L’administration Biden entend consulter les dirigeants africains sur la réponse diplomatique à l’offensive russe en Ukraine et s’employer à atténuer les effets économiques du conflit sur le continent, ont indiqué deux diplomates américains mercredi à Dakar.
« Nous cherchons une réponse africaine forte à l’agression russe et nous saluons l’occasion de nous associer avec le Sénégal et d’autres (pays) Africains sur la réponse à l’agression russe, mais aussi sur les moyens de faire face aux implications globales » du conflit, a dit à des journalistes l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’Union africaine, Jessica Lapenn.
Mme Lapenn ainsi qu’Akunna Cook, une responsable du département d’État pour les affaires africaines, étaient pour des consultations au Sénégal, dont le chef de l’État, Macky Sall, assure la présidence tournante de l’Union africaine.
Les deux diplomates ont souligné l’importance de cette présidence et de la coopération entre les États-Unis et les pays africains sur la reprise économique post-COVID-19, l’accès aux vaccins, les récents coups d’État à travers le continent ou la sécurité. Leur visite, qu’elles ont décrite comme faisant suite à celle du secrétaire d’État Anthony Blinken en novembre, donc avant l’offensive russe, intervient alors que l’invasion russe en Ukraine partage les pays africains.
Le Sénégal, aux relations fortes avec les pays occidentaux, avait surpris le 2 mars en s’abstenant lors d’un vote de l’Assemblée générale de l’ONU en faveur d’une résolution qui exigeait « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». Le Sénégal avait en revanche voté le 24 mars une seconde résolution exigeant de la Russie un arrêt immédiat de la guerre.
Près de la moitié des pays africains s’étaient abstenus ou n’avaient pas voté lors des deux votes.
Mme Lapenn a préféré saluer le communiqué publié le 24 février par l’Union africaine qui appelait la Russie et « tout autre acteur régional ou international au respect impératif du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine », sans condamner l’intervention russe. « Il est important, aussi, de reconnaître que l’Afrique est très affectée par l’invasion de la part de la Russie », a dit Mme Cook, évoquant l’inquiétude suscitée par l’augmentation des prix des carburants ou des céréales.
« Le Sénégal importe 57 % de son blé de Russie et d’Ukraine et nous savons que cela crée d’importantes difficultés, jusqu’à une contraction de 3 % du PIB, à cause des subventions rendues nécessaires », a-t-elle dit. Cela constituera un « aspect crucial de la présidence sénégalaise (de l’UA) parce que cette crise s’ajoute à ce que nous avons vu avec la COVID-19 », a-t-elle dit.
Les États-Unis examinent « une série d’options » pour atténuer l’impact, en coopération avec les institutions internationales ou sous la forme d’aide bilatérale, a-t-elle déclaré. (AFP)