Aujourd’hui 6 septembre 1960, Senghor fait son premier discours en tant que Président de la République

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Après l’éclatement de la fédération du Mali, le Sénégal proclame son indépendance le 20 août 1960. Par conséquent, il doit se chercher un président pour mener sa destinée en tant que pays indépendant. C’est ainsi que l’Assemblée fédérale va élire à l’unanimité Léopold Sédar Senghor le 5 septembre. Un jour après, le tout nouveau président délivre son premier discours au peuple sénégalais qu’il invite à « communier dans un commun vouloir de vie commune » tout en affirmant que l’avenir du Sénégal ne peut être envisagé que dans sa forme de République indépendante.

Dans ce discours, le Président Senghor revient sur les fondamentaux de la République et le contexte historique de sa formation. Il précise, d’emblée, les tâches qui leur incombent, à lui et au Président du Conseil Mamadou Dia. Aussi appelle-t-il de tous ses vœux à la création d’une nation où toutes les sensibilités sont prises en compte et toutes les croyances respectées. Le thème principal de cette allocution est : « de l’indépendance du Sénégal et de son rôle dans l’édification de l’unité africaine ».
Voici un extrait de ce discours du 6 septembre 1960 où Senghor met en garde le peuple contre la course au leadership :

« Sénégalais, Sénégalais. Depuis quinze ans, je vous ai souvent mis en garde contre une certaine maladie, inoculée par le colonialisme et que j’appelais la sénégalité. C’était un complexe de supériorité. Votre rôle n’était pas, n’est pas de conduire, mais d’éclairer. Il n’est pas d’entrer dans la course au leadership ; il est d’unir dans l’égalité, qui est la condition sine qua non de la coopération. C’est pourquoi l’affirmation de la personnalité, que dis-je ? l’indépendance sénégalaise est une nécessité africaine ».
Revenant sur les conditions de l’éclatement de la fédération du Mali, Le Président Senghor affirme pour condamner :

« Un Sénégal indépendant est nécessaire à l’unité africaine ; car cette unité doit être un facteur de développement, non de stagnation. Je le sais, une autonomie sénégalaise eut suffi. C’est du moins ce que nous pensions. Si nous avons transcendé les querelles de races et de castes, si nous avons su, par un effort de quinze ans sur nous-mêmes, nous débarrasser du territorialisme, le drame de l’ex-Fédération du Mali prouve que d’autres n’avaient pas fait le même effort. Nous en avons tiré la leçon, qui est l’indépendance sénégalaise, comme préalable à la coopération africaine ».

Très en verve, Léopold Sédar Senghor se fait quelque peu menaçant. Il s’adresse à l’opinion internationale, en sa qualité de garant de l’intégrité du territoire, pour réaffirmer que le Sénégal sait se faire respecter. Voilà ce qu’il dit :

« Que l’on ne s’y trompe pas, les Sénégalais sont, certes, un peuple policé qui répugne à la haine et à la violence gratuite. Nous venons de le prouver, nous étant libéré sans verser une seule goutte de sang ni contre la France ni contre le Soudan. Jamais, nous ne nous livrerons à une agression. Mais, puisqu’on menace d’envahir nos frontières ou de provoquer une subversion intérieure, c’est bon qu’on le sache en Afrique et hors d’Afrique : on ne prendra pas le Sénégal sans en avoir fait, auparavant, un vaste cimetière sous le soleil. Au premier signe de l’agression, tout le pays sera debout et sous les armes. On peut, peut-être, supprimer le Sénégal de la carte politique de l’Afrique ; on ne supprimera pas l’honneur de notre nom ».

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