Après près de 8 ans d’exil : Blaise revient à Ouaga

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L’ex-Président du Burkina Faso, qui vit en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute en octobre 2014, est de retour dans son pays natal depuis hier. Blaise Compaoré doit prendre part à une rencontre, qui doit réunir quatre autres anciens Présidents du Faso et le chef de la junte militaire, le Lieutenant-colonel Paul Damiba, sur des questions d’intérêt national. Déjà, la Présidence du Faso, qui note l’importante de ce fameux évènement pour la vie de la Nation, précise que celui-ci «n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains», sans autre forme de précision.

Par Mamadou T. DIATTA – Au Burkina Faso, le retour de l’ex-Président Blaise Compaoré, après 8 ans d’exil, alimente la chronique. M. Compaoré est arrivé hier jeudi dans la capitale burkinabè, à bord d’un appareil de la République de Côte d’Ivoire, plus précisément un avion Gulfstream G550 de la Présidence ivoirienne, qui a atterri en milieu d’après-midi sur la base militaire de Ouagadougou, où un hélicoptère l’attendait. Son épouse, Chantal Compaoré, un conseiller du Président ivoirien, Alassane Ouattara, Ally Coulibaly constituent la délégation qui l’accompagne en terre burkinabè.
Blaise Compaoré doit prendre part à une rencontre prévue aujourd’hui vendredi, avec le chef de la junte au pouvoir, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, et quatre autres anciens chefs d’Etat du Burkina Faso. Il s’agit de : Roch Marc Christian Kaboré, Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida et Jean-Baptiste Ouédraogo. Ces derniers échangeront, informe un communiqué des autorités, sur «les intérêts supérieurs de la Nation». Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la réconciliation et de la lutte contre le terrorisme.
Depuis quelques mois, le Burkina Faso fait l’objet d’une série d’attaques de la part de nombreux groupes terroristes, qui se sont soldées par de nombreux morts. Ces agressions avaient fini par irriter la Société civile, qui n’avait pas manqué en son temps, par des manifestations de rue, de réclamer la démission du Président d’alors, Roch Marc Christian Kaboré. Mais aussi frustrer dans les rangs des Forces armées, conduisant certains officiers supérieurs, à la tête desquels se trouvait le Lieutenant-colonel Paul Damiba, à s’emparer du pouvoir en renversant le Président réélu.
La rencontre d’aujourd’hui, qui va se passer des questions judiciaires, notamment des poursuites contre l’ancien chef de l’Etat, «est très attendue pour un retour à l’accalmie après la phase de réconciliation». A ce propos, les partisans de Compaoré sont d’avis qu’il faut penser d’abord à la paix.
Les avocats des ayant-droits de Thomas Sankara appellent les autorités judiciaires à «prendre leurs responsabilités». Rappelant l’actualité du mandat d’arrêt lancé contre Compaoré, les avocats des ayant-droits de Thomas Sankara insistent auprès des autorités pour que celles-ci prennent «toutes leurs responsabilités, notamment faire arrêter et déférer Monsieur Blaise Compaoré devant la justice du Burkina Faso afin que force reste à la loi».
Mais dans un communiqué signé mercredi soir, le gouvernement burkinabè a assuré que cette rencontre importante pour la vie de la Nation n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains, sans autre forme de précision.
De nombreux sympathisants de Blaise Compaoré, qui s’étaient déplacés, n’ont pas pu rencontrer leur leader à l’aéroport pour des raisons de sécurité. Tee-shirts, banderoles et chants à l’honneur de Blaise Compaoré étaient au menu des manifestations de joie des partisans de l’ex-dirigeant du Faso, à qui ils étaient venus apporter leur soutien, huit ans après sa chute.
Ce voyage de Blaise Compaoré, souligne-t-on, a fait l’objet d’une préparation au détail près entre la Présidence de Côte d’Ivoire et le régime de Transition au Burkina. Abidjan et Ouagadougou ont en effet longtemps échangé sur le retour de Compaoré à son pays natal. Avant que le putsch de janvier, le procès Sankara et la condamnation de Compaoré à la prison à vie ne viennent le compromettre.
Les contacts ont été poursuivis ces derniers jours et le Président Ouattara n’a pas manqué de dépêcher des messagers auprès du régime de Transition à Ouagadougou. Le dirigeant ivoirien voulait s’assurer que «Blaise Compaoré, condamné donc à la prison à vie dans le procès Sankara en avril, ne risque rien en foulant le sol de son pays».
Mais pour autant, la junte n’a pas baissé les bras. Il a fallu attendre le dernier Sommet de la Cedeao, à Accra, pour que les choses s’accélèrent et finissent par se décanter. La junte a relancé ce dossier de la réconciliation et repris contact avec la Côte d’Ivoire sur le cas Compaoré. Tout s’est d’ailleurs accéléré le week-end dernier. Dans la capitale du Ghana, un émissaire de Ouagadougou, le ministre d’Etat chargé de la Réconciliation, Yéro Boly, a été reçu par le Président ivoirien, Alassane Ouattara. M. Boly informera son hôte de «la tenue prochaine de cette fameuse rencontre des anciens chefs d’Etat dans le cadre d’un processus de réconciliation».
Condamné par contumace à la prison à vie, en avril dernier, Blaise Compaoré a fait l’objet d’un procès dans le cadre de l’assassinat, en 1987, du Président du Burkina Faso d’alors, Thomas Sankara.

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