Covid-19 – Osons le dire, le couvre-feu est inefficace !

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Le mercredi 06 janvier 2021 à l’issue d’une réunion de crise avec le comité scientifique qui gère la crise sanitaire, le chef de l’Etat décrète l’état d’urgence sanitaire dans deux régions (Dakar et Thies) assorti d’un couvre-feu de 21h à 5h. Une décision qui a suscité l’ire des jeunes de la banlieue dakaroise qui n’ont pas manqué de déverser leur courroux dans les rues, en brulant des pneus à l’heure du couvre feu. Des actes de défiance qui traduisent une incompréhension d’une telle mesure qui n’avait pas  produit des résultats probants lors de la première vague. 

A la date du mercredi 06 janvier 2021, le Sénégal enregistrait 20 156 cas positifs à la Covid-19 dont 17 782 guéris, 433 morts et 1 940personnes sous traitement. 27 jours après, les chiffres ont foncièrement connu une hausse inquiétante : 27 080 cas positifs dont 22 363 guéris, 641 morts et 4 075 personnes sous traitement. Soit une hausse de 6924 contaminations et 208 morts en moins d’un mois de régime d’exception à savoir la gestion de catastrophe naturelle et crise sanitaire. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Cette courbe ascendante malgré les restrictions mérite des interrogations. 

Les habitants des deux régions cessent toutes activités à partir de 21 heures et pourtant, chaque jour, Docteur Mamadou Ndiaye revient avec des centaines de cas et des morts enregistrés. Les populations blasées n’ont que leurs yeux pour constater et dénombrer avec désinvolture, parce qu’elles ne comprennent plus rien de cette situation. On aurait compris quinze jours après une baisse des chiffres pour justifier la pertinence d’une telle mesure. Si on regarde en face les chiffres du ministère de la santé et de l’action sociale, on constate notoirement l’échec de cette stratégie. Si le couvre-feu ou le confinement étaient la panacée de cette pandémie, la France ne serait pas à ce niveau de contamination. Ils s’enferment, le virus persiste et se propage…

Dans ce Sénégal où l’écrasante majorité de la population dépend de l’économie informelle, une telle mesure doit être murement réfléchie. En outre, l’incohérence avec laquelle ceux qui pilotent cette lutte mènent la bataille est plus que ahurissante. On demande aux uns et aux autres de s’enfermer à 21 heures alors que durant la journée, on les laisse s’entasser dans des bus parfois sans masque. On ferme les marchés les dimanches, sous prétexte qu’ils vont être nettoyés, ce qui n’a jamais eu lieu. On laisse le jour les habitants de Dakar et Thiès emprunter l’autoroute à péage, aller à l’intérieur du pays puis revenir. Une bonne façon de propager le virus.

A y regarder de près, on a comme l’impression que ces autorités pensent que le virus ne circule que la nuit. En dehors de l’inefficacité du couvre feu, il y a des familles qui souffrent le martyr en ces périodes de régime d’exception. Celles qui dépendent de petits commerces nocturnes pour faire vivre leur progéniture et ceux qui travaillent la nuit sont tous dans le désarrois. Sans aide, ils traversent des périodes difficiles. Et c’est ces gens là qui défoncent les mesures barrières le jour pour rattraper le soir devenu temps mort.

On demande aux populations de respecter les mesures barrières alors qu’on n’a pas mis à leur disposition des “barrières”. Elles sont toujours dans la théorie au moment où on les attend dans la pratique. Portez vos masques, sans distribuer de masques, lavez vos mains, sans distribuer de savons, respectez la distanciation physique, sans réguler la surcharge des transports en commun. En réalité qu’est ce qu’elles veulent?

Même si certains spécialistes défendent le couvre-feu en affirmant qu’il a un effet (minime ou infime)… Une réponse difficile à accepter si l’on voit ce que cela pose comme préjudice à une frange de la société. De ce fait, l’heure est au réajustement de la stratégie mais pas d’enfoncer la tête dans le guidon et persister dans l’inefficacité.

 

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