Japon: l’empereur Akihito et le lourd héritage de son père Hirohito

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Il devait parachever la paix et réinventer sa fonction dans le sillage de son père, figure de la Seconde Guerre mondiale restée « tenno », empereur du Japon, jusqu’en 1989. C’est ce que Akihito s’est employé à faire pendant plus de 30 ans, avant d’obtenir du gouvernement Abe, plus conservateur que lui, l’autorisation de passer le relais à son propre fils Naruhito de son vivant.

Son père Hirohito, 124e descendant de la lignée partiellement légendaire des Yamato, avait été chargé d’apporter une ère de « paix éclairée » à l’archipel du Japon. Tel était le nom officiel donné à son règne, à ses prémisses en 1926 : « ère Showa » ; et tel est depuis sa mort, en janvier 1989, le nom d’usage pour désigner ce personnage historique : « Showa Tenno », l’empereur Showa. Sauf que le règne de Hirohito, le plus long de l’histoire du pays, fut aussi le plus tourmenté.

Après la Seconde Guerre mondiale et les deux bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki, une « paix éclairée » a néanmoins remplacé de fait le militarisme et l’expansionnisme d’avant-guerre à Tokyo. Et cette ville est finalement devenue la capitale d’une puissance économique et culturelle de tout premier plan. Ce fut la deuxième phase de l’ère Showa, après l’acceptation publique de la défaite par l’empereur en 1945, son renoncement au statut de dieu vivant en 1946, et son retrait définitif de la vie politique en 1947.

C’est sous le poids de ce passé, la quête spirituelle et temporelle de son père, la fin de l’époque impériale la plus politique de l’histoire des Yamato, qu’Akihito s’installe sur le trône du chrysanthème en 1989-1990, dans un Japon démocratique et prospère où sa famille reste en retrait. Il naît pourtant le 23 décembre 1933 dans un pays très différent ; en témoignent les festivités organisées pour son 10e anniversaire en 1943. Il a 13 ans lors de la publication, le 1er janvier 1946, du « Ningen-sengen », la « déclaration d’humanité » d’Hirohito.

Après avoir découvert à la radio – pour la première fois – la voix de leur empereur annonçant la défaite à peine quelques mois plus tôt, des millions de Nippons traumatisés découvrent désormais sous sa plume, sur injonction américaine, que les liens qu’il entretient avec le peuple du Japon « ne se réduisent pas à de simples mythes ou légendes », ni ne reposent « sur les conceptions fantasques qui font de l’empereur une divinité révélée (akitsumikami) et des Japonais un peuple supérieur à tous les autres ou destiné à dominer le monde ».

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