Evasion “Boy Djinné”: un garde pénitentiaire à la retraite balance

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Waly Mbodji est un garde pénitentiaire à la retraite qui a été plusieurs fois, décoré dans sa carrière. Grand connaisseur des Maisons d’arrêt et de correction du Sénégal (Mac), il analyse ici la dernière évasion de «Boy Djinné» dont les prouesses ne seraient pas liées à ses supposés pouvoirs mystiques. Mais, à autre chose. Grosses révélations !

Avec la prison de Diourbel, je pense que c’est possible. Comme la prison n’a pas d’enceinte et la terrasse pas assez haute, s’en évader est possible. Compte tenu de la configuration, la prison n’a pas de secteur, donc c’est une grande cour commune. Si toutefois, l’occasion se présente, pendant les heures de promenade, pendant les heures de prières et autres, les détenus ont toujours tendance à escalader les portes, ensuite emprunter la terrasse et sauter dans la rue. Parce que la prison est presque derrière le marché, donc il n’y a pas les normes de sécurité requises…», sert-il en intervenant sur la dernière évasion de «Boy Djinné».

Selon Waly Mbodj dans «l’Observateur » : «Deuxièmement, il y a toujours ce problème d’effectifs à Diourbel et un peu partout au Sénégal. De 2008 à maintenant, il y a eu 400 agents pénitentiaires qui sont partis à la retraite. Et on n’a pas recruté pour compenser ce vide. Malheureusement, le constat d’aujourd’hui est que ce sont de jeunes gardes qui n’ont pas beaucoup d’expérience qui sont dans les prisons. Des surveillants, avec juste dix (10) ans de service, ont les grandes responsabilités. Malheureusement, ils sont souvent victimes de leur manque d’expérience, de la machination des grands bandits ».

«Personnellement, j’ai eu à le (Boy Djinné) gérer à Diourbel, mais il n’a pas pu s’évader. Pour ses deux évasions à Diourbel, la première lui a été facilitée. On lui avait confié des travaux électroniques et après, on l’a laissé seul avec une tenaille. Il rentre avec dans le quartier des mineurs où il y avait une toiture en zinc. Il s’en est servi pour prendre la fuite. La deuxième fois, il avait manigancé une histoire de portable. On l’a emmené en cellule. Il avait eu le temps d’étudier la configuration du bâtiment qui datait de l’ère coloniale et dont les briques étaient en banco. Il a pris le temps de tailler la brique et de prendre la fuite», poursuit ce dernier qui écarte toutefois la thèse mystique.

«Non, ces histoires de détenus avec un grand pouvoir mystique n’existent nulle part. Boy Djinné n’en détient pas. Et en toute franchise, c’est une défaillance. Il faut savoir que ce gosse-là, il a les moyens. Même ses deux (2) évasions au niveau du commissariat central sont entachées. C’est faux, il ne peut pas se transformer en margouillat. Il a sorti les gros moyens et j’en connais encore plus. Dans l’historique des évasions à la prison centrale, seuls deux prisonniers ont pu s’enfuir en passant par le mur. Seuls Georges Traoré et Alassane Samba Thiam, qui avaient fait 25 ans de détention préventive, ont pu s’évader. Comment comprendre qu’un surveillant mette un détenu en cellule isolée et oublie de fermer la porte ? Les pouvoirs mystiques évoqués n’existent pas. En tout cas, il a des relations et utilise tous les créneaux possibles pour se sauver », scande le garde pénitentiaire à la retraite.
Adja tabaski

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