Depuis son retour en force dans l’arène en 2009, dans la foulée de son retentissant succès face à Balla Gaye 2, Eumeu Sène n’a cessé de prendre du galon. L’actuel pensionnaire de l’écurie Tay Shinger a confirmé sa bonne santé en terrassant Gris Bordeaux et une deuxième fois Balla Gaye 2. Il a buté entre temps devant Modou Lô. Ce samedi 28 juillet, face à Bombardier, c’est l’occasion (Senego) ou jamais d’être sacré Roi des arènes.
A39 ans, Eumeu Sène, l’illustre prodige de la Génération Boul Faalé se trouve au sommet de sa carrière. Et ses prestations, ces dernières années ont convaincu plus un de son potentiel de roi des arènes. Téméraire et prodige des « mbappats » purs et durs, il allie avec aise lutte pure et bagarre, déroutant ainsi souvent ses adversaires. Eumeu Sène fait office de doyen dans la lutte.
En effet, c’est lors de la saison 1997-1998 que le chef de file de l’écurie Tay Shinger est descendu pour la première fois dans l’arène. Mais pour son entrée en matière, l’homme ne semble pas encore dans le bain et est battu par son adversaire Mafall Sèye. Toutefois, il va vite se ressaisir. Pour son retour annoncé dans l’arène, il croise le fer avec le technicien de Fass, le redoutable Ouza Sow lui aussi un des doyens de l’arène. Donné pour mort à l’avance, il déjoue pour-tant les pronostics, en prenant (Senego) le meilleur sur le grand frère de Papa Sow. C’était le 7 février 1999 quelques mois seulement avant la mémorable défaite que Mohamed Ndao dit Tyson alors son mentor avait infligée à l’ancien et mythique roi des arènes Manga 2.
La même année, le jeune lutteur pikinois bat successivement Bassirou Gaye et Mbodj Diarra. Il accroche ensuite dans son tableau de chasse, Ngueye Loum un autre grand nom de la lutte sénégalaise (7 aout 1999). Avec un début dans l’ensemble fructueux, son avenir dans l’arène semblait s’annoncer d’ores et déjà en rose. Mais sa deuxième incursion dans l’université de Fass lui sera fatale. Son face à face contre «l’autre technicien» Mbaye Diouf, le 30 juillet 2000 tourne en sa défaveur. Une deuxième défaite qui lui indique clairement tout le travail qui lui reste encore à faire.
Il rate son retour annoncé en concédant une deuxième défaite d’affilée défaite d’affilée devant un autre vieux routier de l’arène, Boy Kairé, chef de file des bérets verts qui semble en ce moment avoir connu une seconde jeunesse. Avec trois (3) défaites au total, l’optimisme béat au tout début de sa carrière commençait à céder la place au pessimisme. Le jeune homme dût d’ailleurs observer une pause en 2002, certainement pour se remettre en cause. Après cette année (Senego) sabbatique, il revient dans l’arène et butte sur Simel Faye, de l’écurie sérère qui lui tient tête lors de leur combat le 23 février 2003. Au terme de 25 mn de face à face, les deux protagonistes se séparent sur un nul, mais pour le poulain de Tyson c’est une victoire morale. Il faut dire que Simel Faye, un des illustres lieutenants de Manga 2 était plus expérimenté que lui et avait d’ailleurs la faveur des pronostics. La date du 9 juin 2003 sera la bonne pour lui. Eumeu Sène sort en effet, vainqueur de son deuxième face à face contre Mbaye Diouf et prend ainsi sa revanche sur ce dernier.
Mais tel dans un cercle vicieux, le jeune lutteur peine à être constant dans ses performances. Le 13 juin 2004, il perd son duel contre Gris Bordeaux de l’écurie Fass, un lutteur de sa génération. Malgré la témérité et la détermination dont il a fait montre lors de cette confrontation, il n’a put résister à la puissance physique de son vis-à-vis. Toutefois, il ne tardera pas à rebondir. Mieux, il fera définitivement l’unanimité sur son talent notamment à l’occasion de son corps à corps contre Souleye Dop dit Holyfield en 2005. Alors que les pronostics le donnaient largement perdant, eu égard sans doute au gabarit de son adversaire (Senego) et à sa réputation de redoutable puncheur, il surprit son monde en administrant une belle leçon de lutte au leader de l’écurie Sine Saloum. Avec cette victoire acquise de haute lutte, l’ex pensionnaire de l’écurie Boul Faalé venait de faire un pas important vers la cour des grands. Un an plus tard, précisément le 2 juillet 2006, il fait tomber, Zale Lô, un autre mythe. Une prouesse suffisante pour lui ouvrir définitivement les portes des ténors de la lutte.
Il faut dire que c’est en récompense à ce succès retentissant qu’on lui a d’ailleurs ficelé son combat contre Khadim Ndiaye, le « boucher » de Thiaroye. Test grandeur nature à sa capacité à faire face aux ténors. Pour un premier face à face avec « un gros bras », l’expérience sera très amère pour lui. Son courage légendaire, sa détermination et sa fraîcheur physique ne purent rien devant l’entêtement de « Gaindé Darou Rah-man » à avoir coûte que coûte sa peau. Eumeu Sène dût d’ailleurs abandonner, sur décision (Senego) médicale, après un violent échange de coups avec son vis-à-vis, par un « thiabakh » ou un doigt dans l’oeil. Preuve que la confrontation lui a laissé un goût amer, il passe pour la deuxième fois de sa carrière, une année blanche. C’était en 2008. Une pause qui cette fois ci semble lui avoir fait beaucoup de biens.
Le Caxabal fatal à Balla Gaye 2
En effet, l’ancien n°2 de Tyson n’a plus perdu un combat de lutte depuis son corps à corps infructueux contre Khadim Ndiaye, soit 5 ans d’invincibilité à l’époque. Mieux, il a pris depuis lors beau-coup de galons. Pour les besoins de son retour dans l’arène en 2009, il n’a fait qu’une bouchée de Balla Gaye 2, le « lion » de Guédiawaye. Un croc-en jambe et puis le tour est joué. Et tel un taureau immobilisé, le fils de Double Less s’affala de tout son poids, les yeux hagards, preuve qu’il n’a rien vu venir. Un véritable cours magistral du « professeur » Eumeu Sène ; lequel passera d’ailleurs en boucle et pendant longtemps devant les écrans des télévisions. Au grand bonheur des inconditionnels de la lutte pure et dure qui en redemandent.
Mais dans sa marche irrésistible vers le sommet, sera freiné par Lac de Guiers 2 qui le contraint au match nul. Il en sort comme à l’occasion de sa confrontation avec Simel Faye avec une victoire morale ; dans la mesure où son adversaire a passé tout le temps du co-bat à se défendre (Senego)pendant qu’il attaquait à tout bout de champ. Il finira cependant par le dompter lors de leur deuxième confrontation.
Modou Lô le ramène sur terre
Après sa victoire sur Gris Bordeaux, il s’est frotté au Roc des Parcelles, Modou Lô qui lui a administré une leçon de lutte. L’ayant éprouvé physiquement, Modou Lô finit par le culbuter après avoir pris le soin de le balancer de sa jambe gauche, manaam « tégal chaise ».
Pour calmer ses nerfs, il se venge sur son « souffre douleur », Balla Gaye 2 qu’il terrasse pour la deuxième fois. Eumeu Sène a l’occasion cette fois ci de se mesurer à un Roi des arènes. Et comme l’a dit le Coach Fabrice Allouche lors de son analyse, « s’il gère ses émotions, qu’il soit en bonne condition physique, il peut battre Bombardier ».
Palmarès Eumeu Sène