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Espagne : À Torre pacheco, une agression gratuite attise les braises de la haine et du malaise social

Ce qui aurait dû être une paisible promenade matinale a viré au cauchemar, puis à un brasier social dans la petite ville de Torre Pacheco, au cœur de la région de Murcie. Mercredi dernier, Domingo, un retraité de 68 ans, a été sauvagement agressé par un groupe de jeunes, non loin du cimetière, dans une attaque dont la gratuité et la brutalité interrogent. L’hypothèse la plus glaçante avancée par les enquêteurs : l’agression aurait été perpétrée dans l’unique but d’être filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, inscrivant ce drame personnel dans la logique perverse des « défis viraux » d’une ère numérique sans limites.

Une Violence Inédite et des Questions Cruciales

Contrairement aux réflexes initiaux, le mobile du vol a rapidement été écarté. Si les poches de Domingo ont bien été fouillées, sa montre de valeur est restée intacte. La victime, encore sous le choc, décrit une scène d’une violence insensée : un premier assaillant l’a frappé sans provocation, avant d’être rapidement rejoint par d’autres, le rouant de coups alors qu’il était au sol. Cette violence dénuée de motif apparent laisse la police s’orienter vers une nouvelle forme de criminalité, celle où l’humiliation et la souffrance d’autrui sont monnayées en vues sur les plateformes numériques.

Alors qu’une vidéo prétendument liée à l’agression a circulé en ligne, la famille de Domingo a formellement démenti qu’elle corresponde à son cas, suggérant que de multiples agressions similaires pourraient se dérouler à l’abri des regards. Face à l’onde de choc, la Guardia Civil et la police locale ont intensifié leurs investigations pour identifier les agresseurs et démanteler d’éventuels réseaux incitant à ces actes barbares. Le maire de Torre Pacheco, Pedro Ángel Roca, a promis des mesures immédiates, dont l’installation de caméras de surveillance et un renforcement substantiel des patrouilles de sécurité.

La Récupération Politique : Un Incendie Xénophobe

Ce drame local a malheureusement été, avec une rapidité inquiétante, instrumentalisé sur la scène politique, particulièrement par les groupes d’extrême droite. Bien que Domingo n’ait pu donner qu’une description vague de ses agresseurs — indiquant qu’ils « ressemblaient à des jeunes maghrébins » sans aucune identification formelle — des collectifs radicaux tels que « Deport Them Now » ont saisi l’opportunité pour lancer des appels à des « patrouilles citoyennes » du 15 au 17 juillet, exacerbant les tensions.

Vendredi, un rassemblement organisé sur la place de la mairie sous le mot d’ordre « Torre Pacheco, sans violence, sans crime » a dégénéré en de violents affrontements. Des slogans xénophobes et ouvertement fascistes, tels que « viva Franco » ou « à votre pays », ont résonné, transformant un mouvement de protestation citoyenne en un défouloir pour la haine. La police a d’ailleurs confirmé que nombre de ces fauteurs de troubles venaient de l’extérieur, ciblant délibérément Torre Pacheco pour y semer la discorde.

Cette flambée de violence est particulièrement préoccupante dans une ville agricole de 40 000 habitants, où près de 30 % de la population est issue de l’immigration, majoritairement marocaine. Tandis que le parti d’extrême droite Vox exploite cyniquement l’incident en accusant les immigrés d’« instaurer la terreur », la formation de gauche Podemos a urgemment appelé à l’interdiction de tout rassemblement incitant à la haine. L’agression de Domingo, initialement un drame humain, est désormais le triste catalyseur d’un malaise social profond et d’une dangereuse polarisation politique en Espagne.

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