AccueilActualitésGrève des greffiers : la justice au ralenti, les délibérés de Moustapha...

Grève des greffiers : la justice au ralenti, les délibérés de Moustapha Diakhaté et Bachir Fofana repoussés

La salle d’audience du tribunal des flagrants délits de Dakar résonnait d’un étrange silence ce mardi matin. Ni verdicts, ni décisions : seulement la tension palpable entre robes noires et magistrats, sur fond de crise. En cause, la grève illimitée des greffiers, qui paralyse depuis plusieurs jours le bon fonctionnement de la justice sénégalaise. Conséquence directe : les délibérés attendus dans les dossiers sensibles de l’ancien député Moustapha Diakhaté et du journaliste Bachir Fofana ont été, une fois de plus, renvoyés. Nouvelle échéance : le 23 juillet 2025.

Le poids d’un mot : « sans greffier »

Devant une audience impatiente, les avocats des deux prévenus n’ont pas caché leur exaspération. « Nous demandons respectueusement que les délibérés soient rendus », a lancé Me El Hadji Diouf, la voix ferme mais teintée d’agacement. Mais la réponse du président du tribunal a été sans appel : « Je ne peux pas rendre un verdict sans greffier. »
Un échange tendu s’en est suivi. Me Diouf, toujours pugnace, a répliqué : « Si on peut juger sans greffier, on doit pouvoir rendre le verdict. » Le président, imperturbable, a renvoyé les parties à la loi : « La loi vous permet de demander une mise en liberté provisoire. Faites-le et nous avancerons. »

Une demande retirée sous tension

Prenant le tribunal au mot, Me Diouf a immédiatement introduit une demande de mise en liberté provisoire pour son client, Moustapha Diakhaté, invoquant les « garanties de représentation » que présenterait l’ancien parlementaire. Mais le parquet n’a pas été convaincu. Le procureur, méthodique, a mis en doute la régularité du domicile invoqué dans le dossier, estimant les preuves « insuffisamment étayées ». S’ensuivirent des échanges vifs, presque électriques.

« Maître, laissez le parquet terminer ses réquisitions », a lancé le procureur, manifestement excédé. « Nous avons eu un signal fort. Nous retirons la demande », a sèchement répondu Me Diouf. Le procureur, sans se départir de son calme, a conclu : « Puisque la demande est retirée, ma réquisition n’a plus d’objet. »

Bachir Fofana, même sort, autre stratégie

Dans l’affaire opposant le journaliste Bachir Fofana au ministère public, la défense a opté pour une autre ligne : ne pas solliciter de liberté provisoire. Ses avocats, Me Diouf et Me Aboubacry Barro, ont préféré laisser le tribunal statuer lors du délibéré, malgré les retards engendrés par la grève. Celui-ci, comme pour Diakhaté, a été renvoyé au 23 juillet 2025.

Une justice en crise

Cette journée d’audience a mis en lumière une réalité crue : la paralysie de l’appareil judiciaire sénégalais en l’absence de greffiers. Acteurs de l’ombre mais maillons essentiels, ces fonctionnaires aujourd’hui en grève pour des revendications salariales et statutaires tiennent la justice en suspens.

En attendant, Moustapha Diakhaté et Bachir Fofana resteront détenus. Leurs avocats s’indignent, le parquet temporise, les juges s’en remettent à la loi, mais tous savent que, sans les greffiers, aucune justice ne pourra être rendue.

Le 23 juillet sera-t-il enfin le jour du verdict ? Rien n’est moins sûr. Car tant que la grève persiste, c’est tout un pan de l’État de droit qui vacille.

Articles en relation

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -

Most Popular