De la Haute Trahison?

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La plupart des pays, à travers le monde, ont consacré la responsabilité pénale du président sinon de l’exécutif en admettant comme principe constitutionnel le crime de Haute Trahison.
Cependant, si certains pays ont très clairement défini les éléments constitutifs du crime, d’autres ont préféré laisser le principe superflu et vide. Ce qui est, bien évidemment, le cas du Sénégal.
Ce vide constitutionnel sciemment occasionné est, toutefois, un couteau à double tranchant.
Pouvant soustraire tout président, même criminel, à toute poursuite judiciaire, il peut également, et dans le moindre des cas, servir à nous autres observateurs et analystes, un prétexte d’élargir ou de délimiter ce qui ou non peut et doit relever de la Haute Trahison. Pourvu que la pertinence, la légitimité et surtout la légalité ne souffrent d’aucune ombre d’un doute.

Si le président de la République jure de veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens, alors que son gouvernement œuvre à exposer ses concitoyens à l’insécurité et extorque lui-même leurs biens. Ne serait-ce pas de la Haute Trahison ?
Surtout ledit président, au nom d’un fast-track très méconnaissable, s’est autoproclamé chef du gouvernement et a supprimé le poste de premier ministre sans que nous autres levions le plus petit doigt. Ce qui, en l’occurrence n’est pas légitime car non déclaré pendant la campagne électorale dont on venait fraîchement de sortir et n’est encadré que de peu de légalité.

Si ce fut pour ne pas être exposé à un nouveau cas “Abdoul Mbaye”, c’eût pu être politiquement correct mais il demeure légalement et moralement discutable.

Aussi, si un État suspend le sort de ses citoyens aux décisions politiques, économiques, sanitaires et éducatives de la France, en méprisant de la manière la plus haïssable les réalités qui sont les leurs ; ne trahit-on pas le peuple et ne serait-ce pas de la Haute Trahison ?

Quand, en outre, l’appareil d’État favorise les entreprises extérieures au détriment des nationales en accordant aux premières des rentes que les dernières ne peuvent se permettre d’espérer. N’est-ce pas une Trahison ?

Quand, enfin, on a oublié le contexte de 3ème mandat du Pape du Sopi impopulaire et révoltant et qu’on fait planer aujourd’hui le doute à propos de sa troisième candidature, n’est-ce pas de la Haute Trahison ?

On cristallise une contestation muette peut-être pour le moment mais qui ne manque pas d’exister en faisant montre d’un clientélisme et d’un néo-patrimonialisme qui, pour le moins, ont dilapidé les 1000 milliards qu’ont pu réunir même la participation des « gens saignants» et qui auraient pu servir à financer un plan de relance économique et de résilience sociale et sanitaire. Qui, aussi, ont permis d’accaparer dans une ferme des moins adéquates une espèce aussi menacée que les gazelles oryx. Sans jamais pouvoir oublier les insanités rendues publiques et qui proviennent des plus hautes sphères de responsabilité de la République.

Tout cela rappelle, à point nommé, le baptême de cheval de Souleymane Ndene Ndiaye à la fin du régime libéral du PDS ou encore la prodigalité de Feu Tanor à l’aube de l’alternance de 2000 qui ont su être des signes avant-coureurs de la fin de régimes.

Le Benno Bok Yakar a commis et commet encore pour le compte d’une gestion sombre et profiteuse des “bakaar” dont il n’est pas loin de répondre et dont la plus patente est la vacillante gestion de la pandémie actuelle.

On a trahi trop de fois le peuple qu’on se demande s’il ne mérite pas d’être trahi.

Le peuple est complice et nous verrons s’il décidera de le rester dans quelques années et surtout en 2024.

Les paris sont ouverts mais d’ici là, ayez l’amabilité de me dire ce qui, très clairement, relève de la Haute Trahison.

Amadou Siga Fay

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