Des jalons posés pour la capture du dividende démographique – Par Mabingué NGOM*

0
Des jalons posés pour la capture du dividende démographique – Par Mabingué NGOM*

Des initiatives majeures, ont été prises, dans plusieurs domaines, qui ont noms Démocratie-Paix-Sécurité (DPS), Fass Emergent (FassE), Goal 17 et qui renvoient, par leurs intitulés ou leurs acronymes, à des problématiques que les analystes de la région connaissent bien : la transition démographique, bien trop lente aux yeux de beaucoup, l’autonomisation des femmes et des jeunes qui constituent l’écrasante majorité de la population, la sécurité humaine mise en péril par la montée de la violence, voire de l’extrême violence dans une bande sahélienne devenue midi intellectuel des sécurocrates.

Ces problématiques n’étaient pas tout à fait inédites. Elles avaient même été, pour certaines d’entre elles, des marqueurs forts de UNFPA. C’était le cas, par exemple, de l’autonomisation des femmes, prise en charge par le projet SWEDD (Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel/Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend Project).

Il manquait toutefois un cadre conceptuel qui permît de les relier et un cadre de programmation à même d’en faire un traitement optimal. C’est à cette tâche que je me suis attelé, dès mon entrée en fonction, en 2015, en élaborant, lors de la réunion de planification régionale qui engageait les 23 pays couverts par WCARO, le programme dit de Libreville centré sur le dividende démographique, qui est resté notre référentiel tout au long de ma mission à la tête de WCARO.

Il en a ainsi été parce que, à mon sens et à celui de nombre de mes collègues et de nos partenaires, le dividende démographique marquait, par son caractère holistique, une rupture nette par rapport aux approches parcellaires qui prévalaient jusqu’alors sous la forme de projets conduits de manière cloisonnée et fortement tributaires de l’expertise étrangère.

Avec l’adoption de cette notion, WCARO opérait une véritable révolution épistémologique. On pourrait dire, de manière métaphorique qu’à la faveur du dividende démographique, WCARO sortait résolument des chambres de la santé de la reproduction qui semblaient lui avoir été assignées et de manière tout aussi résolue, pour embrasser les problématiques plus larges du développement durable et inclusif et des défis qui se dressaient sur cette voie dans la région en 2015.

Comment WCARO a-t-elle pu contribuer à relever, au cours des 6 dernières années, les défis: la pauvreté, une croissance démographique mal maîtrisée, (défi démographique), la paix et de la sécurité ?

La réponse tient en un mot récurrent à WCARO: ruptures, ruptures encore, ruptures toujours. Ces ruptures ont été incarnées, matérialisées dans une série d’initiatives desquelles l’on retiendra trois qui sont emblématiques/illustratives du travail analytique et des démarches opérationnelles de WCARO. Ce sont les travaux portant sur
– le nexus Démographie-Paix-Sécurité dans le Sahel central
– l’initiative Fass Émergent (FassE) qui est un exemple d’opérationnalisation du dividende démographique dans un quartier populaire de la capitale sénégalaise
– le partenariat comme démarche privilégiée dans la transformation de l’Afrique et du monde.
Ce travail a permis de réaliser ce que nous appelons des résultats transformateurs, notamment dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle, l’accès à la planification familiale, et pour faire reculer le fléau des violences basées sur le genre.
En effet, le chantier dividende démographique ne pourra progresser sans recul de la mortalité maternelle, sans baisse de la fécondité et sans la disparition des violences basées sur le genre, des mariages de mineurs et de l’empêchement de l’accès des femmes au planning familial.
Nous avons construit des partenariats, mobilisé des acteurs pour établir la confiance avec les décideurs et influencer l’action sur les populations.
Des changements se sont ainsi produits dans le domaine des adolescentes mères, qui sont passées de 128 pour 1 000 à 108 pour 1 000. Un gain de 20 points qui a un impact sur la vie des filles et des familles.
Dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle, nous sommes passés de 48% de couverture de l’assistance à l’accouchement à 55%. Un saut qui peut sembler marginal mais il contribue à la mesure des indicateurs affectant directement la mortalité maternelle.
Dans l’accès à la contraception, nous sommes passés d’un taux de prévalence contraceptive de 13% en 2015 à 17% en 2021. Le taux de mariage de mineurs est passé de 45% à 39%.
Dans tous ces secteurs, les tendances sont bonnes. Nous avons créé un déclic et une prise de conscience. Nous apprécions dans cette lancée l’engagement et la volonté des pays partenaires de prendre le taureau par les cornes.
C’est à aider à construire un avenir conforme à celui que nous voulons, pour reprendre le sous-titre de l’Agenda 2063 que je consacrerai quelques développements dans un prochain article.
*Ex Directeur régional du UNFPA
pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici