Suite à la mise en place du nouveau gouvernement et la nomination de Abdourahmane Diouf comme ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop plaident pour une réforme du système universitaire et sa décongestion par la création de nouvelles universités.
En ce lundi 8 avril très poussiéreux, c’est le calme plat qui dicte sa loi dans l’enceinte du Campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Les ruelles sont quasi-désertes et il est difficile d’apercevoir une silhouette dans les parages. Une chose très rare. Sachant le monde que le campus a l’habitude d’absorber et le bruit chronique qu’il a tendance à assimiler. Seuls les arbres marquent leur présence sous l’effet du vent très fort qui fait vaciller leurs branches, ensuite donnant un concert assez plaisant et faisant tomber les feuilles mortes sur les pavés. Au milieu de l’enceinte, quelques étudiants sont visibles. On peut même les compter. C’est le même constant dans les bâtiments.
A l’exception du pavillon F qui fait face à la mosquée de l’Ucad qui abrite quelques pensionnaires malgré les fêtes Pâques et la Korité. Parmi eux, Bécaye Camara et Abdoulaye Diallo, trouvés dans leur chambre. Ces deux camarades de classe suivent avec intérêt l’actualité du pays, surtout la mise en place du nouveau gouvernement piloté par le Premier ministre Ousmane Sonko. Un intérêt qui se justifie. Depuis les violentes manifestations ayant occasionné le saccage de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’accès au Campus social est devenu de plus en plus restreint. La sécurité a été totalement renforcée et des mesures drastiques prises par les autorités universitaires. A la porte d’entrée, des hommes en tenue noire filtrent les entrées et les sorties en procédant à l’identification. La police y est même présente. L’étudiant présente une fiche d’enrôlement prouvant qu’il est régulièrement inscrit et sa pièce d’identité pour prétendre y entrer.
«Tokk di jàng muy dox»
Concernant la nomination de Abdourahmane Diouf comme ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, les attentes sont les mêmes chez les étudiants. «Son premier chantier doit être tout d’abord de changer le système en faisant la promotion de la formation professionnelle ayant une corrélation avec le marché du travail. Cela permettra une insertion professionnelle rapide», a expliqué Bécaye, scotché sur l’écran de son ordinateur. Selon lui, le nouveau ministre doit également veiller au retour à la normale du calendrier académique. «Je souhaite aussi qu’il construise de nouvelles universités un peu partout pour désengorger l’Université Cheikh Anta Diop», a-t-il renchéri, l’air confiant. Son camarade de chambre, Abdoulaye, lui emboite le pas. D’après lui, il faut mettre l’accent sur l’accès pratique et la formation professionnelle visant à faciliter l’insertion dans les entreprises des étudiants après les études. Et de poursuivre : «Pour ce faire, tous les ministères doivent se donner la main pour le rendre possible.» A l’ère du numérique, les étudiants ont également prôné l’enseignement en distance en les dotant d’équipements de dernière génération et en leur facilitant l’accès à la connexion. Ce qu’ils appellent d’ailleurs «Tokk di jàng muy dox».