Intellectuels ou effet de halo? (Par Mouhamadou F. Ndiaye, Ousseynou Diop et Aminata Diop)

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A l’entame de nos propos, nous voudrions à la suite des événements malheureux
survenus récemment,
– Présenter nos sincères condoléances à toutes les familles éplorées ;
– Condamner les actes de violence au sein de nos universités
– Exprimer toute notre compassion envers les blessés et les personnes qui ont perdu
leurs biens matériels
– Manifester notre solidarité aux forces de défense et de sécurité de leur posture
républicaine.
À l’instar de nombreux Sénégalais, nous avons été émus et choqués par cette tension
sociale qui opposait violemment les jeunes aux forces de défense et de sécurité. Cette
situation regrettable, qui résulte de plusieurs facteurs socio-économiques et politiques,
a été déclenchée par le jugement et le verdict d’Adja Sarr. Elle a entraîné des pertes en
vies humaines et des dommages matériels considérables et mérite donc une analyse
objective.

Ces récents affrontements aux origines connues ont eu un impact dévastateur pour
l’Université Nationale Cheikh Anta Diop, symbole d’excellence en Afrique de l’ouest
et de référence au delà des frontières de notre continent. Plus de 200,000 archives en
cendre, la bibliothèque incendiée, les amphithéâtres et les locaux des professeurs
saccagés dans nos facultés de lettres, de sciences et autres. Des échantillons prélevés
au fil des ans ont été détruits à la faculté de médecine. Les bus consacrés aux étudiants
brûlés et leurs salles d’université vandalisées. En résumé, un temple de la connaissance
sur les genoux.
Où est notre sens commun et notre logique ?
Les manifestations de professeurs, les syndicats d’enseignants, et aujourd’hui nos
jeunes sont à l’origine de crises scolaires. Lorsque les jeunes peinent à s’insérer dans
leur cursus individuel et social et s’expriment malheureusement en recourant à la
violence, notre système d’éducation devient fragile et précaire. Étant donné que
l’éducation est essentielle au développement, il est impératif de relever la barre et de
reconsidérer les fondements de l’éducation au-delà du dialogue national.
Dans un contexte de phase d’exploitation de nos ressources naturelles, d’insécurité
devant la crise dans la sous-région et devant les menaces terroristes qui guettent
depuis des années, certains tentent de freiner la dynamique de développement du
Sénégal.
Dès lors, ces actes irresponsables, barbares et terroristes doivent être dénoncés de
façon unanime et sans équivoque en premier lieu par tout intellectuel imbu de valeur
républicaine et d’une fibre patriotique. Adopter un silence dans ce contexte est parfois
complice. Les manifestations pacifiques faisant partie des droits fondamentaux de
toute démocratie doivent être renforcées. En revanche, la violence, la haine, le pillage,
le terrorisme intellectuel et le terrorisme intérieur doivent être sérieusement réprimés.

De plus, il est inconcevable, en cette période de forte cohésion nationale, qu’un
intellectuel ayant une solide formation académique, en collaboration avec deux
auteurs imminents s’adonne à des jeux de blâme, plutôt que de proposer des solutions
durables, démocratiques et réalistes. Ce chercheur, titulaire d’un doctorat en
économie, a omis dans son approche la collecte de données ou de renseignements
fiables, la réalisation d’enquêtes préliminaires, l’interprétation objective et la
formulation de recommandations viables visant à résoudre les problèmes. En
conséquence, les “affirmations” sont biaisées, partisanes et dépourvues de toute base
scientifique. Dès lors, le trio, par effet de halo, peut convaincre certains mais laisse
beaucoup de sénégalais perplexes et dubitatifs. Donc mesurons humblement l’effet de
nos paroles.

Le mois dernier, un de nos pairs s’est exprimé dans une lettre ouverte au Président de
la République sur sa probable candidature en 2024 qui suscite des débats passionnés
et futiles, divise l’opinion sénégalaise et résultant parfois à des sources de tensions
sociales. Par conséquent, en décidant du débat et en donnant sa position définitive,
chaque citoyen devrait pouvoir faire un choix objectif et réfléchi à temps.

Toutefois, notre position, fondée sur des arguments objectifs, n’a pas changé malgré
les événements regrettables survenus récemment, un visage du Sénégal terni dans
certains pays, des agressions injustifiées contre nos temples du savoir, des arrestations
de jeunes qui verront probablement, en cas de condamnation, des inscriptions sur leur
casier judiciaire entraînant un avenir assombri, les rêves de jeunes entrepreneurs
partis en flammes, les biens d’honnêtes citoyens détruits, entre autres.

Face à la montée du terrorisme intellectuel dans notre pays, face à cette manipulation
politique, technologique et médiatique qui pousse les jeunes à la violence envers euxmêmes, à l’encontre de la république et des fois défiant nos guides religieux, nous
réaffirmons que le Président Macky Sall a le droit de déclarer sa candidature à la
prochaine élection présidentielle en 2024. En outre, le Conseil constitutionnel est la
seule institution ayant le droit de décider de sa recevabilité.

Également, nous soutenons la ferme volonté et l’engagement du président de la
République à assurer une impartialité totale dans l’application effective des
conclusions du dialogue national qu’il a initié et qui rassemble la majeure partie des
couches sociales du pays. Ce cadre de concertation ne peut être au-dessus de nos
institutions ou de nos lois, mais un lieu ou les opinions des experts peuvent renforcer
notre démocratie.
Ce point de vue, partagé par d’autres Sénégalais silencieux, est légitime et
démocratique. Il ne se laisse pas aller à l’émotion, aux menaces ou à la vindicte. Il
s’attache à la stabilité, à la cohésion sociale et au respect de nos institutions en tant que
moyen de développement économique à long terme. Ce choix repose sur le respect du
processus électoral démocratique dans notre pays, sans recours à la violence et de
recourir à tous les moyens légaux pour garantir la participation et la transparence des
futurs élections.
Cette voie permettra aux jeunes femmes et hommes qui ne peuvent trouver d’emploi,
mais qui rejettent la violence sous toutes ses formes et tout autre segment de la
population en âge de voter, de continuer à croire au pouvoir de leur carte d’électeur.
Pour conclure, nous exaltons le courage des jeunes hommes et femmes de l’UCG,
symbole d’une jeunesse consciente, qui se lève tôt et nettoie sans relâche tous les débris
laissés sur nos routes par d’autres jeunes après les manifestations. Nous saluons le
professionnalisme des forces de défense et de sécurité qui ont compris que leur rôle
consiste à protéger plutôt qu’à réprimer. Enfin, nous éprouvons énormément de
respect pour la clairvoyance de nos guides religieux qui prêchent et travaillent sans
relâche pour la paix et la cohésion nationale.
Mouhamadou F. Ndiaye, PhD (Connecticut-USA)
Ousseynou Diop, MD, PhD ( Sénégal)
Aminata Diop, PhD (New York -USA)

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