même à la promotion de la santé pour nous permettre de lutter contre le tabac.
Dkaractu