Côte d’Ivoire : Contre toute attente, Simone Gbagbo acquittée de crimes contre l’humanité

0

Le procureur avait requis la prison à vie pour l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire, jugée devant la cour d’assises d’Abidjan depuis mai 2016.
Poursuivie pour crimes contre l’humanité, l’épouse de l’ancien président de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, a été jugée, mardi 28 mars, « non coupable » et acquittée, à la majorité des membres du jury.

Alors que le réquisitoire du procureur général ivoirien, Aly Yéo, laissait présager une condamnation à la prison à perpétuité, le juge Kouadjo Boiqui a prononcé l’acquittement. « La cour, à la majorité, déclare l’accusée non coupable des faits qui lui sont reprochés et demande sa remise en liberté », a annoncé le président de la cour d’assises d’Abidjan, à la surprise générale de l’assistance.
Le procès avait débuté en mai 2016, mais Mme Gbagbo avait décidé de le boycotter depuis octobre dernier. Sa chaise est restée de nouveau vide lors de l’annonce du verdict. Ses avocats étaient aussi absents. Les parties ont « soixante jours pour introduire un pourvoi contre cette décision », a souligné le juge, à l’issue de six heures de délibéré des six jurés.
« On ne peut plus faire confiance à la justice ivoirienne »
« Je regrette que l’émotion l’ait emportée sur la réalité des faits », a fait savoir Soungalo Coulibaly, un des avocats de la partie civile représentant l’Etat ivoirien, qui se réserve le droit de se pourvoir en cassation. « Le jury a peut-être voulu envoyer un signal fort en faveur de la politique de réconciliation », a affirmé pour sa part le procureur général Aly Yéo.
Visiblement abattu, le président de l’association des victimes de la crise, Issiaka Diaby, n’a pas caché sa déception à l’énoncé du verdict. « Je ressens de la tristesse et de la désolation pour les victimes, a-t-il dit. Je réclame l’exécution du mandat d’arrêt de Simone par la Cour pénale internationale [CPI]. Aujourd’hui, seule la justice internationale peut lutter contre l’impunité. On ne peut plus faire confiance à la justice ivoirienne. »

L’épouse de Laurent Gbagbo reste tout de même derrière les barreaux. Condamnée à vingt ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », en mars 2015, elle doit purger le reste de sa peine.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici