Chers amis,
Un peuple doit être en mesure de raconter sa propre histoire. Il doit être l’auteur de son propre récit. Il doit pouvoir se mirer, se reconnaître et s’exalter de qui il est, grâce à ce qu’il a été. Pour façonner un peuple et bâtir une nation, il faut agir dans la structure mentale des femmes et des hommes qui la composent. Pour pouvoir se projeter dans un avenir radieux, il faut avoir la capacité de jeter des passerelles entre les générations pour que chacune d’entre elles aient envie de continuer l’œuvre commune et de l’inscrire dans la postérité.
Or, nous avons la forte propension à aduler les autres et à nous mouvoir à travers leurs récits. Nous fûmes des Gaulois et administrés en tant que tels. Et quand bien même, nous semblons libérés des servitudes coloniales, nous nous plaisons à écrire notre présent sur la base du récit et des faits de gloire des autres. Les programmes d’histoire et de littérature de nos écoles et universités sont un scandale culturel permanent. Une inconscience tenace qui malmène notre estime de nous-mêmes. Une désinvolture coupable qui structure nos pensées à notre corps défendant. Ce que nous sommes tous devenus est le résultat d’une orientation culturelle, scolaire et académique, qui confine au complexe d’infériorité, en exaltant les faits d’armes exogènes et en niant systématiquement nos héros et notre histoire propre.
Elhadj Abdourahmane Diouf
